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"Chaque année la mairie de Puteaux organise une fête d'avant-rentrée afin d'offrir des fournitures gratuites aux écoliers.

Pour 2014, 4.500 écoliers putéoliens se sont vus distribuer des sacs très genrés : les filles ont eu le droit à un cartable rose vif tandis qu'un modèle bleu a été préféré pour les garçons. Un cadeau a également été glissé dans chaque cartable : un kit de création de bijoux pour les filles et un lot de construction de robots pour les garçons."

http://www.rtl.fr/culture/arts-spectacles/rentree-scolaire-puteaux-voit-rose-pour-les-filles-et-bleu-pour-les-garcons 7774053145


L'articulation entre la nature (l'inné) et la culture (l'acquis) est difficile à établir. Je ne serai pas aussi catégorique que le sont certains sur le caractère purement culturel de la différence homme/femme.

Je suis d'accord avec Pierre Bourdieu et Simone de Beauvoir sur le fait que cette différence, muée en "stéréotypes de genre" a renforcé ce que Bourdieu appelle "la domination masculine", mais il me semble que l'on peut affirmer qu'il existe tout de même une différence qui n'a évidemment rien à voir avec la caricature des cartables et des kits proposés par la ville de Puteaux (il ne peut s'agir que d'une provocation ou d'une gaffe, mais en tout état de cause et dans les deux cas d'une stupidité).
 

L’articulation de la culture sur la nature se fait au moment de la puberté avec l'apparition des règles, la prise de volume des seins et d'autres caractères, tels que la pilosité (moins importante en général chez les filles que chez les garçons) et la mue (commune aux garçons et aux filles, m'a expliqué un professeur de chant, ce que j'ignorais).
 

Je ne dis pas que la finalité (le rôle) d'une femme est dans la procréation. Il y a quelques belles pages inattendues dans Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir sur les religieuses contemplatives dont l'état de "fiancées du Christ" leur permettait d'échapper au moins jusqu'à la fin du XVIII siècle, à la mainmise du pouvoir masculin et aux grossesses à répétions. Les responsables de congrégations ont tendance de nos jours à rejeter ce genre de motivations et à exiger une véritable vocation.

Il est bien évident que ces modifications (érections de la verge et pollutions chez l’adolescent, menstruations chez la jeune fille) influencent forcément l'image que l'une et l'autre ont de leur corps et implique qu'il y a bien quelque chose de difficile à définir, mais de réellement existant que l'on appelle, faute de mieux "masculinité" et "féminité".

J'ai participé aux événement de mai 68 et j'ai été mêlé de près (étant à Paris entre Nanterre, Vincennes, Censier et le Sorbonne) aux "avancées sociétales" de l'époque : La Loi Weil sur le droit à l'avortement, la parution du Nouveau Discours amoureux d'Alain Finkielkraut  et Pascal Bruckner, la création des mouvements de lutte des homosexuels pour la reconnaissance de leurs droits, la sortie du livre de Bourdieu sur la domination masculine, le passage de transfuges (pas toujours pour des raisons strictement "politiques") entre les mouvement plus jeunes et plus modernes et le mouvement "Arcadie" que les LGBT doivent trouver un peu suranné aujourd'hui, mais qui a beaucoup fait pour faire avancer l'acceptation des homosexuels dans la société française.

 

Ma position n'était pas à ce moment-là et n'est toujours pas une position de "surplomb" et encore moins de rejet et de mépris, mais de compréhension et d'une certaine connivence.

Mais j'ai eu beau faire, je n'ai pas réussi à me glisser dans une catégorie définie. En ce qui concerne ma position vis-à-vis du mariage pour tous, de la GPA et de l'adoption, je n'arrive pas bien à comprendre que l'homosexualité qui est pour moi de l'ordre de la subversion de l'interdit et du frisson émotionnel se transforme en une revendication du mariage, c'est-à-dire d'une institution on ne peut plus bourgeoise et conformiste. Je ne veux pas juger. Je dis simplement que c'est au-delà de ma compréhension.

