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Bernard Capo, Signé Alain-Fournier

Signé Alain-Fournier, scenario et dessins : Bernard Capo, maquette et mise en couleurs : Antoine Brunet, BULLE BERRY Editions, décembre 2019

Alain-Fournier : 

Fils d'un instituteur, Alain-Fournier passe son enfance dans le sud du Berry, puis ira sur Paris suivre ses études dès le secondaire. En 1901, voulant devenir marin, il entre au lycée de Brest pour se préparer à l'Ecole normale supérieure au lycée Lakanal où il rencontre son ami Jacques Rivière, avec lequel il entretient une correspondance jusqu'en 1914. Échouant à l'Ecole normale, il entre dans l'armée où il sera élève-officier puis sous-lieutenant. Après son service, il entre en 1910 comme rédacteur à Paris-Journal et commence parallèlement l'écriture du Grand Meaulnes. Trois ans plus tard, le roman paraît dans la Nouvelle Revue française puis, édité chez Emile-Paul il frôle le prix Goncourt (d' une voix). En 1914, Alain-Fournier se lance dans l'écriture d'une pièce de théâtre La Maison dans la forêt. Cette même année, mobilisé dès le début de la guerre, il sera tué à Dommartin-la-Montagne. (Source : Evene) 

Bernard Capo : 

Bernard Capo est un dessinateur et scénariste de bande dessinée né à Bourges (dans le Cher) en 1950 de mère allemande et de père espagnol. Après avoir défendu les couleurs de la chanson française comme auteur-compositeur-interprète pendant plus de quinze ans, Bernard Capo entre en BD en 1988 avec la série “Loïc Francœur” (Lombard). Il compte à ce jour une vingtaine d'albums à son actif : Les Teutoniques, Les Grandes Heures de Bourges, Les Marchés de France, Les Hospitaliers de Malte, etc. En mars 2001, paraît chez Casterman Le réveil du dragon, premier tome de la série “Tombelaine” sur un scénario de Gilles Chaillet. (source : Texte © Casterman). Fin 2011, en plein accord avec Agathe Rivière Corre, petite nièce d'Alain-Fournier, Bernard Capo livre une extraordinaire adaptation du roman Le Grand Meaulnes. Très fidèle, l'ouvrage s'attache à retrouver la Sologne et le Berry, leurs couleurs et leurs mystères. Les campagnes françaises d'avant la Première Guerre mondiale sont remarquablement mises en scènes que ce soit par les dessins de l'école,  à la Chapelle-d'Angillon dans le Cher, du village ou encore du château d'Yvonne de Galais.

Cette biographie écrite et dessinée  de l'auteur du Grand Meaulnes Signé Alain-Fournier, est sa toute dernière oeuvre.

Quatrième de couverture de la B.D. :

"Henri-Alban Fournier, né le 30 octobre 1886 à la Chapelle-d'Angillon dans le Cher, devint mondialement célèbre sous le semi-pseudonyme d'Alain-Fournier, grâce à son unique roman, Le Grand Meaulnes, paru le 15 septembre 1913. Il n'eut guère le temps de profiter de sa gloire. Il fut tué au combat près de Verdun, au tout début de la Grande Guerre, le 22 septembre 1914, quelques jours après son grand ami Charles Péguy. Il allait avoir 28 ans. Mais si des millions de lecteurs connaissent son oeuvre, qui connaît l'homme, ses joies, ses peines, ses amis, ses amours ?"

Préface de Patrick Martinat, journaliste et écrivain : 

"Peu d'écrivains ont romancé de façon aussi précisément collée à la réalité leur propre vie comme Alain-Fournier.

Peu de romans ont réussi une telle osmose avec leur auteur comme Le Grand Meaulnes. La signature et le titre sont indissociables dans les mémoires.

Il est vrai que Fournier fait partie du cercle très fermé des auteurs d'un roman unique, dont le succès universel a fait graver leurs noms au fronton du panthéon des parutions.

