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Sabine Cotté, conservatrice au Musée du Louvre, Watteau, Henri Scrépel éditeur, collection "De la peinture"

Rosalba Carriera Portrait Antoine Watteau.jpg

Watteau, par Rosalba Carriera (1721)

Jean-Antoine Watteau (ou Wateau), plus connu sous le nom d'Antoine Watteau, né à Valenciennes le et mort à Nogent-sur-Marne le , est un peintre français. Il est un des créateurs représentants du mouvement rocaille. Inspiré par la commedia dell'arte, il aime à représenter le théâtre dans ses tableaux, que ce soit à travers les rideaux lourds ou les thèmes. Malgré une carrière brève d'une quinzaine d'années, il a connu le succès de son vivant et a laissé une œuvre considérable, des milliers de dessins et plus de deux cents tableaux que les princes d'Europe et les collectionneurs privés s'arrachaient. Ses peintures les plus célèbres sont un Pierrot (anciennement intitulé Gilles) et ses deux Pèlerinages à l'île de Cythère. Une des principales sources de renseignements sur sa vie est la biographie rédigée par son ami le comte de Caylus.

Antoine Watteau, Pèlerinage à l'île de Cythère

Jean-Antoine Watteau, Pélerinage à l'ïle de Cythère (1717)

"Il semble parcourir les siècles avec la démarche dansante de l'Indifférent. Il approche le XXIème siècle, notre troisième millénaire, avec le même sourire énigmatique. L'énigme est là, en effet, dans ce sourire. Car sa peinture provoque une sensation étrange. Ces oeuvres nous regardent autant qu'on les regarde. Dans la plupart de ses tableaux il y a un personnage caché dans l'ombre d'un sous-bois qui scrute le scrutateur. Le contemplateur se sent vu. Mais vu par un regard atone, un regard qui ne pose ni ne pèse, qui semble aller au-delà de l'objet qu'il perçoit. Nous sommes dépassés par le regard de Watteau. Il vous pénètre sans que rien ne l'arrête et vous emporte dans son propre vertige, celui de l'Irréel. En regardant Watteau on devient un Pierrot. Le monde perd de sa consistance, de sa pesanteur existentielle. Nous pénétrons dans l'univers du diaphane. La réalité devient ambiguïté. C'est très certainement ce dernier caractère de l'oeuvre de Watteau qui lui confère aujourd'hui sa prenante actualité. Il est aux confins de l'Être et du Néant. L'oeuvre et l'homme habitent cet univers dont l'être est raréfié. Tout ici, dans ces gestes esquissés, ces frondaisons estompées, ces lointains dilués, est précarité. Nous l'avons vu : les sens, les significations glissent sur ces personnages, sur ces scènes, sans parvenir vraiment à accrocher. Embarquement ? Débarquement ? Pélerinage ? Gilles ou Pierrot ? Qu'importe. Nous retrouvons dans l'oeuvre l'insaisissable de l'homme, qui paraît lui aussi glisser entre les mains et les mots de ses commentateurs et de ses contemporains..."  (Sabine Cotté)

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