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"L'imaginaire même a sa vérité que le romancier connaît bien et le lecteur aussi : un personnage est vrai quand sa cohérence interne, quand sa présence complète dans l'imagination commande à son créateur et fait la conviction du lecteur." (Paul Ricoeur, Histoire et Vérité, Seuil, p. 198)

Introduction :

Avec l'usurier Gobseck, la veuve Vauquer fait incontestablement partie des "monstres" les plus mémorables de "La Comédie humaine" d'Honoré de Balzac. Paru en 1842. Le Père Goriot a pour thème l'amour paternel mal payé de retour de Jean-Joachim Goriot ("Le Père Goriot") envers ses deux filles. Le roman s'ouvre en 1819 avec la description d'une pension de famille parisienne située rue Neuve-Sainte-Geneviève, à Paris, où vivent les personnages principaux du roman : Le Père Goriot, Rastignac, Vautrin, Horace Bianchon...

Nous assistons dans ce texte à "l'entrée en scène" de la patronne de la pension : Madame Vauquer.

Comment ce personnage est-il décrit ?

Nous montrerons dans une première partie le parti pris réaliste du texte, puis sa dimension tragi-comique. Nous montrerons que la veuve Vauquer et sa pension ne font qu'un et nous nous intéresserons enfin aux conceptions balzaciennes qui sous-tendent le texte, notamment à la notion de "personnage".

I. Le portrait de Mme. Vauquer : 

a) Un décor et un personnage réaliste :

L'extrait est marqué par des détails qui produisent un "effet de réel" : la précision concernant l'heure : "sept heures du matin", un animal en mouvement dont l'agilité contraste avec la lenteur de la veuve Vauquer : "le chat de Mme. Vauquer précède sa maîtresse, saute sur les buffets, y flaire le lait que contiennent plusieurs jattes couvertes d'assiettes, et fait entendre son ronrou matinal", l'ameublement : "les buffets", les objets : plusieurs jattes couvertes d'assiettes". Plusieurs sens sont sollicités. La vue, l'odorat : "y flaire le lait", l'ouïe : "fait entendre son ronrou matinal". La scène est évoquée au présent itératif, ce qui laisse supposer qu'il s'agit d'une scène qui se répète tous les matins comme un rite immuable.

Madame Vauquer n'est pas le personnage principal de l'histoire, mais elle est la première à apparaître, après son chat ; elle est décrite de manière réaliste, sans aucune idéalisation. Il ne s'agit pas d'une description exhaustive. Le narrateur choisit des détails significatifs : sa démarche, ses vêtements, sa perruque, ses pantoufles, sa figure, son nez, ses mains, ses yeux... Le narrateur mêle comme au hasard les détails physiques et les détails vestimentaires, comme si l'on n'arrivait pas très bien à distinguer ses vêtements de son corps.

Le narrateur précise l'âge de Mme. Vauquer : "environ 50 ans", un âge avancé à l'époque, d'autant que la veuve paraît prématurément vieillie. 

b) Une apparition tragi-comique : 

La veuve Vauquer est présentée comme un personnage qui inspire la pitié : elle  perd ses cheveux et porte une perruque ("son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de cheveux mal mis"), elle est âgée pour l'époque, elle marche avec peine ("elle marche en trainassant ses pantoufles grimacées"), elle a un air maladif ("embonpoint blafard"), "Mme. Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs", les pensionnaires l'entendent "geindre et tousser", elle prétend que son mari s'est mal conduit envers elle et qu'elle a perdu sa fortune ("son mari ne lui avait laissé que ses yeux pour pleurer, cette maison pour vivre") et "avoir souffert tout ce qu'il est possible de souffrir". Mais on peut penser qu'il y a une part de comédie dans son comportement : ne cherche-t-elle pas à s'attirer la compassion des pensionnaires ?

Le portrait se caractérise, cependant par la présence de nombreux modalisateurs dépréciatifs qui en font une véritable caricature. Le narrateur insiste sur son inélégance, sa paresse et son laisser-aller : "attifée de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis, elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées" (assonance sur la voyelle "a"), son corsage trop plein et qui flotte", sa vieillesse : "sa face vieillotte (...), son embonpoint : "grassouillette", "ses petites mains potelées", "sa personne dodue", sa figure flétrie qu'il qualifie ironiquement de "fraîche comme une première gelée d'automne". 

