Christian Jacq, Le voyage initiatique ou Les trente-trois degrés de la sagesse, Pocket, 1996
L'auteur :
Christian Jacq est né à Paris en 1947. Il découvre l'Egypte à treize ans, à travers ses lectures, et se rend pour la première fois au pays des pharaons quatre ans plus tard. Après des études de philosophie et de Lettres classiques, il s'oriente vers l'archéologie et l'égyptologie, et obtient un doctorat d'études égyptologiques à la Sorbonne avec pour sujet de thèse : Le voyage dans l'autre monde selon l'Egypte ancienne. Il a écrit de très nombreux ouvrages sur l'Egypte antique, son sujet de prédilection, ainsi que des romans policiers ayant pour héros le très British inspecteur Higgins. Producteur délégué à France Culture, il travaille notamment pour les chemins de la connaissance.
Sommaire :
Préface à l'édition de poche - Présentation - Du 1er au 7ème degré : Les obstacles à l'initiation - Les petits mystères : De l'Arbre sec à la Lune - 8ème degré : L'Arbre sec ou la première prise de conscience - 9ème degré : L'Aigle ou l'intuition de la lumière - 10ème degré : Le Taureau ou l'intuition de la création en esprit - 11ème degré : Les Masques ou la dualité - 12ème degré : Le Dragon ou l'éveil conscient de la foi - : 13ème degré : Le Dauphin ou le salut toujours possible pour qui le désire - 14ème degré : La Colombe ou la pureté rénovatrice - 15ème degré : L'Eléphant ou l'intelligence réceptive - 16ème degré : Le Serpent ou l'intelligence agissante - 17ème degré : L'Epée ou la perception de l'axe de lumière - 18ème degré : La Lune ou la réceptivité consciente - 19ème degré : La passage de la Lune au Soleil - Les grands mystères : Du Soleil à l'Arbre fleuri : 20ème degré : Le Soleil ou la création intemporelle - 21ème dégré : La Tempérance - 22ème degré : L'Homme au bandeau ou la contemplation du sacré - 23ème degré : Le Pelican ou Foi, espérance, Charité - 24ème degré : Le Phénix ou le Feu éternel - 25ème degré : L'Aigle ou la royauté céleste - 26ème degré : Le premier Lion ou la royauté terrestre - 27ème au 30ème degré : les quatre personnages à l'amphore - 31ème degré : Le Lion ailé ou la royauté flamboyante - 32ème degré : L'Ange ou l'Homme à l'image de dieu - 33ème degré : L'arbre fleuri ou la communauté des bâtisseurs - Propos de table.
L'oeuvre :
"Les sculptures romanes proposent souvent à l'homme un message spirituel. Ainsi, celles de la cathédrale de Metz illustrent les trente-trois degrés de la sagesse conduisant l'homme à la connaissance. De la graine au fruit, de l'arbre sec à l'arbre fleuri, le chemin est long et parfois périlleux qui mène, d'épreuves en défis, à la connaissance de soi et à l'accomplissement. Christian Jacq nous invite ici à une rencontre magique avec un authentique Maître d'oeuvre et nous livre un message d'une étonnante modernité."
"Le Voyage initiatique décrit une série de sculptures, dans l’entrée sud de la cathédrale de Metz, représentant de petits personnages et des symboles comme révélateur d’un parcours d’initiation des bâtisseurs de cathédrale et par extension des étapes de toute évolution spirituelle.
Ces sculptures symboliques se retrouvent fréquemment dans les cathédrales et les églises (romanes et gothiques), mais la cathédrale de Metz a la particularité d’en représenter trente-trois dans un ordre particulier et toutes dans un même lieu.
Cette série débute avec l’arbre sec, symbole du candidat à l’initiation encore immergé dans le monde profane. L’arbre sec correspond à la parole du Christ : « tu passes pour vivant, mais tu es mort » (Ap 3:1). Le chemin se termine avec l’arbre fleuri, symbole de l’initié, qui par la connaissance et le respect des lois divines, a permis à l’Arbre de Vie de ressusciter en lui.
