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"Je suis islamophobe, et alors?": Christine Tasin condamnée à 3000 euros d'amende

Agrégée de lettres classiques à la retraite, présidente de l'association Résistance Républicaine et collaboratrice du site Riposte Laïque, vus comme proches de l'extrême-droite, Christine Tasin était poursuivie pour "incitation à la haine raciale" et a été condamnée ce vendredi à 3000 euros d'amende dont 1500 avec sursis.

Christine Tasin avait tenu les propos incriminés à Belfort le 15 octobre 2013, lors d'un échange avec des membres de la communauté musulmane. Elle avait qualifié l'islam de "saloperie", devant un abattoir mobile installé pour le sacrifice rituel de l'Aïd el-Kébir. L'échange avait été filmé et mis en ligne sur YouTube.

"Oui je suis islamophobe et alors ? La haine de l'islam, j'en suis fière. L'islam est une saloperie (...), c'est un danger pour la France", avait déclaré Christine Tasin aux membres de la communauté musulmane et de la Coordination contre le Racisme et l'Islamophobie (CRI), qui répondaient que son discours était alimenté par la "haine de la religion".

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/societe/je-suis-islamophobe-et-alors-christine-tasin-condamnee-a-3000-euros-d-amende_1565023.html#JPMThBXfEUC6O6X6.99

Mon avis :

Sans vouloir défendre à tout prix l'enseignante, je ressens moi aussi un certain malaise quand j'entends parler d'un abattoir hallal public dans un pays qui opère, au nom de la Loi de 1905, une distinction entre l'expression publique et l'expression privée de la Foi.

Plus profondément, la réapparition du religieux sacrificiel me met mal à l'aise. Dans le domaine judéo-chrétien, les sacrifices humains ont disparu du temps des Patriarches (substitution du bélier à Isaac dans l'épisode de la ligature d'Abraham) et les sacrifices publics d'animaux  avec la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains (mais ils subsistent, sous une autre forme dans le rite casher). Dans le christianisme, le "sacrifice de la croix" est censé mettre fin aux sacrifices sanglants, aussi bien humains qu'animaux et détraquer, en le révélant, le mécanisme sacrificiel.

Je ne dis pas, que le judaïsme et le christianisme historique, en tant que religions, ne sont pas demeurés sacrificiels. ce n'est que trop vrai, hélas, mais c'est en opposition avec les Écritures, avec tout le mouvement prophétique et avec les Évangiles.

Il ne faut pas entrer dans la querelle des "Doubles", il faut "aimer ses ennemis", je le sais bien, mais le mécanisme sacrificiel (je ne parle pas de ceux qui le pratiquent) : tuer un animal pour éviter de regarder sa propre violence homicide en face, est bien une "saloperie" et je rejoins sur ce point les "incroyants" qui le rejettent absolument.

Je ne demande l'interdiction de rien du tout, car je ne veux pas entrer dans ces querelles de doubles, pas plus que je ne veux adopter la position de surplomb du sage qui sait tout (le professeur de philosophie de Monsieur Jourdain). Je ne parle pas des gens qui le pratiquent, Juifs ou Musulmans, je parle du mécanisme sacrificiel : on tue un seul homme pour ne pas s'entretuer, on tue un animal pour ne pas tuer un homme. Il me semble que nous sommes appelés à autre chose.

En appelant ses concitoyens à "aller à la messe", Robert Ménard retombe dans le mécanisme des doubles (on peut appeler ça aussi "le choc des Civilisations") en adoptant la position pharisienne. Personne n'a le monopole du Bien et celui qui pense le détenir moins qu'un autre.

Ceci dit, il est possible que l'Humanité ne puisse survivre sans le mécanisme sacrificiel. Dans nos civilisations "évoluées", on appelle ça la "force de dissuasion atomique" et c'est moins sanglant que les boucheries Hallal, mais si ça explose, c'est terminé définitivement de nos petites histoires.

