Beverley Nichols, Symphonie tragique (No Man's Street), traduit de l'anglais par Miriam Lou, Librairie des Champs-Elysées, Le Masque, 1956.
L'auteur :
John Beverley Nichols, né le 9 septembre 1898 à Bower Ashton, Bristol et mort le 15 septembre 1983 à Kingston upon Thames, est un poète, journaliste, compositeur, dramaturge, essayiste et auteur britannique de romans policiers et d’ouvrages de littérature d'enfance et de jeunesse. Il signe ses œuvres Beverley Nichols.
Le livre :
Sir Edward Carstairs, un critique musical redouté pour sa plume acerbe, est retrouvé mort dans son bureau, un poignard planté dans le dos. L'exubérante chanteuse Sonia Rubinstein supplie le détective amateur à la retraite Humphrey Green d'enquêter sur la mort du critique que personne ne semble regretter : sa sœur qui le traite de sadique, un chef d'orchestre mondialement connu, une talentueuse violoncelliste, ainsi que son neveu. Plusieurs détails étranges entourant cette mort intriguent Humphrey Green..."
Extrait :
"Mr. Green, debout à l'entrée de son jardin, respirait le parfum d'une rose de Noël. Ceux dont le sens olfactif est moins développé estiment que ce genre de fleur n'en exhale aucun. Pour Green, il évoquait de subtiles odeurs, la pluie, la gelée, la bonne terre nourricière et ce mélange lui paraissait supérieur à la beauté de la rose dont, bien qu'il l'eût protégée sous une cloche, les pétales étaient maculées de boue.
Il admirait Baudelaire dont il avait lu ce vers : "Le nez du poète ondulait" lorsqu'il entrait en contact avec un parfum de qualité, car il en comprenait le sens. Certes, il eût jugé ridicule de croire que le sien, court et gros, en faisait autant... Cependant, il frémissait et cette vibration se communiquait à son cerveau. Cette faculté était si fortement développée qu'elle constituait un sixième sens et avait été précieuse à l'époque où Mr. Green était détective.
Dans l'affaire du Corot volé, par exemple, une odeur de vernis lui avait permis de déceler la fraude qui trompait tous les experts. Et quand les diamants de lady Bessingham avaient mystérieusement disparu, on ne trouva pas le moindre indice tant que Mr. Green n'eut pas glissé la tête à l'intérieur du coffre-fort et reconnu l'odeur de citronnelle qui flottait dans le boudoir. L'assassin de Jasper Deutsch avait également été découvert grâce à son flair.
Certes, il avait résolu bien des énigmes sans l'aide de ce don personnel qui faisait partie de son système sensoriel aiguisé. Il possédait encore une oreille musicale parfaite, était radiesthésiste et son toucher avait le pouvoir de guérir les plaies. Etant d'un naturel charitable, il cultivait au maximum cette dernière qualité, car il était convaincu qu'il en devrait, plus tard, rendre des comptes à son Créateur.
En attendant, il respirait sa rose de Noël.
C'était un petit homme replet, au teint frais, aux yeux gris, aux cheveux clairsemés, qui aimait son semblable et adorait les jardins." (p.27-28)
Mon avis sur le roman :
C'est tout récemment que j'ai découvert cet auteur, en fouillant parmi les romans policiers des années 50 dans une librairie d'occasion à Bourges. Beverley Nichols a écrit cinq romans policiers dans la série Horatio Green, dont celui-ci est le premier (1954).
Le héros, alter ego du Père Brown, le héros de Chesterton, est un petit homme doux et rondouillard, doué d'un sens olfactif très développé. La résolution de l'intrigue est particulièrement ingénieuse et m'a donné envie de lire d'autres romans policiers de Beverley Nichols, surtout connu en Angleterre pour ses livres sur les jardins et les vieux manoirs.