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Peter Singer, L'Egalité animale expliquée aux humain(e)s
Peter Singer, L'Egalité animale expliquée aux humain(e)s

Peter Singer, L'égalité animale expliquée aux humain(e)s, traduction David Olivier, Tahin Party, 2007

"Publié en 1975 aux Etats-Unis et vendu à 500 000 exemplaires à travers le monde, La libération animale du philosophe australien Peter Singer (né en 1946), professeur de bioéthique à l'université de Princeton, s'est imposée comme la référence incontournable de l'éthique animale, devenant un véritable Manifeste de la défense des animaux. Ce livre, qui réactive la pensée utilitariste en interrogeant la question morale à partir de la notion d'intérêt, se présente comme une longue démonstration : afin de se faire entendre encore plus aisément, Singer a résumé lui-même ses positions en 1985 dans une courte synthèse, "L'Egalité animale expliquée aux humain(e)s". Largement diffusé, cet opus est devenu presque aussi connu que le livre original."

Extrait : 

"Si un être souffre, il ne peut y avoir de justification morale pour refuser de tenir compte de cette souffrance"

"Un mouvement de libération implique un élargissement de notre horizon moral, ainsi qu'une extension, ou une réinterprétation, du principe moral fondamental d'égalité. Des pratiques antérieurement considérées comme naturelles  et inévitables en viennent alors à apparaître comme le résultat de préjugés injustifiables. Qui peut dire en toute certitude qu'aucune de ses attitudes et pratiques ne peut être légitimement remise en question ? Si nous voulons éviter de nous compter au nombre des oppresseurs, nous devons être prêts à repenser jusqu'à nos attitudes les plus fondamentales (...) La revendication de l'égalité des êtres humains ne dépend  pas de l'égalité de leur intelligence, capacité morale, force physique, ou tout autre fait particulier de ce genre. L'égalité est une notion morale, et non une simple affirmation de faits. Il n'y a pas de raison logique qui impose de faire découler d'une différence quelconque dans la quantité de considération que nous devons porter à la satisfaction de leurs besoins et intérêts. Le principe d'égalité entre les humains n'est pas l'affirmation d'une hypothétique égalité de fait ; il est une prescription portant sur la manière dont nous devrions traiter les humains (...)

Il découle de ce principe d'égalité que la préoccupation que nous devons avoir pour les autres êtres, la disposition que nous devons avoir à prendre en compte leurs intérêts ne devraient pas dépendre des caractéristiques ou aptitudes de ces êtres - bien que les décision exactes que cette préoccupation implique que nous devons prendre dépendent, elles, des caractéristiques des êtres qui en seront affectés (en d'autres termes ce principe d'égalité de considération des intérêts ne réclame pas que les animaux soient traités comme des humains.) C'est sur cette base que doit reposer, en dernière analyse, la réfutation du racisme, tout comme celle du sexisme ; et c'est en fonction de ce principe que le spécisme doit lui aussi être condamné (...)

La capacité à souffrir ou à éprouver du plaisir est une condition nécessaire pour avoir un intérêt quel qu'il soit au départ, elle est une condition qui doit être remplie faute de quoi cela n'a aucun sens de dire qu'il est contraire aux intérêts d'une pierre de recevoir le coup de pied d'un enfant. Une pierre n'a pas d'intérêts, parce qu'elle ne peut pas souffrir. Rien de ce que nous pouvons faire ne peut avoir de conséquence pour son bien-être. Une souris, au contraire, a un intérêt à ne pas être tourmentée, parce que si on la tourmente, elle souffrira.

Si un être souffre, il ne peut y avoir de justification morale pour refuser de tenir compte de cette souffrance. Quelle que soit la nature de l'être qui souffre, le principe d'égalité exige que sa souffrance soit prise en compte autant qu'une souffrance similaire - pour autant que des comparaisons grossières soient possibles - de tout autre être. Dans le cas où un être n'est pas capable de souffrir, ou de ressentir de la joie ou du bonheur, il n'y a rien à prendre en compte. C'est pourquoi c'est la sensibilité (pour employer cette expression courte, mais légèrement inexacte, pour parler de la capacité à souffrir et/ou à ressentir le plaisir) qui seule est capable de fournir un critère défendable pour déterminer où doit s'arrêter la prise en compte des intérêts des autres. Limiter cette prise en compte selon tout autre critère, comme l'intelligence ou la rationalité, serait la limiter de façon arbitraire - pourquoi choisir tel critère plutôt qu'un autre, comme la couleur de la peau ?"

"Spécisme" : inventé par le psychologue britannique Richard Ryder en 1970 sur le même principe que les mots racisme ou sexisme, le spécisme postule une hiérarchie entre les espèces, justifiant une discrimination de traitement.

Le spécisme est une discrimination fondée sur la différence entre espèces, considérée comme un critère moral déterminant pour traiter un être autre que soi. L'antispécisme est au contraire le refus de considérer la différence entre espèces comme un critère moral déterminant de discrimination.

(Source : Le Point Références, L'homme et l'animal, les textes fondamentaux)

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