Dans Celui par qui le scandale arrive, je trouve cette phrase de René Girard qui me semble directement en rapport avec le sujet : "Les lois qui empêchent les gens de parler sont regrettables. Elles ne produisent pas de bons résultats."

Il y a une tendance en ce moment, je ne sais pas si c'est propre à la France, à vouloir interdire et sanctionner tout et n'importe quoi. Tout devient une occasion de scandale, mais certains scandales sont plus sanctionnés que d'autres.

J'ai bien peur que la Justice ne finisse par se prendre les pieds dans le tapis : on sanctionne "l'incitation à la haine raciale", mais pas la violation de la Loi de 1905. Mais personne ne peut empêcher les gens de parler... dans les chaumières. Ça ne sort pas de la sphère privée et ça n'est pas sanctionnable. Mais en sanctionnant les propos publics, est-ce qu'on ne radicalise pas les propos privés ? J'imagine que les juges s'en fichent et pensent que ça n'est pas leur problème, mais je pense qu'ils ont tort. Et entre nous soit dit, je suis à peu près certain que la sanctionnée doit être assez satisfaite, politiquement parlant, de la sanction.

Le problème du "multiculturalisme", c'est, entre autre, la coexistence de deux "sensibilités" : une sensibilité sacrificielle et une sensibilité non-sacrificielle (je ne pose pas le problèmes en termes de morale ou de supériorité d'une vision du monde sur une autre).

Je ne sais pas jusqu'à quel point la coexistence pacifique est possible. En fait elle demeure possible en raison de la "tolérance" (relative) des sociétés non-sacrificielles, mais on voit bien que ces sociétés sont obligées de pousser cette tolérance, au nom de la coexistence pacifique, jusqu'à l'adoption d'une dose de la conception sacrificielle dans le Droit civil (en l'occurrence la charia). L'arrêt de la cour de Belfort n'a pas d'autre sens, puisque la critique du sacrifice animal est désormais qualifié en Droit français "d'incitation à la haine raciale" (sauf appel et cassation du jugement).

La Loi de 1905 permet bien l'expression publique des convictions religieuses, mais elle n'a pas prévu la situation actuelle. Historiquement, c'est parce que le point de vue d'Aristide Briand l'a emporté (le plus consensuel et le plus favorable à la religion dominante à l'époque, le catholicisme), mais en 1905, l'Islam n'était pas le deuxième religion de France.

On ne peut pas demander à la justice de conforter nos "convictions". La justice a été instaurée pour mettre fin au cycle interminable de la vengeance et historiquement, elle succède au sacrifice. Nous vivons donc dans une société post-sacrificielle, mais nous coexistons avec des sociétés qui n'ont pas renoncé au sacrifice, sous une forme ou sous une autre pour réguler la violence entre les hommes, y compris le judaïsme, je  le concède (on peut considérer la circoncision et le rite casher comme des sacrifices "privés").

Il s'agit encore et toujours de mettre la violence à l'écart en prenant des précautions qui paraissent absurdes à la mentalité "rationnelle", moderne.

Il me semble, à tort ou à raison, que l'institution judiciaire (qui n'a pas complètement rompu avec les rituels "religieux") constitue une manière plus efficace de régler le problème et, en tout cas, c'est celle de la société dans laquelle nous vivons.

Les religions sacrificielles sont en crise parce que le rituel sacrificiel apparaît comme de moins en moins efficace pour "stabiliser" les communautés et c'est à ce moment-là que l'institution judiciaire "tranche" (si j'ose dire) en faveur de la solution sacrificielle en incorporant une dose de charia dans le Droit français (l'assimilation de la critique d'une religion à du racisme).

Ce n'est pas le racisme qui est le signifiant ultime, comme le pensent les progressistes, mais le risque de violence généralisée (en l'occurrence inter-communautaire) qui est derrière le racisme et c'est peut-être ce que les juges ont pressenti, mais ils l'ont fait en "sacrifiant" la vérité et le Droit. Et je ne suis pas sûr que la "paix sociale" y gagne.

 
 
 
 
 
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