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Romano Guardini : La Polarité, Essai d'une philosophie du vivant concret
Romano Guardini : La Polarité, Essai d'une philosophie du vivant concret

Romano Guardini, La Polarité, Essai d'une philosophie du vivant concret, (Gegensatzlehre), traduit par Jean Greisch et Françoise Todorovitch, Editions du Cerf, 2010

Romano Guardini, né le 17 février 1885 à Vérone (Italie) et mort le 1er octobre 1968 à Munich (Allemagne), est un prêtre catholique, un théologien et un philosophe de la religion. Guardini fait partie des grands théologiens catholiques du xxe siècle, aux côtés d'Henri de Lubac, Karl Rahner ou Hans Urs von Balthasar. On lui doit en particulier une réflexion approfondie sur la liturgie et il est un des protagonistes majeurs de ce qu'il est convenu d'appeler le Mouvement liturgique.

"Après que nous avons longtemps vécu de formules, la réalité nous redevient aujourd'hui visible. Un monde de qualités, de figures et d'événements. Le monde de la chose. Tout dépend de notre capacité à nous ouvrir pleinement aux choses, en les contemplant, les sentant, les saisissant, et de notre capacité à réellement rencontrer le monde, par la connaissance, l'évaluation, la décision, l'action et la création. Mais si les systèmes mécaniques de concepts s'effondrent, nous pouvons craindre de nous perdre dans la profusion des choses. Il importe certes de se débarrasser du système mécanique qui nous éloigne de la réalité, mais surtout de découvrir son équivalent plus noble et vivant : le sens du charnel. A condition d'être comprise en toute sa profondeur, l'idée de polarité peut y parvenir. Grâce à elle, le réel devient pour nous un espace habité par une profusion de figures de sens que nous pouvons nous approprier, sans pour autant nous y égarer. A côté de ses écrits théologiques et spirituels, Romano Guardini (1885-1968) a laissé une importante oeuvre philosophique qu'on redécouvre aujourd'hui. Lui-même n'a cessé d'affirmer que son esquisse d'une philosophie du vivant-concret, dont on trouve ici la première traduction en langue française, est la meilleure introduction au cœur de sa pensée."

Dans le livre Pape François, rencontres avec Dominique Wolton, Politique et société, un dialogue inédit, Editions de L'observatoire, 2017, le pape François fait allusion à ce livre dans les termes suivants (p.35-36) :

"Dans une tension, il ne faut (donc) pas chercher la synthèse, parce que la synthèse peut détruire. Il faut tendre vers le polyèdre, vers l'unité conservant toutes les diversités, toutes les identités. Le maître dans ce domaine - car je ne veux plagier personne - est Romano Guardini. Guardini est selon moi l'homme qui a tout compris et il l'explique notamment dans son livre Der Gegensatz - je ne sais pas comment c'est traduit en français, mais en italien c'est La Contraposition. ce premier livre qu'il a écrit sur la métaphysique, en 1923, est selon moi son oeuvre maîtresse. Il y a explique ce que l'on peut appeler "la philosophie de la politique", mais à la base de chaque politique, il y a la persuasion et la proximité. L'Eglise doit donc ouvrir des portes. Quand l'Eglise adopte une attitude qui n'est pas juste, elle devient prosélyte. Or le prosélytisme, je ne sais pas si je peux le dire, ce n'est pas très catholique ! (rires)

Dominique Wolton : Reconnaissez que l'Eglise, pendant longtemps, a défendu une conception plus qu'inégalitaire du dialogue. Quel rapport y a-t-il entre le prosélytisme et le dialogue interreligieux ?

Pape François : Le prosélytisme détruit l'unité. Et c'est pour cela que le dialogue inter-religieux ne signifie pas se mettre tous d'accord, non, cela signifie marcher ensemble, chacun avec sa propre identité. C'est comme lorsqu'on part en mission, quand les sœurs ou les prêtres vont dans le monde pour témoigner. La politique de l'Eglise est son propre témoignage. Sortir de soi-même. Témoigner. Permettez-moi de revenir un instant au maître Guardini. Il y a également un tout petit livre sur l'Europe écrit par un de ses inspirateurs Przywara, qui travaille aussi sur ces thèmes-là. Mais le maître des oppositions, des tensions bipolaires comme nous disons, c'est Guardini, qui nous enseigne cette voie de l'unité dans la diversité. Que se passe-t-il avec les fondamentalismes ? Les fondamentalistes s'enferment dans leur propre identité et ne veulent rien entendre d'autre. Il y a aussi un fondamentalisme caché dans la politique mondiale. Car les idéologies ne sont pas capables de faire de la politique. Elles aident à penser - on doit d'ailleurs connaître les idéologies -, mais elles ne sont pas capables de faire de la politique. Nous en avons vu beaucoup au siècle dernier, des idéologies qui ont engendré des systèmes politiques. Et elles ne fonctionnent pas."

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