Il est vrai que mes lectures étaient plus littéraires et "romantiques"  : Proust, Les Garçons de Monterlant, Green, Gide, etc. qu'idéologiques et "militantes". Je pense (peut-être à tort et parce que je ne comprends pas les enjeux) que l'homosexualité est devenue quelque chose d'un peu triste avec le mariage (et même la "Gay Pride"), avec ce sigle LGBT, où on peut se sentir coincé entre le "G" et le "T", sans vraiment se reconnaître tout à fait dans le "B".

Mais j'ai passé, en ce qui me concerne,  l'âge de la séduction, pour, comme disaient les Romains, m'effacer le plus doucement, le plus dignement et le plus sereinement possible de ce monde qui passe.

La lutte pour les "avancées sociétale" s'est substituée aux luttes sociales de jadis, depuis l'effondrement du communisme. Lénine (je crois) disait que la femme était le prolétaire de l'homme et ouvrait la voie, mais en 68, on parlait plutôt de l'exploitation ouvrière, et cela avec un esprit de sérieux qui justifiait la circulation d'armes de poing à Nanterre (je peux bien en parler à présent), l'approbation des exactions de la bande à Baader et d'Action Directe (la dérive terroriste) et la défenestration de "camarades" à Censier, dont je garde un souvenir horrifié.

 

J'en appelle donc à un peu de scepticisme, de tolérance mutuelle et d'humour. Car après tout "tôt serons étendus sous la lame."

L'humanité (heureusement pour sa survie) n'est pas majoritairement constituée d'artiste géniaux, de femmes supérieurement intelligentes  du genre de Lou Andréa Salomé, d'intellectuels branchés, de lecteurs et de lectrices de Simone de Beauvoir, de Marguerite Duras, de Pierre Bourdieu ou de Judith Butler, mais plutôt dans gens que l'on voit sur TF1 (?) dans l'émission "Les Z'amours" et qui sont en majorité les parents de nos élèves. Je demande donc un peu de pitié et de compréhension pour les "bêtas moins" pour reprendre la classification d'Aldous Huxley dans Le meilleur des mondes. ll faut de tout pour faire un monde et je préfère que ma boulangère me dise : "Il fait beau aujourd’hui" que : "Ne trouvez-vous pas que l'air possède ce matin une transparence exquise que l'on ne trouve que dans certains tableaux de Vermeer." 

Je suis bien d'accord sur le fait que d'empêcher une femme ayant des capacités exceptionnelles de devenir ingénieure de haut niveau, pilote de ligne, générale d'aviation ou présidente de la République constitue une violence (une injustice) inadmissible, mais je demande aux militantes de considérer qu'il y a d'autres violences dont sont victimes les femmes plus "ordinaires". Je n'ai pas, je pense, besoin de rappeler les statistiques en défaveur écrasante des femmes des violences conjugales entraînant la mort en Allemagne, en France, en Angleterre et en Espagne, pour ne citer que les pays européens.

Je ne ferai pas un mauvais procès à ces militantes en affirmant que la violence des femmes envers les hommes est absolument symétrique. Les hommes sont statistiquement plus violents que les femmes, il provoquent plus d'accidents de la circulation, l'alcoolisme et la consommation de drogue est plus fréquent chez les hommes, ainsi que le suicide. Les hommes sont aussi, toujours en général, plus infantiles (plus longtemps attachés à leur mère) et moins doués pour les études. C'est du moins la leçon que j'ai tiré d'une trentaine d'années de carrière aussi bien en collège qu'en lycée.

Il me semble qu'il y a plusieurs points de vues possibles sur la question de la différenciation. On peut la nier au profit d'une sorte d'humanité nouvelle dans laquelle il n'y aurait plus ni hommes, ni femmes. On peut aussi affirmer une "complémentarité (je sais que ce mot fait bondir les nouvelles féministes) entre les hommes et les femmes qui tienne compte de certaines différences.

 

Il me semble que l'évolution positive des rapports hommes/femmes passe par la prise en compte de ces différences qui ne sont pas forcément des justifications idéologiques de la domination masculine, plutôt que vers une uniformisation des comportements.

 

 
 
 
 
 
 

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