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Jonathan Swift/John Arbuthnot,  L'art du mensonge politique
Jonathan Swift/John Arbuthnot,  L'art du mensonge politique
Jonathan Swift/John Arbuthnot,  L'art du mensonge politique

Jonathan Swift, L'Art du mensonge politique (1733), suivi de The Examiner N° XIV, précédé de Le Mentir vrai par Jean-Jacques Courtine, Editions Jérôme Millon, 2007

Jonathan Swift, né le 30 novembre 1667 à Dublin, en Irlande et mort de 19 octobre 1745 dans la même ville est un écrivain, satiriste, essayiste, pamphlétaire politique anglo-irlandais. Il est aussi poète et clerc et, à ce titre, il a été doyen de la cathédrale Saint-Patrick de Dublin. Il est célèbre pour avoir écrit Les Voyages de Gulliver. Swift est probablement le plus grand satiriste de langue anglaise. Il publie ses oeuvres en usant de pseudonymes comme Lemuel Gulliver, Isaac Bickerstaff et M. B. Drapier, ou même anonymement. Il est connu enfin pour deux styles de satires : la satire horacienne et la satire juvénalienne. Il fut membre du Scriblerus Club.

John Arbuthnot (baptisé le 29 avril 1667, mort le 27 février 1735) est un médecin, mathématicien et écrivain écossais. Il est surtout connu pour ses apports en mathématiques et son appartenance au Scriblerus Club (il y inspira sans doute le livre III des Voyages de Gulliver de Jonathan Swift et de nombreux ouvrages d'Alexander Pope) et pour avoir inventé le personnage de John Bull. 

L'Art du mensonge politique est un pamphlet et traité de politique satirique écrit en 1733 par John Arbuthnot, mais attribué à Jonathan Swift. Il ne s'agit pas à proprement parler d'un livre, mais de l'ouverture d'une souscription pour plusieurs volumes à paraître dont l'auteur s'emploie à donner une idée.

Quatrième de couverture :

"Faut-il tromper le peuple pour son bien ? Voilà la question que pose, sur un mode satirique, ce pamphlet attribué à Jonathan Swift. L'art du mensonge politique est en effet "l'art de faire croire au peuple des faussetés salutaires, pour quelque bonne fin". Art délicat, il obéit aux règles d'un savant calcul, dont le texte énonce les principes : soustraire les mensonges à toute vérification possible ; ne jamais outrepasser les bornes du vraisemblable ; faire varier les illusions à l'infini ; rationaliser la production des contrefaçons politiques en instituant des "sociétés de menteurs". Ce sont là quelques-unes des lois de ce mentir-vrai indispensable à l'éducation d'un Prince. Ce court traité, qui redouble de façon ironique la leçon de Machiavel, a gardé toute sa pertinence : le mensonge d'aujourd'hui ressemble étrangement à celui d'hier. L'art du mensonge politique apporte ainsi sa modeste mais fondamentale contribution au débat politique contemporain. Toute analogie avec des hommes ou des partis politiques ayant existé, existant, ou à venir ne saurait en aucun cas être le fruit du hasard."

Jean-Jacques Courtine, "Le mentir-vrai" (extrait) :

"En 1733 est publié à Amsterdam en traduction française, sous la signature de Jonathan Swift, un Art du mensonge politique. Curieuse brochure : il ne s'agit pas véritablement d'un livre, mais de l'ouverture d'une souscription pour deux volumes à paraître sous ce même titre. Si le texte est attribué à Swift, l'auteur des volumes "sous presse" n'est en revanche jamais nommé. De lui on saura simplement qu'il s'engage à "délivrer le premier volume aux souscripteurs au terme de la Saint Hilaire, s'il est encouragé par le nombre de souscriptions". Il ne le fut apparemment pas : les deux volumes promis ne virent jamais le jour. On ne sait si les éventuels souscripteurs furent remboursés.

