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Antonin-Dalmace Sertillanges, Les grandes thèses de la philosophie thomiste
Antonin-Dalmace Sertillanges, Les grandes thèses de la philosophie thomiste

Antonin-Dalmace Sertillanges, Les grandes thèses de la philosophie thomiste par le R.P. Sertillanges, o.p., membre de l'académie des sciences morales et politiques, Librairie Bloud&Gay, 1928

L'auteur :

Antonin-Dalmace Sertillange, en religion Antonin-Gilbert Sertillange, né le 16 novembre 1863 à Clermont-Ferrand et mort le 26 juillet 1948, est un prêtre dominicain français, philosophe moraliste de renom. Il est principalement connu pour ses études sur Thomas d'Aquin et le thomisme. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages et articles sur Henri Bergson.

Table des matières :

Chapitre premier. Notre philosophe :

Saint Thomas est tout entier dans sa doctrine - caractère catholique de cette doctrine - Son caractère humain - Saint Thomas poète de l'abstrait - Intention de notre travail - Justification de notre point de vue par la nature même du thomisme et par l'esprit de son auteur 

Chapitre II. L'Être et la Connaissance :

A. - L'objet de la connaissance humaine - La réflexion sur la connaissance même peut éclairer la question de l'Être et de ses causes - B. - Nature de la connaissance - Conséquence - idéalisme tempéré de la doctrine thomiste,s'opposant à l'idéalisme pur et au matérialisme - C. - Conclusions particulières donnant le plan du thomisme entier 

Chapitre III. Dieu : 

I. Le problème de la source d'être  - Ce problème a-t-il besoin d'être posé et peut-il être résolu ? - A.- La prétendue impossibilité de démontrer Dieu - B.- La prétendue évidence de Dieu. Saint Anselme - II. - Que pouvons-nous savoir de Dieu ? - Unification des cinq "voies", A quoi précisément elles aboutissent. - La théodicée - Que valent nos connaissances relatives à Dieu ? - Dieu indéfinissable - L'analogie, entre l'agnosticisme et le symbolisme d'une part, l'anthropomorphisme de l'autre

Chapitre IV. La Création :

A. - La création et le "commencement" - L'idée de création implique-t-elle celle de commencement dans le temps ? - Saint Thomas et Aristote - Ce que c'est que la création - B. - L'éternité ou la non-éternité du monde - L'éternité du monde ne saurait être démontrée à l'encontre de la foi. - Le commencement du monde ne saurait être démontré davantage  ; c'est un article de foi - C. - La création s'étend-elle à l'univers en son tout ? - La matière - La multitude et la variété des choses - D. La création et le mal - E. L'unité de la création

Chapitre V. La Providence :

I- Ce que suppose l'idée de Providence - A.- La connaissance en Dieu - Dieu connaît toutes choses. Il connaît chaque chose en particulier. Il connaît jusqu'à l'infini. Il connaît l'avenir. Il connaît ce qui n'est pas encore déterminé à être. - La connaissance que Dieu a des choses ; elle en est la cause. - La volonté de Dieu. Son objet. La liberté de Dieu. La volonté de Dieu toujours obéie - La toute-puissance de Dieu - La volonté de Dieu juste, aimante et miséricordieuse - II. Définition de la providence - Ce qu'on oppose à la Providence : la nécessité ; le mal ; le hasard et la fortune ; le libre-arbitre. Essai de conciliation

 Chapitre VI. La Nature et la Vie :

I. La nature. - A. - Le changement. L'aspect subjectif du changement - B. - Le devenir substantiel - La forme. La matière. La privation. Caractères de l'élément matériel. Portée métaphysique de cette théorie. - L'agent. Nature de l'action. L'agent univoque et l'agent non-univoque. Lagénération spontanée. - C. - Les fins de la nature. Nature et Providence - D.- Déterminisme et contingence. II. - La vie. - Comment l'âme fabrique le corps. - Nutrition et croissance . - Comment l'âme est unie au corps - Comment l'âme meut le corps - L'action de l'âme et la conservation de l'énergie - Importance actuelle de la doctrine du composé vivant.

