Gérard Dôle, Les extraordinaires aventures du chevalier Dupin, Les ogres de Montfaucon et autres nouvelles, préface de François Ducos, Terre de Brume, 2004
Table des matières : Préface de François Ducos - Les Ogres de Montfaucon - Le secret du sergent Bertrand - Le gandin au globe d'émail - Le diable dans la musique - Échec et mat - L'énigme du miroir impie - Les ombres de Robertson - La flèche fatale - Le vampire de Prague - Le hanap de bronze - Le châtiment d'Amarante - Le vol de l'albatros - Le drame de Reichenbach
Gérard Dôle est à la fois journaliste, historien, musicien, chanteur, auteur-compositeur et, bien entendu, écrivain. En 1967, il s'essaye à la chanson à texte dans des cabarets de la rive Gauche tels que l'Ecole Buissonnière de René-Louis Lafforgue, L’Écluse, ou L'Echelle de Jacob. Il passe même à Bobino, en 1968, en première partie du récital de Catherine Sauvage et de Guy Béart. Retenons une série de disques qui font de lui un spécialiste de la musique acadienne de Louisianne et un grand amoureux des orgues de barbarie, mêlant parfois musique et littérature populaire comme dans La Chanson de Nestor Burma (1982), en collaboration avec Tardi et Léo Mallet, et La Complainte de Harry Dickson (1984). Gérard Dôle est aussi l'auteur d'une étude savante sur L'Histoire musicale des Acadiens (L'Harmattan, Paris, 1995), et de nombreuses nouvelles fantastiques publiées tant en France qu'aux Etats-Unis qui ressuscitent d'illustres détectives des ténèbres : Auguste Dupin, Harry Dickson, Carnacki, Abraham Van Helsing et Martin Hesselius. Jacques Brel a jadis écrit, parlant de lui : "De la mélancolie à la mélancolie il nous pousse au voyage. Avec lui la tendresse danse de sillon en sillon. Et avec Gérard Dôle il est doux de rêver. Il est urgent de se laisser prendre aux rêves."
"Au départ, il y a Edgar Poe et la trilogie du chevalier Auguste Dupin : Double assassinat dans la rue Morgue (1844), Le Mystère de Marie Roget (1842-1845), La Lettre volée (1844), trois contes traduits par Baudelaire qui les inclura dans Histoires extraordinaires et Histoires grotesques et sérieuses. Ces nouvelles, éditées sans interruption, sont à la base du roman policier moderne. Dans le Paris mouvementé de la Monarchie de Juillet, elles mettent en scène un enquêteur privé, Auguste Dupin, dont les seules facultés d'observation et d'analyse lui permettent de venir à bout de redoutables énigmes judiciaires.
Malheureusement, le lecteur avide des exploits de Dupin, doit se contenter de ces trois textes jusqu'en 1968, année où le Britannique Michael Harrison publia un premier recueil de nouvelles aventures, paru en France sous le titre Le Retour du chevalier Dupin (1990)
Maintenant, voici Gérard Dôle et ses Ogres de Montfaucon ou comment l'illustre Auguste Dupin va nous éblouir à treize reprises. Des hommages inédits, mais pas des imitations, car ici le Paris historique se trouble pour laisser passer l'étrange et la fantasmagorie - ce n'est pas pour rien que l'auteur est aussi celui des nouvelles aventures de Harry Dickson. En résumé, beaucoup de mystère et parfois une touche de fantastique, jusqu'à la surprise finale qui devrait ravir les nombreux passionnés de Sherlock Holmes."
Mon avis sur le livre
Comme on le sait, Edgar Allan Poe, le fondateur du genre n'a écrit en tout et pour tout que trois nouvelles policières : Double assassinat dans la rue Morgue, Le Mystère de Marie Rodget et La Lettre volée dont les "French Philosophers : Derrida, Lacan, Deleuze et quelques autres ont fait leur miel (la troisième nouvelle de Gérard Dôle : Le gandin au globe d'émail est d'ailleurs une réécriture géniale de La Lettre volée)... De quoi laisser sur leur faim les fans du détective "amoureux de la nuit", le chevalier Louis-Auguste Dupin.
Gérard Dôle, plus connu comme chanteur-compositeur et spécialiste de la musique acadienne (un homme qui a décidément plus d'une corde à son violon), a décidé dans les années 2004 d'imaginer d'autres histoires qu'Edgar Poe aurait pu écrire, treize petits bijoux, tous plus étranges, plus étonnants, plus "parisiens", plus fantasmagoriques les uns que les autres.
L'auteur, qui connaît sur le bout des doigts aussi bien son Edgar Poe que les Mémoires de Vidocq et sait tout ce qu'on peut savoir et même au-delà, sur le Paris de la monarchie de Juillet, s'est totalement glissé dans la peau des personnages : tantôt le chevalier Dupin, tantôt le chef de la sûreté parisienne, tantôt le narrateur qui est à Dupin ce que Watson est à Sherlock Holmes. On reste béats d'admiration devant tant d'érudition, d'imagination et de talent. Un régal !