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Mikel Dufrenne, Art et Langage, la Peinture
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Mikel Dufrenne, Esthétique et Philosophie, t. 1, Editions Klincksieck, 1980 Mikel Louis Dufrenne, né le 9 février 1910 à Clermont (Oise) et mort le 10 juin 1995 à Paris, est un philosophe français. Spécialiste d'esthétique, il a donné une orientation phénoménologique à cette discipline. Il a dirigé, en collaboration avec Olivier Revault d'Allones la Revue d'Esthétique. "Le volume I d'Esthétique et Philosophie, réédition d'un livre qui avait inauguré la collection d'Esthétique en 1967 et qui rassemble une quinzaine d'articles, - est l'oeuvre d'un philosophe qui a découvert dans l'esthétique une voie privilégiée vers une philosophie de la nature. Mikel Dufrenne y explore des thèmes qui hantent la réflexion contemportaine sur l'art : l'art comme (non-) langage, l'oeuvre comme objet ou événement, l'écriture et le style, le jeu, la perception sauvage, le retour vers l'originaire. Chemin faisa nt, il rencontre les appareils conceptuels en vogue : structuralisme, sémiologie, psychanalyse, marxisme ; il en use, mais avec réserve, sans se laisser séduire ou terroriser ; et c'est en solitaire qu'il poursuit sa route, sans moyens, sans pouvoir. Mais il ne s'y sent pas seul : une esthétique non dogmatique débouche sur le politique, et il veut être l'écho de tous ceux qui en appellent à un art autre, libéré et libérateur, joyeux, et qui rêvent que la pratique de cet art contribue à faire la vie autre dans un monde autre. Mikel Dufrenne n'est pas un philosophe triste. Si vous préférez Thanatos à Eros, ne le lisez pas !" II. - Art et sémiologie L'art est-il langage ? La peinture La vocation de la peinture n'est pas de signifier. La peinture donne à voir. Ce faisant, elle montre, elle ne dit pas. Elle n'est pas un signifiant dont l'être se transcende vers un signifié. Avec ce qu'elle représente, elle n'est pas dans le rapport du mot au concept, ni de la carte au territoire : elle ne désigne pas, elle lest. Et inversement, l'objet représenté n'est rien d'autre que le représenté ; il refuse d'être confronté à un autre objet, l'objet réel, comme si la qualité de la peinture devait se mesurer à l'exactitude de la reproduction, comme pour une carte ou une planche anatomique. La ressemblance n'est pas un critère de la qualité esthétique, comme la justesse des mots l'est de la véracité du discours." (p. 91) Dans Points, lignes, surfaces, Wassili Kandinsky cherche à connaître le lexique et la grammaire des formes et des couleurs pour en faire la théorie. "Pas plus que de champ sonore préexistant, il n'y a de champ pictural capable de constituer une langue pour un discours pictural, c'est-à-dire un système d'éléments différentiels ou de termes opposables et combinables. Comme dit Francastel, "la double articulation qui caractérise les langues ne s'applique pas à l'art... Il est impossible de décomposer une oeuvre figurative en ses éléments" (Pierre Francastel, La réalité figurative, p. 124) "Ce qui caractérise les éléments qui entrent dans la texture de l'oeuvre, c'est d'abord qu'ils ne sont pas vraiment signifiants." "Peindre, ce n'est ni appliquer une théorie, ce n'est pas davantage prélever dans un ensemble disponible les termes pour les ordonner selon les règles d'un code, - dans quelle séquence linéaire ? Peindre, c'est obéir à l'appel de l'oeuvre." (p. 92) "Il ne s'agit pas d'ordonner les éléments épars avec plus ou moins d'ingéniosité, ni de puiser dans un répertoire d'existants ; la forme plastique est un dynamisme... Le signe se détermine, disait Matisse, dans le moment où il se découvre en fonction de l'oeuvre en cours... La cohérence de l'oeuvre est au bout du processus de création, et non pas au départ." (Pierre Francastel, Sociologie de l'Art, p. 290) "L'oeuvre est faite par la main - une main intelligente - pour le regard. Et non pour un entendement, comme est agencé le discours..." "Même si le peintre, dans son acte, cesse de théoriser, il ne cesse pas de contrôler son opération : il compose, et composer, n'est-ce pas agencer des éléments selon certaines procédures, c'est-à-dire manier une langue ?" (p. 93)
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