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Jean-Michel Besnier, Demain les posthumains

Jean-Michel Besnier, Demain les posthumains, Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Librairie Arthème Fayard/Pluriel, 2012

L'auteur :

Jean-Michel Besnier est professeur de philosophie à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) et membre du CREA (centre de recherche en épitémologie appliquée, Ecole Polytechnique et CNRS). Il appartient aux comités d'éthique du CNRS et de l'INRA. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages dont une Histoire de la philosophie moderne et contemporaine (Grasset 1993 ; Le livre de poche 1998) et l'homme simplifié (Fayard, 2012)

Quatrième de couverture :

"Clones, robots, cyborgs, organes artificiels... : la science-fiction d'hier devient notre réalité et l'on se demande déjà comment préserver une définition de l'humain.

Chez ceux que les machines fascinent, Jean-Michel Besnier perçoit une forme de lassitude - voire de honte - d'être seulement hommes. Aux autres qui, au nom d'idéaux humanistes, refusent les progrès techniques, il reproche en revanche leur inconséquence : n'ont-ils pas cru que la liberté humaine consistait à s'arracher à la nature - ce que la technique permet d'obtenir effectivement ?

Les métaphysiciens de toujours souhaitent que l'Esprit triomphe de la Nature. Les visionnaires d'aujourd'hui, proclamant l'avènement du posthumain, annoncent la réalisation concrète de cette ambition. Grâce à son ingéniosité, l'homme n'aura bientôt plus le souci de naître : il s'autoproduira. Il ne connaîtra plus la maladie : des nanorobots le répareront en permanence. Il ne mourra plus, sauf à effacer volontairement le contenu téléchargé de sa conscience.

Mais comment vivrons-nous dans ce monde-là ? Quelle éthique nous mettra en harmonie avec une humanité élargie, capable d'inclure autant les animaux que les robots ou les cyborgs ? Quels droits, par exemple, devrons-nous accorder à ces robots chargés, là où les hommes sont défaillants, de rendre nos fins de vie plus humaines ? Les utopies posthumaines nous obligent à affronter ces questions, à évaluer nos dispositions à engager le dialogue avec cet autre , hier animal ou barbare, aujourd'hui machine ou cyborg. N'est-ce pas là justement, aujourd'hui comme hier, que se joue la grandeur de l'humain ?"

Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? de Jean-Michel Besnier : le vertige du cyborg". Jean-Michel Besnier explore les défis éthiques des technoscience. Par Jacques Sardes :

"Il y a déjà un certain temps que l’idée d’une humanité élargie se fait jour. D’abord à l’égard de l’animal (le principe de continuité des espèces), puis lentement en direction des machines intelligentes (continuité de la raison calculatrice) au point que l’unité de l’espèce humaine est devenue questionnable. Les progrès de la démarche technicienne encouragent, avec la force de l’évidence, l’hybridation de l’humain avec l’animal, et aujourd’hui avec la machine. Le robot humanoïde, rêvé par la science et anticipé par la fiction, se révèle l’homme bionique de demain. La technologie est en train d’engendrer un humain cybernétique et par ricochet l’invention d’une cyber-société : car le passage du quantitatif au qualitatif et du pensé au réel s’accomplit de plus en plus vite.

L’humanité s’est engagée depuis longtemps sur la voie de Prométhée qui mène à une technologie autonome. L’homme perd inéluctablement la maîtrise de ses créatures techniques au risque de faire le lit à sa propre disparition. La réalité dépasse la fiction. L’incroyable est devenu vrai. La fabrication du transhumain complexe et autoreproductible se rend possible et sans limites ou presque.

La montée en puissance de la technoscience est assurée par la formation de technostructures dirigées par des politiciens qui gèrent la complexité d’une croissance démesurée selon les règles d’une gouvernance complètement dépendante de la logique technicienne. La science est-elle devenue une nouvelle religion, voire une pensée totalitaire ?

Poser la question, maintenant, n’est plus une provocation. Encore moins une interrogation incongrue émanant des esprits effarés. Simplement, c’est une requête légitime compte tenu des effets pervers plausibles de la haute technologie et les convoitises qu’elle génère dans les milieux du pouvoir.

Tôt ou tard, les humanismes devront tenter de répondre à l’indécidable désir de machines et aux positions idéologiques du pragmatisme techno écologique qui se pointe dans l’avenir.

Le salut par les machines est aujourd’hui formulé de manière explicite par tous ceux pour qui l’humanisme est une pensée défectueuse, anachronique et dépassée. Car l’idée d’un (sur) homme, plus fort, capable d’aller plus loin et plus haut, reste l’apanage de la pensée mécanique des froids penseurs de l’utilité scientifique. Pour ces gens, l’idée d’offrir une vie où il serait bon d’être encore un homme est le dernier de leurs soucis.

Soyons rassurés : la réflexion de J.M. Besnier n’est pas celle des imprécateurs du progrès. Mais, loin de proposer une nouvelle résignation (ce néo-stoïcisme si répandu chez certains intellectuels post-modernes), nous y trouverons quelques pistes de dépassement de « l’humanisme déchiré » (titre d’un autre ouvrage dont il est aussi l’auteur) devant l’arrivée d’une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, ayant neutralisé le pathos et l’espoir, la peur du devenir et l’incertitude de l’amour. C’est probablement pour cela, disons-le, qu’élucider et pratiquer une morale humaine (malgré tout) est encore d’autant plus nécessaire que notre environnement sera probablement de plus en plus non humain.

Certes, il y aura toujours ceux qui rappelleront les trois lois de la robotique énoncée par Asimov (1942) : un robot ne peut porter atteinte à un être humain ; un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi, et un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la seconde loi. Or, même la science-fiction a démontré que ces lois ne sont pas un rempart solide entre les humains et les non-humains. En revanche, bien plus utile semble apprendre à aimer l’homme et à faire émerger la sympathie élargie dans un monde partagé."

 

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