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Masaccio, Adam et Eve chassés du Paradis (1426-27), chapelle des Brancacci de l'église  Santa Maria del Carmine (Florence)

Cette fresque a été diminuée en haut au cours des modifications architecturales opérées au 18ème siècle. C'est l'une des fresques de la chapelle qui a souffert des dommages les plus importants, ainsi le bleu du ciel a été complètement perdu et a dû être totalement restauré. C'est vraisemblablement en 1674, sous le règne du bigot Cosme III de Médicis, que la nudité d'Adam et Ève a été habillée de feuilles. La restauration de 1980 a permis de revenir à l'état originel et non censuré Cette scène a souvent été comparée à La tentation, la fresque de Masolino sur le mur opposé. Le portrait réaliste et dramatique des personnages et l'esprit innovant de la Renaissance contraste violemment avec le style du gothique tardif de Masolino et son manque de profondeur psychologique. Dans Adam, Masaccio décrit bien-sur un pêcheur mais qui n'a rien perdu de sa dignité. Il n'apparaît pas dégradé et la beauté de son corps est un mélange des archétypes classiques et de l'expression innovante de la Renaissance. Le personnage d'Eve s'inspire encore de la Venus Pudica greco-romaine telle qu'elle a été populariséé par Giovanni Pisano au 14e siècle. L'Eve de Masaccio ne lui ressemble cependant que par la posture mais semble supporter toute la souffrance du monde.

Masaccio, autoportrait

Tommaso di Giovanni Cassai (ou Tommaso di Ser Giovanni di Mone Cassai), dit Masaccio, né à San Giovanni Altura (actuellement San Giovanni Valdarno, près de Arezzo), le , et mort à Rome vers 1428, est un peintre italien considéré comme l'un des pionniers et des plus grands peintres de la Renaissance tant par les critiques après sa mort que les critiques contemporains.

"Adam et Eve chassés du paradis". l'un et l'autre sont nus - en contravention du texte biblique qui énonce (Genèse, III, 21) que l'Eternel les a vêtus de tuniques de peau - et marchent vers la terre maudite. Or, tandis qu'Eve lève vers le ciel un visage aux yeux clos et aux traits tordus par la douleur, Adam, le dos courbé, se cache le visage dans ses mains. Alors que lui et sa compagne se sont cousus des pagnes de feuilles de figuier dès qu'ils eurent les yeux désillés (III, 7), il ne songe pas à se cacher le sexe, mais le visage. Si l'on pense - certes dans un mouvement rétrospectif - à ce que deviendra le visage dans les écrits postérieurs de Lévinas et en particulier dans Totalité et Infini, on se prend à songer que, dans ce geste, c'est, au-delà de son corps, la patience de son être qu'Adam cherche à cacher, et que le peintre n'a représenté "fautivement" sa nudité que pour y montrer son "besoin d'excuser son existence". (Jacques Rolland, note 51 à l'introduction de de l'Evasion d'Emmanuel Lévinas : "Sortir de l'être par une nouvelle voie", Fata Morgana, Le Livre de Poche, biblio essais, p. 84)

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