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Christian Bobin, Un bruit de balançoire

Christian Bobin Un bruit de balançoire, L'Iconoclaste/Gallimard, 2017

Christian Bobin est né en 1951 au Creusot. Il est l'auteur d'ouvrages dont les titres s'éclairent les uns les autres comme les fragments d'un seul puzzle. Entre autres : Souveraineté du vide, Le très-Bas, La Part manquante, La plus que vivre, La Présence pure, L'homme-joie, La grande vie, Noireclaire, Un bruit de balançoire et La nuit du coeur. Il a reçu le prix d'Académie 2016 pour l'ensemble de son oeuvre.

Au Japon, Ryôkan (1758-1831) est resté l'un des moines zen les plus célèbres et un poète toujours populaire. Son oeuvre, très personnelle, constitue un pur témoignage d'une vie intérieure intense, toute entière consacrée à la recherche de la Voie. Au coeur d'un Japon qui, en cette fin de l'ère Edo, étouffe sous le poids de la bureaucratie shogunale, qui n'épargne pas les institutions monastiques, le jeune moine rejette les conventions de son temps pour revenir à l'essentiel : le renoncement et la méditation en zazen. Installé dans une modeste hutte au toit de chaume au pied du mont Kugami, il vit de l'aumône ; il ne dispense aucun enseignement, préférant jouer à cache-cache avec les enfants du village. Ses poèmes en chinois classique et ses haïkus, ainsi que ses calligraphies, l'imposent comme l'un des plus fulgurants " nonpenseurs " du Zen. (source : babelio)

"Les livres sont des âmes, les librairies des points d'eau dans le désert du monde."

"Je rêve d'une écriture qui ne ferait pas plus de bruit qu'un rayon de soleil heurtant un verre d'eau fraîche. Ils ont ça au Japon. Un de leurs maîtres du dix-neuvième siècle, Ryôkan, est venu me voir. Vous verrez : il n'a qu'une présence discrète dans le manuscrit. Il se cache derrière le feuillage de l'encre comme le coucou dans la forêt. c'est que je crois qu'il est vital aujourd'hui de prendre le contrepied des tambours modernes : désenchantement, raillerie, nihilisme. Ce qui nous sauvera - si quelque chose doit nous sauver- c'est la simplicité inouïe d'une parole. Ryôkan, je ne le connaissais pas il y a deux ans. Et puis je le découvre et je revois des pans de ma vie : moi aussi j'avais trente ans, aucune place dans le monde, comblé de jouer pendant des heures avec des enfants. Moi aussi j'aimais - et j'aime de plus en plus à présent qu'ils sont menacés - la course des nuages, les joues timides de l'automne, le bleu bravache des étés. Je n'ai pas écrit un livre sur Ryôkan mais un livre avec lui. C'est assez simple : je ne crois qu'au concret, au singulier. Aux maladresses de l'humain - pas au prestige des machines. Les livres sont des âmes, les librairies des points d'eau dans le désert du monde. Les lettres manuscrites sont comme les feuilles d'automne : parfois un enfant ramasse l'une d'elles, y déchiffre l'ampleur d'une vie en feu, à venir. Ce qui parle à notre coeur - enfant est ce qu'il y a de plus profond. J'essaye d'aller par là. J'essaye seulement."

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