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Le pape rencontre les filles de son ancienne responsable assassinée
Une rencontree émouvante pou le pape François avec les filles de son ancienne responsable, lorsqu'il était jeune chimiste, et qui a été assassinée pendant la dictature argentine. ANSA - 'ULTI...
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Esther Balestrino de Careaga (1918-1977), Paraguayenne proche des communistes, devint une des fondatrices des Mères de la place de Mai après l'enlèvement d'une de ses filles et de son gendre. Arrêtée en décembre 1977 avec deux religieuses françaises, elle fut torturée et assassinée, puis jetée dans la mer depuis un avion.
Le pape François l'a bien connue, alors qu'il était encore prêtre. Dans le livre d'entretiens avec Dominique Wolton (Pape François, Rencontres avec Dominique Wolton, Politique et société, un dialogue inédit, Editions de l'Observatoire, p.376 et suivantes), il témoigne à ce sujet :
Dominique Wolton : D'un point de vue personnel, avez-vous rencontré des femmes, après l'enfance et l'adolescence, qui vous ont marqué ?
Pape François : Oui. Il y en une qui m'a appris à penser la réalité politique. Elle était communiste.
Dominique Wolton : Elle est encore vivante ?
Pape François : Non... Pendant la dictature, elle a été... tuée. Elle a été capturée dans le même groupe que deux soeurs françaises, elles étaient ensemble. C'était une chimiste, chef du département où je travaillais, dans le laboratoire bromatologique. C'était une communiste du Paraguay, du Parti qui là-bas s'appelle Febrerista (Parti révolutionnaire fébrériste, fondé en 1951 à Buenos Aires). je me rappelle qu'elle m'avait fait lire la condamnation à mort des Rosenberg ! Elle m'a fait découvrir ce qu'il y avait derrière cette condamnation. Elle m'a donné des livres, tous communistes, mais elle m'a enseigné à penser la politique. Je dois tant à cette femme.
Dominique Wolton : C'est terrible, l'affaire Rosenberg.
Pape François : Étaient-ils vraiment coupables ? Et je me rappelle qu'elle m'a raconté : "Sais-tu que, quand ils leur ont donné la permission de se dire adieu, avant de passer sur la chaise électrique, ils se sont pris les mains, ils se sont enlacés avec les menottes ?" Inhumain. C'est là qu'elle m'a fait comprendre la logique inhumaine de cette politique. Je dois tant à cette femme. Au point que, quand la persécution a commencé, elle m'a fait venir chez elle - j'étais déjà prêtre, mais pas encore provincial. Elle m'a téléphoné pour me dire : "Jorge, ma belle-mère (qui était très catholique) ne va pas bien. Pourquoi ne viendrais-tu pas lui donner l'extrême-onction ?" Alors qu'elle était communiste. "Oui, je viendrai." Je connaissais sa belle-mère. "Alors, viens avec le pick-up, la camionnette, comme ça ce sera plus facile d'entrer dans le quartier." J'ai compris alors qu'elle voulait déménager quelque chose. C'était bien ça. On a emporté ses livres, parce qu'elle avait peur qu'ils débarquent chez elle et trouvent des livres communistes. Elle aurait été arrêtée. Je la voyais souvent, et je l'ai toujours trouvée très respectueuse de mon choix social. Je dois beaucoup à cette femme, parce que c'est la femme qui m'a appris à penser. J'ai retrouvé ses enfants...
Dominique Wolton : Quel était son nom ?
Pape François : Esther Balestrino de Careaga.
Dominique Wolton : Esther, un nom de l'Ancien Testament.
pare François : Oui. elle a eu trois enfants. L'une vit en Suède, les deux autres vivent en Argentine mais elles sont allées à Asuncion, au Paraguay, pour m'y retrouver lorsque j'y suis allé. Elles m'ont répété à quel point leur mère m'aimait. Cette femme m'a vraiment appris à penser."