Fauché au combat à 28 ans, alors que la "der des ders" n'avait pas deux mois, il laissait suffisamment de munitions pour que la postérité le distingue d'une légende.

L'esquisse de son portrait, parue deux ans avant la sortie du Grand Meaulnes (en 1911) dans L'Intransigeant est pour le moins flatteuse : "Grand, correct, le visage adorné d'une moustache adolescente, l'air réservé d'un jeune sphinx (...) Alain-Fournier cache une âme héroïque et bien moderne sous les aspects d'un sage antique. Son talent n'est pas plus exubérant que sa personne (...) Il aime André Gide et Claudel, il songe (...) Il est de ceux dont on doit respecter le silence". Il venait de publier les Miracles"...

Dommage que légende et silence aient d'abord servi à tisser à ce "jeune sphinx" un épais linceul, quand sa nature méritait un voile plus léger.

Idéalisée, sinon sacralisée, par des proches autoproclamés gardiens du temple, l'image de ce jeune homme s'est réduite à une icône en deux dimensions, la droiture en abscisses et la distance en ordonnées. Manquait le relief, les aspérités qui humanisent, ces petits riens qui martèlent le moule de la statue jusqu'à l'émietter afin de libérer l'âme, sinon inconditionnellement "héroïque", tout au moins véritablement "bien moderne".

la B.D. s'autorise désormais ce sacrilège salutaire en offrant à ce genre de silhouettes télébreuses et lointaines des costumes d'images mieux taillés sur mesure, rendant les modèles plus familiers. Plus sympathiques. On découvre du coup que le héros artificiellement éthéré a douté, a trébuché, a aimé, a souffert, a parfois échoué, a connu le bonheur, avant d'être balayé par un destin qui le condamnait à l'inachevé.

Il est de mode chez certains pisse-froids de considérer Le Grand Meaulnes, qui fut l'un des romans les plus lus au monde, comme une bluette, ou peu s'en faut. Reconnaissons que c'est le roman d'une époque révolue, écrit par un écrivain d'un autre temps, sans pour autant jeter la plume avec l'encre. C'est avec ces mêmes armes que Bernard Capo retouche sensiblement l'homme et l'oeuvre. Car enfin ! Restent les aspirations adolescentes hors d'âge et un écrivain qui "cisèle le style".

Au même titre que celui de Poe et de Julien Gracq, Romain Gary exécrait le style d'Alain-Fournier, reprochant l'excès de velours aux trois pattes. Gageons que cet autre combattant aux deux Goncourt (Fournier le rata la même année que Proust, et Gracq le refusa), aurait pu se réconcilier avec l'amateur de femmes... " 

Citations d'Alain-Fournier :

"Je serai le nocturne passeur des pauvres âmes, des pauvres vies. Je les passerais sur les rives de mon pays, où toutes choses sont vues dans leur secrète beauté."

"Peut-être quand nous mourrons, peut-être la mort seule nous donnera la clef et la suite et la fin de cette aventure manquée."

"Mais un homme qui a fait une fois un bond dans le Paradis, comment pourrait-il s’accommoder ensuite de la vie de tout le monde ?"

Mon avis sur la BD :

Cette BD dont la première de couverture s'orne  d'un portrait en nuances sépias de l'auteur du Grand Meaulnes avec en arrière plan la maison-école d'Epineuil-le-Fleuriel, vient de sortir tout récemment.

A l'instar de la biographie décapante d'Ariane Charton, loin de l'hagiographie des gardiens du culte, l'auteur nous restitue (en noir et blanc) l'auteur du Grand Meaulnes dans toute sa densité humaine et charnelle.

Loin du cliché d'un idéaliste passéiste et éthéré et d'un bigot patriote, on y découvre un esprit libre qui détestait la vie militaire et qui connut de grands moments de doute... Un homme épris de modernité, amoureux des femmes, autrement que "de loin", même si le modèle d'Yvonne de Galais est resté l'amour (impossible) de sa vie.


 

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