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Encyclopédie de la mystique juive, ouvrage réalisé sous la direction de Armand Abécassis et George Nataf, Berg international éditeur, Paris

Rituel de prières

Rituel de prières (1520) avec la Hagada (« le Récit », histoire de la sortie d'Égypte) lue le jour de la Pâque juive. (Bibliothèque nationale de France, Paris.) Ph. Coll. Archives Larbor

Berg International est une maison d'édition française fondée en 1969 et dirigées par Georges Nataf, les Éditions Berg International concentrent leurs activités autour d'ouvrages de sciences humaines. Elles comptent parmi ses auteurs Henry Corbin, Régis Boyer ou encore Emile Poulat, dont elles ont publié une étude fondamentale sur la laïcité, Notre laïcité publique. Depuis quelques années, Berg a également ouvert son catalogue à la littérature, à la bande dessinée et aux livres pour la jeunesse.

 

Table des matières :

L'Apocalyptique juive par Mathias Delcor

La mystique du Talmud, pat Armand Abécassis

La Merkabah par Albert Abécassis

La Kabbale par Isaïe Tishby

Le Hassidisme par Joël Askénazi

Messianisme et eschatologie par Benjamin Gross

La vie juive. Calendrier liturgique et mystique par Isaac Rouche et Georges Nataf

Dictionnaire liturgique et mystique de la Bible juive par Georges Nataf

 

"En cette fin de siècle où les hommes se tournent vers leur passé afin d'y puiser la force d'assumer leur devenir, la publication de cette encyclopédie répond à un besoin essentiel.

L'étude de la mystique juive est un phénomène récent, et nous ne disposons jusqu'à présent que d'un nombre très restreint d'ouvrages, dûs pour la plupart à des chercheurs étrangers, parmi lesquels Gerschom Scholem dont on ne dira jamais assez le rôle de pionnier en la matière. Mais la lecture de ces ouvrages traitant chacun d'une période ou d'un sujet limité, ne permet pas d'avoir une vue d'ensemble véritable des différentes expressions de cette mystique, riche de plus de vingt siècle de développements. De l'Apocalyptique au Messianisme sioniste, chaque mouvement a puisé dans l'autre, et étudier le Hassidisme sans connaître la Kabbale, ou cette dernière sans connaître la Merkabah, ne saurait être satisfaisant.

Expliquer en quelques lignes ce qu'est la mystique n'est pas du domaine du possible. de nombreux livres, dont aucun n'est exhaustif, traitent de ce sujet et nous n'aurons donc pas la prétention de préciser ici cette notion. Nous devons néanmoins mettre le lecteur en garde contre des erreurs beaucoup trop fréquentes de nos jours et dont la principale consiste à opposer mystique et réligion. L'histoire nous montre en effet que les grands mystiques, qu'ils soient juifs, chrétiens ou musulmans, s'ils n'ont pas été compris et acceptés de leur vivant, n'en ont pas moins vécu dans la plus grande ferveur religieuse qui soit. Au-delà de ce qui peut sembler n'être qu'une sécularisation due au respect du rituel, mystique et religion sont tournées vers un même but : la prise de conscience directe et intime de la Présence divine.

La mode consiste actuellement à accuser les religions de ne s'exprimer que par l'observance de leurs lois. Cette accusation est d'autant plus fausse pour le judaïsme, que sa ToRaH indique plus précisément une voie à suivre, qu'une loi à respecter, et que l'amour de la ToRaH implique une participation à l'histoire de l'humanité, un engagement direct dans l'histoire des hommes, expression de la volonté divine. La dévotion sans engagement ne serait en effet que magie.

A un païen qui lui demandait de lui enseigner le ToRaH, Hillel (IIème siècle av. J.-C.) répondit : "Ce qui t'est odieux, ne le fais pas à autrui ; ceci est la ToRaH, tout le reste n'est que commentaire."

Mais ce qui caractérise le mystique par rapport au religieux, c'est son extrême impatience. Impatience de la relation immédiate avec Dieu dans sa vie terrestre, et non pas dans un Au-delà à venir. Il vit la religion à son stade le plus intime, le plus aigu.

"Oh ! goûtez et voyez combien le Seigneur est bon." (Ps 34, 9) disait le psalmiste, et le mystique cherche à "goûter" Dieu, à en faire l'expérience.

On a souvent dit aussi que les mystiques sont les anarchistes des religions, et l'idée est séduisante. Mais si la théocratie peut sembler proche de l'Anarchie, (c'est bien l'idéal de la religion juive qui ne souffre pas de dogme ou de maître à penser reconnu par tous), la théocratie, c'est l"anarchie" plus Dieu.

Les cadres de la religion n'étouffent pas le mystique, ne le contraignent pas, car de la religion il fait un tremplin. Il exploite ses innombrables possibilités pour réaliser son désir d'adhésion à Dieu. En attendant de voir la Gloire divine, il perçoit l'étincelle qui niche en chaque objet de la Création, aussi petit soit-il.

Sa démarche est solitaire, mais s'il est seul c'est qu'il a pleinement conscience d'être une créature parmi d'autres, et sa solitude répond à l'unicité de Dieu.

Pour le mystique, l'exil sur la terre n'est pas seulement la réponse à une faute, mais aussi le moyen de remplir une mission.

La grâce de son double exil a permis au judaïsme d'éviter qu'il ne se fige dans une institution normative, ce qui a favorisé la naissance et le développement de grands courants mystiques vécus dans la ferveur et par elle.

Fixer une date à la naissance de la mystique juive est impossible,mais la littérature apocalyptique contient les éléments de la première expression écrite qui se trouvera développée par les maîtres du Talmud, puis par ceux de la Merkabah qui cherchaient le chemin conduisant au Trône divin. Dans le sillage de ce mouvement, la Kabbale, reprise par le Hassidisme, donnera l'existence à l'idée que tout un royaume de Dieu est sous-jacent au monde sensible, qu'il est présent et actif dans tout ce qui existe. Et sur tous ces univers mystiques souffle l'idée messianique qui en est aussi le moteur.

Ce bref exposé vous donnera les raisons qui ont guidé notre choix dans l'élaboration de L'Encyclopédie de la mystique juive et le classement des articles qui la composent. Nous avons jugé utile de donner pour chaque sujet traité des traductions de textes jusqu'ici inaccessibles au public. Enfin, si l'ouvrage se clôt par un "dictionnaire liturgique et mystique", c'est bien pour marquer notre désir de ne pas séparer ces deux expressions de la foi, telle qu'elle fut vécue par les mystiques." (Georges Nataf)

 

 

 

 

 

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