La dimension caricaturale se traduit également par l'exagération de certains traits physiques, ainsi que par des métaphores animales : "sa face vieillotte, grassouillette, du milieu duquel sort un nez à bec de perroquet" qui peut, signifier la rapacité, "sa personne dodue comme un rat d'église" : elle a trouvé refuge dans cette pension et dans cette salle "où s'est blottie la spéculation" (l'argent que lui font gagner les pensionnaires sur lesquels elle "spécule" comme un boursicoteur) comme un rat dans une église, c'est-à-dire comme une bigote, une dévote. L'expression "rat d'église" signifie également un pauvre, un misérable et connote la pauvreté ("gueux comme un rat d'église"). L'expression "rat d'église fait également penser à la fable de La Fontaine, "Le rat qui s'est retiré du monde : 

"Les Levantins en leur légende
Disent qu'un certain Rat las des soins d'ici-bas,
Dans un fromage de Hollande
Se retira loin du tracas..."

Pour Albert Béguin, "il ne s'agit nullement pour Balzac de peindre la réalité courante, mais au contraire d'en pousser tous les détails à l'hyperbole, de contraindre un spectacle quotidien à se métamorphoser en vision". Cette faculté de visionnaire "permet à Balzac de donner au monde de l'expérience commune le relief saisissant d'une hallucination ou d'une fantasmagorie".

"J’aime les êtres exceptionnels, écrit Balzac à George Sand, j’en suis un. Il m’en faut d’ailleurs pour faire ressortir mes êtres vulgaires et je ne les sacrifie jamais sans nécessité. Mais ces êtres vulgaires m’intéressent plus qu’ils ne vous intéressent. Je les grandis, je les idéalise, en sens inverse, dans leur laideur ou leur bêtise. Je donne à leurs difformités des proportions effrayantes ou grotesques."

c) La polyphonie énonciative : un triple point de vue

Le narrateur n'a pas recours, comme Flaubert au début de L'Education sentimentale, au point de vue omniscient, mais donne d'abord son point de vue sur Mme Vauquer, puis ce qu'en pensent ses pensionnaires, en fonction de l'image que Mme. Vauquer veut donner d'elle-même. 

L'évocation tragi-comique de Mme. Vauquer se poursuit par des notations de plus en plus inquiétantes (gradation) sur son caractère. La ruse, l'avarice, le calcul : "ses yeux ridés, dont l'expression passe du sourire prescrit aux danseuses (c'est-à-dire froid et artificiel) à l'amer renfrognement de l'escompteur" (escompteur = usurier). L'avidité, la dissimulation, l'absence de scrupules, la traîtrise : "elle a l'œil vitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, mais d'ailleurs prête à tout pour adoucir son sort, à livrer Georges ou Pichegru, si Georges et Pichegru étaient encore à livrer". 

L'allusion au bagne préfigure la suite du roman : Vautrin, l'un des pensionnaires est justement un ancien bagnard, Jacques Colin, dit "Trompe la mort", évadé du bagne de Toulon ; il sera dénoncé à la police par un couple de pensionnaires, M. Poiret et Mlle. Michonneau. La dernière phrase : "En entendant trottiner - expression plaisante qui rappelle la comparaison de Mme. Vauquer avec un rat d'église -  sa maîtresse, la grosse Sylvie, la cuisinière s'empressait de servir le déjeuner des pensionnaires internes", indique qu'elle  ne doit pas être commode et qu'elle peut inspirer la crainte.

Une phrase prononcée au discours indirect par Mme. Vauquer elle-même suggère qu'elle se justifie de manquer de compassion : "(son mari) lui avait laissé le droit de ne compatir à aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avait souffert tout ce qu'il est possible de souffrir".

Il ressort de ce portait que Mme. Vauquer est une personne égoïste,  à la moralité douteuse, prête à tout pour de l'argent. Mais ce portait est déduit par le narrateur non d'un savoir effectif, mais d'une lecture herméneutique, d'une interprétation de son aspect physique et vestimentaire. Il ne dit pas, par exemple, que Mme. Vauquer a dénoncé des gens, mais qu'elle a l'air de quelqu'un qui est capable de le faire, ce qui n'est pas tout à fait la même chose. 

Cette "lecture" ne provient pas d'une connaissance omnisciente que le narrateur aurait de Mme. Vauquer, de son passé et de sa "vraie" nature, mais d'une théorie selon laquelle il existe une correspondance entre l'aspect physique d'une personne et son caractère : la physiognomonie. L'écrivain est donc avant tout un lecteur de signes, un voyant et un "devin". Mme. Vauquer est plus que la patronne de la pension Vauquer et une "femme qui a eu du malheur" comme le dit la langue populaire. A la fois victime et bourreau, elle est le symbole vivant d'un système social impitoyable où règne l'hypocrisie, le pouvoir de l'argent, la corruption, "les eaux glacées du calcul égoïste" comme dit le jeune Karl Marx et dont elle porte les stigmates, tout comme sa pension en est le symbole matériel.

