Joël Martin, La contrepèterie, Presses universitaires de France, 2010
Table des matières : avant-propos - avertissement - Introduction - Chapitre I. Petite histoire du contrepet - Chapitre II. Le contrepet en kit - Chapitre III. Contrepet, langage, obsession textuelle et rire - Chapitre IV. Le contrepet pour tous. Lutte contre la dyslexie - Chapitre V. Contrepèteries à thèmes - Chapitre VI. L'abus des élites - Solution des pièges - Sources du bonheur et sites déballés
Né le 2 septembre 1941, Joël Martin est un écrivain et physicien français. Ancien élève de l’École normale supérieure, il est ingénieur en physique nucléaire au CEA, plus précisément au Dapnia. Expert en contrepèteries, il a repris à la mort de Luc Étienne, en 1984, la rédaction de la rubrique "Sur l'Album de la Comtesse" dans Le Canard enchaîné. Il est l'auteur de nombreux livres sur le sujet. Cette seconde spécialité se mêle parfois à la première : les articles de Joël Martin dans le journal "ScintillationS", journal du Dapnia, contiennent parfois des contrepèteries, comme l'éditorial « un beau message spatial ». Il est aussi musicien amateur (il est clarinettiste dans l'orchestre d'harmonie de l'AFREUBO (Association (Fil)harmonique des Résidents et Étudiants des Ulis, Bures et Orsay) d'Orsay
Quatrième de couverture :
"Magie de la contrepèterie : permuter les lettres révèle un sens caché fort éloigné du propos initial et déclenche une explosion d'allégresse chez ceux qui ouïssent en cogitant. Contrepèter, seul ou en groupe, est un jeu de méninges que magnifient les propriétés thérapeutiques et sociologiques du rire. Mais c'est aussi tirer la langue aux censeurs. Clown des mots, le contrepéteur a la liberté de parole du fou du roi. La contrepèterie défoule. Elle réjouit. Elle est catharsis. Riche de plus d'un millliers d'exemples, la plupart inédits et cetains innocents, ce livre, que hantent les mânes de Freud et de Bergson, décortique les mécanismes et les vertus de l'art de décaler les sons."
Avertissement :
"Le physicien que nous sommes n'est ni phonéticien, ni historien, ni lacanien, ni psychanalyste, ni psycholinguiste. Nous avons écrit cet ouvrage sous le non-contrôle de ces éminents spécialistes. Ce livre est un "Que sais-je ?", pas un "Que savent-ils ?". Musicien amoureux des verbes en joie, agitateur impénitent des mots que nous voyons passer, nous contrepétons comme chante le gondolier, musicien fluide ignorant le solfège. Nous décalons les sons comme bâtit ses rêves le cancre de la classe, philosophe profond ignorant tout de Nietzsche. Nous sommes le monsieur Jourdain des prestigieuses disciplines mentionnées plus haut. Convaincu que faire valser les phonèmes fouille, c'est une quête, la relation profonde du mot et du moi, c'est sous le truculent éclairage du Contrepet que nous tentons d'entrevoir ce que nous ignorons. Cet ouvrage de linguistique combinatoire à connotation rabelaisienne livre nos cogitations de béotien, mais de béotien abreuvé à de prestigieuses sources. Nous déballons ces sources à la fin de l'ouvrage, sans nous soucier de tel ou tel pédant plus ou moins éculé qui attendait en vain que des "Que sais-je ?" chutent. Le malheureux soupçonne-t-il seulement que la magie du Contrepet transforme un boycott en un beau coït ? Insensible à sa glose et ignorant son camp, nous cherchons, quant à nous, à cogiter sans haine...
Ce texte recèle neuf contrepèteries.
Bijoux de L'art de décaler les sons :
Votre gîte, quel boyau !
Horreur ! Une mite dans les belons !
Courez, mon bon !
Ce vieux tennis est usé jusqu'aux pierres.
Ce malus me laisse un goût de fiel.
Le prévenu taille des jupes au Pirée.
La dèche donne plein d'humilité.
Ce geai, quel polisson (Ce jet, quel poli son) !
Ce technicien en a coupé, des sons
Bécaud, puis-je vous présenter Magritte ?
Virginie est minée : Paul ment. (pollement)
Bijoux de La redoute des contrepèteries de Louis Perceau (1883-1942) :
Les nouilles cuisent au jus de cane.
Les femmes ne goûtent pas le marc trop doux.
L'écuyère caresse le mouton de sa botte.
Quel extraordinaire fouillis de boutre... emplit le port du Cap !
Ma cousine joue au tennis en pension
La cuvette est pleine de bouillon
J'aime le goût de ce petit blanc
Elle m'a menti la sotte
Le gros entrepreneur pétrit le béton à la tonne
Taisez-vous en bas ! - Détestons nos ridicules
Le linge sèche en mouillant les cordes
Le plan de ce gaillard un peu lent m'accule
Ôte la lampe que je guette !