Une brochure attribuée à Swift, offrant en souscription le livre inexistant d'un auteur anonyme : un art du mensonge politique ne pouvait naître sous de meilleures auspices. Reste le court pamphlet que l'on va lire : son intention satirique est bien dans la manière de Swift ou de ceux de ses amis, Pope, Gay, ou encore Arbuthnot qui s'étaient donnés pour tâche de fustiger les moeurs politiques de leur temps. Cet art du mensonge ou "pseudologie" politique se présente en effet comme une satire de la tradition ancienne des arts de gouverner ; enfin, se réjouit l'auteur, on a pu rassembler les morceaux épars du mensonge politique ; enfin on a su les organiser en un système rigoureux et rationnel, digne de figurer dans l'Encyclopédie et de devenir ainsi un élément indispensable "de l'éducation d'un habile Prince".

Organisation de l'ouvrage :

"Le premier volume de cet excellent Traité contient onze chapitres :

  • Dans son premier chapitre, l'auteur raisonne en philosophe sur la nature de l'âme, et sur les qualités qui la rendent capable de mensonge. Il suppose que l'âme est de la nature d'un miroir plano-cylindrique ; qu'un Dieu tout-puissant a fait le côté plat de ce miroir et qu'ensuite le Démon a fait l'autre côté, qui a une forme cylindrique. Que le côté plat représente les objets au naturel et tels qu'ils sont véritablement ; mais que le côté cylindrique doit nécessairement, selon les règles de la Catoptique, représenter les vrais objets faux et les faux objets vrais ; que le cylindre étant beaucoup plus grand et plus large, reçoit et rassemble sur sa surface une plus grande quantité de rayons visuels ; et que par conséquent tout l'art et le succès du mensonge politique dépend du côté cylindrique de l'âme. L'auteur, dans ce même chapitre raisonne sur les qualités de l'esprit ; par exemple, sur son penchant particulier pour le malicieux et le merveilleux.
  • Après avoir établi les qualités de l'esprit sur lesquelles son art est fondé, dans son second chapitre, il traite de la nature du mensonge politique, qu'il définit ainsi : "L'art de convaincre le peuple, l'art de lui faire accroire des faussetés salutaires, et cela pour quelque bonne fin."
  • Les différents termes de la définition étant expliqués, il passe au troisième chapitre, où il traite de l'équité du mensonge politique, et fait voir qu'il est licite et permis.
  • Le quatrième chapitre roule tout entier sur cette question de savoir si le gouvernement a seul tout le droit de frapper à son coin les mensonges politiques.
  • Dans son cinquième chapitre, il divise les mensonges politiques en différentes classes et différentes espèces (mensonge de calomnie, d'addition ou d'augmentation et mensonges de translation) : il donne en même temps des préceptes sur les moyens d'inventer, de répandre et de multiplier ces sortes de mensonges.
  • Dans son sixième chapitre, il traite du merveilleux ; et par merveilleux, il entend tout ce qui passe les degrés ordinaires de vraisemblance.
  • Le chapitre septième est employé tout entier à déterminer lequel des deux partis, des Whigs et des Tories, est le plus habile et le plus versé dans l'art du mensonge politique.
  • Dans le chapitre suivant, il parle de quelques génies extraordinaires qui ont paru dans les dernières années et qui se sont distingués principalement par leurs dispositions et leurs rares talents pour le merveilleux.
  • Le huitième chapitre contient un projet pour réunir en un seul corps plusieurs petites sociétés de menteurs.
  • Le neuvième chapitre traite de la célérité et de la durée des mensonges.
  • Dans le dixième chapitre, il traite des marques caractéristiques des mensonges, et de la manière de connaître quand, dans quel endroit et par qui tel et tel mensonge a été inventé.
  • Il emploie le chapitre onzième tout entier à examiner une seule et unique question, savoir si un mensonge est mieux contredit et mieux combattu par une vérité que par un autre mensonge."

 

 

 

 

 

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