Le portrait se poursuit à travers un discours narrativisé qui évoque le point de vue non plus du narrateur, mais de ses pensionnaires sur Mme. Vauquer, un point de vue dont la naïveté contraste avec la cruelle lucidité du narrateur : "Néanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui la croient sans fortune en l'entendant geindre et tousser comme eux". On peut parler ici de "polyphonie énonciative" : il y a plusieurs énoncés divergents sur le même "objet".

Le narrateur rapporte un dialogue au discours direct et indirect libre entre Mme. Vauquer et ses pensionnaires : "Qu'avait été Monsieur Vauquer ? Elle ne s'expliquait jamais sur le défunt. Comment avait-il perdu sa fortune ? Dans les malheurs, répondait-elle, il s'était mal conduit envers elle, ne lui avait laissé que les yeux pour pleurer, cette maison pour vivre...", suscitant chez le lecteur une certaine perplexité : Est-elle capable du pire ? Est-elle "bonne femme au fond" ? Est-elle riche ? Est-elle pauvre ? Est-elle généreuse ? Est-elle avare ? Comment en est-elle arrivée à ce degré de déchéance ?

Ces questions, les pensionnaires perpétuellement curieux de la vie des autres,  se les poseront aussi sur le père Grandet en se trompant totalement jusqu'à ce qu'ils découvrent  la vérité, grâce à Rastignac.

II. Madame Vauquer, symbole de sa pension :

a) La dimension théâtrale du texte :

La dimension théâtrale du texte est signalée dès le début par le syllepse de sens, doublé d'une antiphrase (figure ironique) sur le mot pièce : "Cette pièce est dans tout son lustre" et par l'entrée en scène d'un premier personnage à la scène 1 de l'acte I : "Bientôt la veuve se montre". Le narrateur joue sur l'étymologie du mot "monstre" qui vient de montrer et emploie une tournure familière et peu respectueuse : "la veuve".

La veuve Vauquer, on l'a dit, n'est pas le personnage principal de la pièce, mais elle est comme le symbole du drame qui va se jouer : le drame (ou le mélodrame) de la misère et du malheur, de l'ambition et du crime. Comme dans une pièce de théâtre, il y a donc un décor : la salle à manger et le salon où se rassemblent les pensionnaires, des accessoires (le mobilier, les jattes, les assiettes) et des personnages.

La dimension théâtrale du texte est confirmé à la ligne 15 : "Quand elle est là, le spectacle est complet".

Balzac a donné pour titre à l'ensemble de son œuvre "la Comédie humaine". Pour lui, le monde est un théâtre où les gens incarnent des "personnages" Mme. Vauquer joue le rôle d'une tenancière de pension, Rastignac de l'étudiant pauvre, puis du jeune homme ambitieux, le père Goriot, celui du "Christ de la paternité". Seuls certains d'entre eux s'extraient de la comédie par leur compétence et leur dévouement, comme Horace Bianchon, le "carabin",  ami de Rastignac qui ranime Vautrin et soigne le père Goriot.

Certains personnages comme Mme. Vauquer ne changent pas et sont vraiment ce dont ils ont l'air, certains évoluent, comme Rastignac, certains ont plusieurs personnalités, comme Vautrin. 

b) Les liens entre Mme. Vauquer et sa pension :

La pension de Madame Vauquer ne porte pas d'autre nom que le sien : "La pension Vauquer". Le narrateur souligne par un chiasme les liens étroits, pour ainsi dire consubstantiels qui l'unissent aux lieux : "Enfin toute sa personne explique la pension, comme la pension implique sa personne". A travers ce portrait, Balzac développe l'idée qu'un individu est indissociable du milieu où il vit, une idée que Balzac va développer tout au long de "La comédie humaine".

Cette identification a été préparée dès l'incipit du roman par la longue description de la "pension Vauquer" dont le narrateur fait à la fois un décor de la pièce qui va s'y jouer et un personnage à part entière. Le narrateur souligne le fait qu'elle y est comme un poisson dans l'eau : "Mme. Vauquer respire l'air chaudement fétide sans en être écœurée" ; toute sa personne est "en harmonie avec cette salle où suinte le malheur" et qui ressemble à un bagne dont elle serait "l'argousin" (la gardienne) et à un hospice.

