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Balzac, Le Père Goriot, le portrait de Madame Vauquer (Texte + questions)
Balzac, Le Père Goriot, le portrait de Madame Vauquer (Texte + questions)

L'auteur : Né à Tours le 20 mai 1799 (1er prairial an VII du calendrier républicain) et mort à Paris le 18 août 1850 (à 51 ans),  Honoré de Balzac est un écrivain français. Romancier, dramaturge, critique littéraire, critique d'art, essayiste, journaliste et imprimeur, il a laissé l'une des plus imposantes œuvres romanesques de la littérature française, avec plus de quatre-vingt-dix romans et nouvelles parus de 1829 à 1855, réunis sous le titre "La Comédie humaine". À cela s'ajoutent Les Cent Contes drolatiques, ainsi que des romans de jeunesse publiés sous des pseudonymes et quelque vingt-cinq œuvres ébauchées.

Le Père Goriot est un roman d’Honoré de Balzac, commencé à Saché en 1834, dont la publication commence dans la Revue de Paris et qui paraît en 1842 en librairie. Il fait partie des "Scènes de la vie privée" de "La Comédie humaine". Le Père Goriot établit les bases de ce qui deviendra un véritable édifice : "La Comédie humaine", construction littéraire unique en son genre, avec des liens entre les volumes, des passerelles, des références. (source : wikipedia)

Le texte à expliquer : 

Madame Vauquer dirige depuis quarante ans une pension bourgeoise, à Paris, rue Neuve-Sainte-Geneviève.

"Cette pièce est dans tout son lustre (1) au moment où, vers sept heures du matin, le chat de Mme Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d’assiettes, et fait entendre son rourou matinal. Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis, elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées (2). Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu de laquelle sort un nez à bec de perroquet ; ses petites mains potelées, sa personne dodue comme un rat d’église, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle où suinte le malheur, où s’est blottie la spéculation, et dont Mme Vauquer respire l’air chaudement fétide sans en être écœurée. Sa figure fraîche comme une première gelée d’automne, ses yeux ridés, dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l’amer renfrognement de l’escompteur (3), enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sans l’argousin (4), vous n’imaginez pas l’un sans l’autre. L’embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus (5) est la conséquence des exhalaisons d’un hôpital. Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s’échappe par les fentes de l’étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est là, le spectacle est complet. Âgée d’environ cinquante ans, Mme Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l’œil vitreux, l’air innocent d’une entremetteuse (6) qui va gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d’ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru (7), si Georges ou Pichegru étaient encore à livrer. Néanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l’entendant geindre et tousser comme eux. Qu’avait été M. Vauquer ? Elle ne s’expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune ? Dans les malheurs, répondait-elle. Il s’était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre, et le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu’il est possible de souffrir. En entendant trottiner sa maîtresse, la grosse Sylvie, la cuisinière, s’empressait de servir le déjeuner des pensionnaires internes."

Honoré de Balzac, Le Père Goriot, 1834-1835

Notes :

1 - Lustre : éclat.
2 - Grimacer : ici, faire un faux pli.
3 - Escompteur: personne qui avance une somme d'argent moyennant un intérêt.
4 - Argousin : surveillant, gardien.
5 - Typhus : maladie infectieuse.
6 - Entremetteuse : femme qui sert d'intermédiaire dans une relation amoureuse ou un mariage.
7 - Georges Cadoudal et Charles Pichegru : royalistes qui complotèrent contre Bonaparte.

Questions sur le texte : 

1. En quoi ce texte est-il réaliste (décor, personnage)

2. En quoi le portrait de Madame Vauquer est-il dépréciatif ?

3. En quoi est-il caricatural ? (relever notamment les comparaisons animales)

4. En quoi Madame Vauquer ressemble-t-elle à sa pension ?

5. Montrez que le narrateur propose trois visions différentes de ce personnage.

6. En quoi Mme Vauquer est-elle un personnage balzacien typique ?

 

 

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