Chapitre VII. L'âme humaine : 

A.- La place de l'être humain dans la création - B - L'intelligence. - L'âme inconnaissable en elle-même - Etapes et conditions de la connaissance intellectuelle - L'élaboration de l'universel - Les sens - Le sens commun - L'imagination - La mémoire sensitive - L'intellect agent - la mémoire intellectuelle - C. - L'origine de l'ême humaine - L'âme et la génération - Quand a lieu l'animation ? - Les âmes successives - L'âme et l'hypothèse évolutionniste - D. - La survie de l'âme.

Chapitre VIII. L'activité morale :

A. - Les fondements de la doctrine - Caractère métaphysique de ces fondements- B. - La béatitude - En quoi elle consiste dans sa forme et dans sa matière - Thomisme et aristotélisme - C. - Les actes humains moyen de béatitude - Par quelle voie ces moyens rejoignent la fin - Nouveau contact avec Aristote. - D - Le plaisir et le bien. Leurs vrais rapports ; leur rôle dans la béatitude - Le plaisir est un bien - Le plaisir n'est pas le premier bien - conclusions - E. - Obligation et sanction. Comment la morale thomiste est en un sens une morale sans obligation ni sanction - Nature de la Loi morale- L'autonomie - Nature de la sanction morale. Le prétendu désintéressement - Les sanctions naturelles et les sanctions d'au-delà.

Mon avis :

Une introduction claire et concise à la pensée de Thomas d'Aquin qu'aucun étudiant en philosophie ne peut se permettre d'ignorer... sans doute une des meilleures, avec saint Thomas du Créateur de J.K. Chesterton (cf. lien), qui insiste davantage sur la dimension biographique... Il est impossible de comprendre par exemple la pensée de Jean-Paul Sartre sans se référer à Aristote (la notion d'être en acte et d'être en puissance) et à Thomas d'Aquin. Sartre fait d'ailleurs explicitement référence à la pensée de Thomas d'Aquin (en inversant le primat aristotélicien et thomiste de l'essence sur l'existence) dans L'existentialisme est un humanisme (cf. article sur ce blog).

"Saint Thomas a recueilli les suffrages de tous. Ceux qui ne le connaissent pas n'en portent portent pas moins en eux l'appréciation de sa puissance. Ceux qui le découvrent et peuvent juger à quelle profondeur il descend ont la tentation de demander si d'autres s'en doutent. On n'ignore pas le témoignage des siècles ; mais on est saisi, au premier contact, par cette impression d'illimité et de légèreté cyclopéenne, et volontiers on la croirait toute neuve, comme une jeune amitié que l'entourage ne connaît pas.

On s'extasie, en pensant que cet inventeur d'infini était une bonne pâte d'homme, simple et pieux moine, sans excentricité d'aucune sorte, sans particularité même, hormis sa sainteté. On ne cherche guère plus loin dans sa biographie. Cette vie mortelle sur laquelle se greffe une vie permanente ne paraît pas exciter une bien grande curiosité ; à peine l'a-t-on écrite ; nous ne la possédons pas encore vraiment. C'est un malheur, car les enseignements y abondent, et il est à souhaiter qu'on ne se contente pas indéfiniment de brochures ou de panégyriques. Mais la raison de cette négligence instruit aussi. La vie de saint Thomas d'Aquin est dans sa pensée ; cette vie est toute en idées ; quand on tient les idées, on tient l'homme, même dans son sommeil, car il dictait en dormant. Il pense, il pense, et l'être qui en lui enfante la pensée n'excite nullement son intérêt ; il n'émeut que par instants le nôtre ; il se retrouve et éclate dans son effet, comme Dieu dans le cosmos.