À ses trente-trois degrés s’ajoutent sept représentations des vices qui barrent le chemin de l’initiation. Ces représentations des vices sont surplombés par une statue de la Vierge à l’Enfant, symbole des vertus de l’âme humaine."
Préface à l'édition de poche:
"Ces dernières années, nombreuses furent les publications qui réhabilitèrent la pensée médiévale. On ne considère plus, aujourd'hui, le Moyen Âge comme un âge "moyen", quelque peu obscur. Alors que notre époque à finalité matérialiste souffre d'une cruelle absence de valeurs spirituelles et s'engouffre dans des voies sans issue, qu'elles soient dogmatiques ou sectaires,le Moyen Âge des cathédrales apparaît comme un temps vivifiant, porteur de liberté et d'espérance.
Certes, tout ne fut pas lumineux ; mais il reste que le Moyen Âge a connu une véritable épopée de l'esprit, uni à la main, qui se traduisit par la construction, en Europe, de milliers d'édifices, modestes ou grandioses, mais surtout porteurs de sens.
Parmi eux, la cathédrale de Metz offre aux regards des pèlerins un bien étrange portail dont les trente-trois degrés semblent raconter une histoire. C'est en tentant de la comprendre qu'il m'a été donné de rencontrer Pierre Deloeuvre, un authentique héritier des bâtisseurs. Lui savait déchiffrer ces hiéroglyphes qui composent une langue symbolique d'une surprenante actualité.
De son point de vue, les symboles n'étaient pas des conventions, mais un chemin. Un chemin qui permet de communiquer avec l'invisible, d'entendre cette voix du mystère qui imprègne la nature entière et dont seul l'homme, lorsqu'il veut tout expliquer et réduire à sa petitesse, se détourne.
De nombreuses études ont démontré les liens entre la symbolique de l'ancienne Egypte et celle du Moyen-Âge ; il n'y eut pas rupture de la tradition, mais adaptation et modification des formes. Les premiers bénédictins, notamment, prolongèrent l'oeuvre des moines d'Egypte, dont la Règle s'inspirait, pour une part, de celle des initiés des derniers temples de l'époque ptolémaïques. Retrouver à Metz, le langage hiéroglyphique sous la forme de sculptures médiévales, fut une émotion profonde.
"Le symbole dit et ne dit pas", écrivait Henry Corbin, "il s'épanouit au fur et à mesure que chaque conscience est appelée par lui à éclore." C'est cette méthode-là, à mon sens, que Pierre Deloeuvre utilisait ; il ouvrait des portes à l'infini et conviait la pensée à s'aventurer dans un monde où les pierres parlaient.
Pour les bâtisseurs, l'homme n'est pas "fini", il est à construire ; et c'est en bâtissant le temple qu'il se bâtit lui-même, selon leur maxime favorite, "ce que tu fais te fait". Et comme l'indique A.K. Coomaraswamy, "nous ne disposons d'aucun autre langage que le symbole pour parler de l'ultime réalité."
Le chemin initiatique que décrivent les sculptures de Metz n'est pas facile, les épreuves sont rudes car, face au symbole, seule compte l'authenticité de l'être. Mais que de paysages merveilleux à découvrir, lorsqu'on pénètre dans l'univers d'une cathédrale, qui est elle-même le reflet de la spiritualité de l'univers !
Le parcours que révèle Pierre Deloeuvre va d'un arbre sec à un arbre fleuri, d'une vision égoïste et stérile de la vie à une vision que l'on pourrait qualifier de "communiante", dans la mesure où elle inclut les multiples états de conscience évoqués par les symboles. Bref, autant d'étapes, autant de "qualités" que l'être peut construire s'il suit le chemin indiqué par les bâtisseurs.
Ce livre est un témoignage relatif à plusieurs rencontres : avec un Maître d'Oeuvre, avec une tradition initiatique, avec un chemin symbolique cohérent, avec une spiritualité éternelle sous sa forme médiévale.
Conformément à la Règle des bâtisseurs, Pierre Deloeuvre s'en est allé construire d'autres édifices en d'autres orients ; mais demeure ce portail aux trente-trois figures, toujours prêtes à dialoguer avec quiconque souhaite les interroger."