Le narrateur insiste sur le lien très étroit (métonymique) qui unit la veuve Vauquer à sa pension en utilisant l'hypallage "lézardée" qui s'applique plutôt à un mur qu'à l'étoffe d'un vêtement : "Son jupon de laine tricotée, qui dépasse sa première jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s'échappe par les fentes de l'étoffe lézardée, résume le salon, la salle à manger, le jardinet, annonce la cuisine et fait pressentir les pensionnaires."

c) Un personnage typiquement balzacien :

La description de Mme. Vauquer est représentative du personnage balzacien : elle a un nom (Mme. Vauquer), un âge (50 ans), un statut (veuve), un métier (patronne de pension) qui lui assignent une place précise dans la société, elle vit dans un environnement spécifique avec lequel est en symbiose, sa personnalité correspond à son aspect physique. Elle est victime de sa destinée. Elle est dotée d'un caractère inné ; elle est ce dont elle a l'air ; chez elle, le signifiant et le signifié ne font qu'un, son essence, pour parler comme Jean-Paul Sartre, précède et absorbe son existence tout entière, elle est moins une individualité marquée qu'un type humain, un archétype : "Mme. Vauquer ressemble à toutes les femmes qui ont eu des malheurs". Cette conception "essentialiste" du personnage de roman sera remise en cause par le "Nouveau Roman" (Nathalie Sarraut, Alain Robbe-Grillet, Marguerite Duras) dans la deuxième moitié du XXème siècle.

Le narrateur-auteur glisse par ailleurs des remarques d'ordre social et psychologique, voire esthétique qui traduisent des préoccupations et des théories personnelles : influence du milieu sur le physique et le caractère, préoccupations "hygiénistes" : La pension est comparée à un hôpital (un asile pour les indigents) : "L'embonpoint blafard de cette petite femme est le produit de cette vie, comme le typhus est la conséquence des exhalaisons de l'hôpital". Croyance en la "physiognomonie" (Lavater, Lombroso), c'est-à-dire à la correspondance entre l'aspect physique d'un personnage et son caractère. Préoccupations esthétiques : Balzac cherche à estomper les barrières entre les genres (la peinture et la littérature dans Le chef d'œuvre inconnu). Ici, entre le théâtre et le roman, le roman d'analyse et le roman feuilleton.

Note 1 : L'hygiénisme est le principe selon lequel les pratiques politiques, sociales, architecturales et urbanistiques doivent suivre les règles de préservation de l'hygiène et de la prévention en santé publique, selon les prescriptions médicales et éventuellement diététiques. La démarche de ses représentants est de guider la décision politique dans la gestion des masses par les apports des sciences, telles que l'épidémiologie ou la démographie, dans une optique d'optimisation des coûts sociaux et d'épanouissement de l'individu. Cela a pu passer, par exemple, par le fait de concevoir des immeubles collectifs laissant pénétrer la lumière et la verdure, construire dans les hôpitaux des pavillons distincts pour chaque pathologie, relier les immeubles à l'égout, rendre obligatoire les poubelles, ou organiser au niveau des municipalités des centres aérés pour les enfants. (source : Wikipédia)

Note 2  : La physiognomonie est une méthode fondée sur l'idée que l'observation de l'apparence physique d'une personne, et principalement les traits de son visage, peut donner un aperçu de son caractère ou de sa personnalité. Voici la définition du plus célèbre physiognomoniste, Johann Kaspar Lavater : "La physionomie humaine est pour moi, dans l’acception la plus large du mot, l’extérieur, la surface de l’homme en repos ou en mouvement, soit qu’on l’observe lui-même, soit qu’on n’ait devant les yeux que son image. La physiognomonie est la science, la connaissance du rapport qui lie l’extérieur à l’intérieur, la surface visible à ce qu’elle couvre d’invisible. Dans une acception étroite, on entend par physionomie l’air, les traits du visage, et par physiognomonie la connaissance des traits du visage et de leur signification." (source : Wikipédia)

Conclusion :

Le passage évoque la première apparition de Mme. Vauquer au petit matin dans la salle à manger de la pension qui porte son nom. Mme. Vauquer est comparée à un personnage de théâtre dans un décor réaliste. Le narrateur évoque le personnage en mêlant le registre pathétique et le registre comique, soulignant sa vieillesse, son embonpoint, le ridicule de sa tenue vestimentaire, l'avachissement de sa démarche, sa ressemblance avec des animaux. Il esquisse un portrait psychologique et moral du personnage en suggérant des aspects moins comiques et plus inquiétants. Il insiste sur les rapports étroits entre le personnage et le lieu où il évolue. Ce passage est particulièrement représentatif du personnage balzacien et des théories de l'auteur-narrateur sur la correspondance psycho-physiologique, l'influence de l'environnement, l'importance de l'hygiène, l'idée que la société parisienne est une jungle dominée par l'argent et préfigure la suite du roman.

Dans un tel environnement - refuge définitif ou provisoire pour les uns, "planque" pour les autres -, seuls les plus forts, les plus rusés, les plus intelligents et les plus ambitieux, bref, ceux qui ont du "caractère" et savent saisir l'occasion, comme Rastignac ou Vautrin, ont des chances de survivre.

 

 

 

 

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