Les catholiques ont un motif spécial d'aimer et de fréquenter assidûment saint Thomas d'Aquin. Ce philosophe est leur homme ; son oeuvre est un trésor de famille, et "Docteur catholique" est son nom. Les gens du dehors ont intérêt sans doute à ne pas ignorer une telle force ; mais pour les catholiques intelligents, cette ignorance est une défection. Toutes nos autorités ont déclaré que leur doctrine est cette doctrine même ; qu'en saint Thomas l'élite intellectuelle catholique et par elle toute l'Eglise puise sa meilleure substance, et que "s'en éloigner, notamment en métaphysique, ne va pas sans péril". (Pie X, Encyclique Pascendi)

L'homme pieux et lettré, l'homme curieux de la pensée et désireux de savoir, en homme réfléchi, ce qu'il professe implicitement en adhérant au groupe, ne peut manquer de jeter quelque coup d'oeil, tout au moins, sur une telle doctrine. On ne demande pas à tous une étude suivie ; en matière de philosophie, spécialité et exception se répondent ; on dit seulement que l'ignorance ne convient pas, et ceux qui le disent sont mis en demeure, à leur tour, de faciliter dans la mesure où ils le peuvent la connaissance." (Antonin-Dalmace Sertillage)

Citations :

"L'aliment ne peut être étranger à ce qu'il nourrit ; il faut qu'une communauté de nature les assemble. L'herbe et la chair de l'herbivore ont les mêmes éléments. Si le réel nourrit la pensée et la nourrit lui-même, c'est-à-dire la nourrit de soi, quel moyen d'éviter de dire : le réel est la pensée ; le réel est intelligibilité adaptée à l'intelligence, pensée passive adaptée à la pensée active ?

Du reste, il y a ici un contrôle, c'est l'action. en agissant, nous réincarnons les idées extraites des choses, après leur élaboration et leurs combinaisons en nous. Que l'action réussisse, c'est-à-dire s'harmonise avec les choses, cela ne prouve-t-il pas la valeur objective de l'idée et celle de nos jugements ? Si la pensée abstraite résout des problèmes concrets, on ne peut manquer de reconnaître sa parenté essentielle avec le concret." (p.19)

"Dès le point de départ, cet esprit de synthèse se révèle par l'équilibre établi entre la considération du sujet et celle de l'objet de la connaissance, et c'est par là que saint Thomas d'Aquin échappe, comme par en haut, à la fois à l'idéalisme et au matérialisme." (p.23)

"Toute l'histoire de la philosophie pourrait s'interpréter comme une oscillation entre deux tendances. D'un côté confiance totale dans la réalité extérieure telle qu'elle apparaît et accaparement de la pensée par l'étude des relations objectives. tel sera le scientisme, et telle était jadis, la doctrine de ceux que saint Thomas appelle les anciens naturalistes : Empédocle, Héraclite, Diogène d'Apollonie, Hippon, Critias, surtout les Démocrite. D'un autre côté, analyse acharnée des conditions objectives de la connaissance, des facultés, du moi, et tendance à n'envisager le réel que comme une modification de la pensée. Tel est le criticisme kantien, et telles étaient, dans le monde grec, les conceptions de l'école d'Elée et de Carnéade." (p.24)

"Cette fuite de la doctrine dans des sens opposés était fatale, une fois dissociés, au départ, la pensée et les choses, le connaissant comme tel et le connu comme tel, l'intelligence et l'intelligible en acte commun. Tout est là. Il faut faire foi à cette évidence immédiate que nous connaissons, nous, et que nous connaissons ceci, qui devient nous, mais sans que ceci cesse d'être soi-même et sans que nous cessions d'être nous. Dans cette observation élémentaire est contenu tout l'avenir du savoir :; là est l'ouverture de l'angle, et l'allongement de ses branches ne fera que manifester de plus en plus l'initiale rectitude ou l'initiale déviation." (p.24)

 

 

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