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Sam Shepard, Balades au paradis

Sam Shepard, Balades au paradis, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Bernard Cohen, Robert Laffont, Pavillon Poche, 1997 et chez Gallimard en collection 10/18

Sam Shepard est une légende vivante ; avec sa dégaine de "coy-boy urbain", il incarne une figure du héros américain. Après une enfance passée dans l'illinois et une jeunesse californienne, il débarque en pleine bohème présoixante-huitarde dans le Lower East-Side new-yorkais où il fréquente Woody Allen, Bob Dylan (une relation chaotique), les Rolling Stones... Influencé par Beckett, Joyce, Neruda et Kafka, il se lance sur les scènes du théâtre alternatif. sa brève mais fulgurante liaison avec Patti Smith en 1971, deviendra un des épisodes mythiques de la contre-culture U.S. En deux nuits, les amants écrivent à quatre mains une pièce dans laquelle la chanteuse donne de lui une description qui correspond parfaitement à l'ambiance de ses textes : "Un Jésus rock'n'roll avec une bouche de cow-boy." Surtout connu en France comme acteur (L'étoffe des héros de Philip Kaufman, d'après Tom Wolfe), admiré pour son jeu sobre autant que pour son visage buriné de séducteur, il est davantage célébré aux Etats-Unis comme dramaturge : il a écrit plus de quarante-cinq pièces dont l'une, Buried Child, lui a valu le prix Pulitzer en 1979. Il est aussi l'auteur de plusieurs scenarios : Zabriskie Point pour Antonioni, Fool for Love pour Roibert Altman, Paris-Texas pour Wim Wenders, Palme d'or à Cannes en 1984 - ainsi que  de romans et de nouvelles.

Table : Self-made man - Gabby Hayes, pour de vrai - Nuevo Mundo - Jours de black -out - La vie des animaux - Entre hommes - Bagages - Balade au paradis - Un petit cercle d'amis - Le crincrin qui craint - Dignité - Urgences prioritaires - De toi je ne suis jamais à distance - Peau de chagrin - Une fois - Le lion dévorant - Lointaine Lillie - Petit arrêt - De nulle part - de l'espace, tout simplement - Pur accident - Répète   - Poussière - La totale - Un rose artificiel - A bientôt dans mes rêves - En train - Chute sans fin - Le héros dans sa cuisine - Un hommage à Céline - Gary Cooper ou le paysage ? - Le retour de Spencer Tracy - Opuestos - Perdu dans les ruines - Lajitas et le football américain - Papantla - On improvise et on voit - Rio Tecolutla - Colorado n'est pas un lâche - A sa place

Quatrième de couverture :

"Un acteur  éreinté se heurte à une fonctionnaire obtuse dans un poste-frontière mexicain : elle ignore qu'il s'agit de Spencer Tracy ; un homme et une femme se querellent dans une chambre d'hôtel quelque part au Dakota du Sud et se séparent sans réellement savoir exactement pourquoi ; deux gamins élèvent un louveteau acheté par correspondance avant de l'abandonner à son sort sur une voix ferré ; une équipe de cinéma tourne sous le soleil du Mexique sans même s'apercevoir que des Indiens pratiquent au-dessus de leur tête un rituel ancestral... Sam Shepard nous confronte avec talent à la solitude, la violence et la dureté d'une Amérique belle et désenchantée. Ses nouvelles sont laconiques, lyriques, brutales, tristes ou comiques. Ensemble, elles offrent une vision très personnelle de l'enfance, de la famille, des racines, de la passion charnelle, de la trahison et de la célébrité, autant de thèmes qui fascinent leur auteur et qu'il décline ici d'une voix austère et pure comme un désert de l'Arizona."

Hommage à Sam Shepard

Je m'en veux d'avoir attendu la nouvelle du décès de Sam Shepard, le 27 juillet dernier,  pour lui rendre hommage. L'oeuvre de Sam Shepard est intimement liée pour moi à une Amérique où je n'ai pas vécu, mais dont je rêvais, enfant, dans les années 60, à Arlington (Virginia), notamment à travers le personnage de "Kit Carson" :  l'Amérique des grands espaces, de la conquête de l'ouest, du mythe du cowboy solitaire, des déserts et des canyons, des motels, des routes rectilignes et interminables (la "Mother Road" 66), des stations services au milieu de nulle part... Shepard était hanté par le rapport au père - un thème qui me concerne particulièrement, le père de Sam Shepard était violent et alcoolique, le mien, mais c'est peut-être pire,  était simplement "absent" - , ainsi que par la question des origines et par la difficulté à trouver sa place dans le monde et dans la société. Ses "road novels", peuplés de marginaux, de paumés et de "misfits", comme Travis,  le personnage principal de l'inoubliable "road movie" dont il écrivit en partie le scenario, Paris, Texas, sont une manière spécifiquement américaine de faire de la métaphysique. A l'image des personnages qu'il a évoqués ou incarnés, comme l'astronaute Chuck Yeager, dans L'étoffe des héros, Shepard était un homme courageux et plein de ressources qui cachait sous son aspect de "tough guy" une personnalité complexe, tourmentée et hypersensible. Profondément lucide, mais préservée du désespoir par sa curiosité, son intérêt pour les autres et son amour de la vie, il avait réussi à exprimer, en lui conférant une portée universelle,  l'envers poétique et tragique et les fêlures de l'Amérique. We will miss you Sam... Realy !

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