Philippe Brenot, Les violences ordinaires des hommes envers les femmes
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Philippe Brenot, Les violences ordinaires des hommes faites envers les femmes, Odile Jacob, mars 2008 L'ouvrage porte en exergue une citation de Pierre Bourdieu, tiré de La domination masculine : "Et j'ai aussi toujours vu dans la domination masculine, et la manière dont elle est imposée et subie, l'exemple par excellence de cette soumission paradoxale, effet de ce que j'appelle la violence symbolique, violence douce, insensible, invisible pour ses victimes mêmes, qui s'exerce pour l'essentiel par les voies purement symboliques de la communication et de la connaissance, de la reconnaissance ou, à la limite, du sentiment. Philippe Brenot est médecin psychiatre et thérapeute de couples, directeur d'enseignement en sexologie à l'universite Paris-V et président de l'Observatoire international du couple. Il a notamment publié Inventer le couple, Le Sexe et l'Amour et Le Génie et la Folie. Philippe Brenot s'intéresse dans cet ouvrage aux causes de la violence ordinaire, statistiquement prépondérante, que les femmes subissent de la part des hommes , même s'il arrive, reconnaît l'auteur, que l'inverse se produise aussi . Il montre que le problème essentiel dans un couple, ce n'est pas la différence, mais la violence qui vient de la non acceptation de la différence. S'appuyant sur les analyses de l'Ecole de Palo Alto et la notion de "double bind", il explique le processus de "montée aux extrêmes" de la violence en paroles puis, éventuellement, en actes et de rétroaction dans le couple. Dans une relation intersubjective, La violence vient toujours de la non-acceptation de la Différence. Cette différence (selon moi) est d'abord une différence "ontologique" : je ne suis pas l'autre (ipséité/alterité), avant d'être une différence sexuelle. L'espèce humaine est "sexuée", l'homme n'a pas la même image de lui-même que la femme. Dans un couple homo, il semblerait que la différence homme/femme se reproduise, même entre deux hommes ou deux femmes : l'un(e) va se "féminiser" et l'autre se "masculiniser". L'idéologie "unisexe" prétend lutter contre cette violence en atténuant au maximum et à la limite en supprimant les différences non biologiques. D'autres, comme Philippe Brenot (et je suis plutôt de son avis) pensent qu'il n'est ni possible ni souhaitable de supprimer les notions de "masculinité " et de "féminité", mais qu'il convient de les redéfinir pour permettre aux hommes d'évoluer afin de mieux comprendre les femmes et de mieux vivre avec elles. Devenir homme aujourd'hui Si un homme veut vivre avec une femme, aujourd'hui, il doit apprendre à vivre avec une femme, ce qui n'était pas le cas des générations précédentes où l'ordre établi imposait comme normale une attitude masculine que rien ne venait remettre en cause. Les femmes ont changé, elles sont plus sensibles, plus tendres, plus intimes, plus érotiques, ce qui ne peut se poursuivre qu'à une condition : l'absence de menace, de crainte, de soucis... c'est-à-dire un climat de douceur et de tranquillité. Or nos manières masculines ne vont pas toujours dans le sens de l'apaisement, nous vivons alors difficilement l'absence d'intimité et de sexualité qui s'ensuit naturellement. Tout cela semble logique, car il n'y a jamais l'un sans l'autre. C'est à nous, hommes, d'apprendre à partager l'imaginaire féminin, seule condition de l'entente amoureuse au long cours. Je propose pour cela dix recommandations (qui vont devenir des qualités) pour tout homme déirant vivre avec une femme : 1. La remise en question 2. Le dégonflage narcissique 3. L'abandon de la domination 4. L'apprentissage de la frustration 5. Le retour de la séduction 6. L'apprentissage de la sensualité 7. L'accès à l'écoute et à la parole 8. L'investissement dans la vie commune 9. La disponibilité 10. La complicité (Philippe Brenot, Les Vilences ordinaires des hommes envers les femmes, conclusion, p.199 et suiv.)