Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Explication d'un poème de Lamartine : "A un rossignol"

Pour voir le poème, cliquer sur le lien.

Le poème "A un rossignol" est extrait des Harmonies poétiques et religieuses publié en 1830 par Alphonse de Lamartine, l'une des grandes figures du romantisme.

Le poète évoque un rossignol dont il "envie" le chant céleste et mélodieux qu'il juge plus apte à exprimer instinctivement la nature et à s'élever vers le divin que lui-même avec les faibles moyens poétiques dont il dispose.

Il se présente sous la forme d'une suite de dix-neuf quatrains en octosyllabes. 

Comment le poète imite-t-il le chant du rossignol en "rassemblant" le monde sensible pour l'offrir à Dieu en le magnifiant ?

Nous étudierons dans une première partie la relation entre le poète et le "barde ailé" qu'est le rossignol, puis la manière dont le poète évoque les correspondances entre le chant du rossignol et la Nature et enfin l'évocation du lien entre le chant du rossignol et le monde divin.

I. La relation entre le poète et le rossignol :

a) La présence discrète du poète :

Le poème comporte une alternance de récit : le poète suit le rossignol au fond des bois, de description : il évoque son chant mélodieux et de paroles : il s'adresse à lui dans le silence de son cœur.

Le poète s'adresse au rossignol qu'il a suivi dans "sous les bois" (dans un sous-bois), par une nuit de pleine lune et dont il écoute le chant "touchant et sublime". Le poète qualifie le rossignol de "barde ailé". Un barde est un poète celtique. Le poète est un lui-même un "barde", mais il n'est pas "ailé". Non seulement il n'a pas d'ailes comme le rossignol, mais il ne croit pas que son propre chant puisse célébrer la nature comme il convient, de s'élever vers le ciel et d'être agréable à Dieu comme celui du rossignol.

Le poète a suivi l'oiseau dans les sous-bois pour l'écouter. Il évite de faire le moindre bruit, par crainte de le faire fuir en l'effarouchant : "Tu ne sais pas que je te suis". L'anaphore du syntagme "tu ne sais pas" souligne la distance entre le poète et l'oiseau. L'oiseau ignore que le poète le suit et qu'il l'écoute avec ravissement : "Tu ne sais pas que mon oreille,/Suspendue à ta douce voix,/De l'harmonieuse merveille/S'enivre longtemps sous les bois !"

La ponctuation expressive et l'utilisation d'un mot fort "s'enivre" souligne que la voix du rossignol est un breuvage enivrant au charme puissant.

Le poète exprime dans le registre lyrique, registre dominant du poème, des sentiments personnels à la première personne du singulier : la solitude, l'ivresse, la crainte, l'envie, le sentiment du sublime et du divin, l'amour de la nature, la tristesse et la douleur, thèmes qu'affectionne le romantisme.

Le poète anglais Shelley définit le poète comme "un rossignol qui, assis dans l'obscurité, chante pour égayer de doux sons sa propre solitude". Après avoir fait allusion à son sentiment de solitude ("barde ailé de ma solitude"), à son ivresse, à sa crainte de faire fuir l'oiseau en l'effarouchant, le poète dit aussi qu'il "envie" l'oiseau, qu'il est, pour ainsi dire, jaloux de son chant : "Et qu'enfin un autre poète,/Dont la lyre a moins de secrets,/Dans son âme envie et répète/Ton hymne nocturne aux forêts !"

Le champ lexical du chant est omniprésent dans le poème. Le chant du rossignol se mêle aux bruits de la nature et  éteint la voix du poète qui se tait mais pour mieux écouter : "voix", "oreille", "hymne" (chant religieux), "sons", "écouter", "entendre", musique", gazouillements", "murmure", "bruits", "soupirs", "sonore", "sons", "échos", "résonner", "plaintes", "gémir". Le mot "voix" est répété huit fois. Le poète la qualifie de "céleste prélude/Aux silences des belles nuits, "d'harmonieuse merveille", de "touchante et sublime", de "musique" ("Cette musique qui t'anime"), "d'instinct qui monte à Dieu", de "gazouillements", de "murmure", de "mélange harmonieux des plus doux bruits de la nature/Des plus vagues soupirs des cieux", de "voix du bleu firmament" et de tous les éléments de la nature : "l'arbre", "l'antre sonore", "le vallon sous l'ombre dormant", "les gazouillements des flots", "les frémissements des feuilles", "les bruits mourants des échos", "l'eau qui filtre goutte à goutte du rocher nu dans le bassin", "qui résonne sous sa voûte" (la voûte du bassin), "les voluptueuses plaintes qui sortent la nuit des rameaux", la voix des vagues éteintes/Sur le sable ou dans les roseaux". Le chant du rossignol est encore qualifié de "doux sons", d'"instinct céleste", d'hymne à la nuit". Le poète invoque le rossignol sous le vocatif de Philomèle ("Ô Philomèle !), surnom du rossignol dans le langage poétique. Dans l'Antiquité, Il symbolisait l'inspiration poétique et les poètes se définissaient comme ses élèves. Le nom du rossignol était synonyme de chant et de poésie (source : Hans Biedermann, Encyclopédie des symboles, p. 587). Cette voix a le pouvoir d'évoquer les "fleurs qui penchent leurs urnes/Comme l'urne d'un encensoir", les "feuilles où tremblent des larmes", "les fraîches haleines des bois", la voix de la Nature qu'écoutent les anges et le poète lui-même. Elle est qualifiée de "mystérieuse", de "soupir de la nuit pieuse", de "mélodieuse" à travers l'hypallage "oiseaux mélodieux" (ce n'est pas l'oiseau qui est mélodieux, mais sa voix), de "prière aérienne" qui monte mieux au ciel que la voix du poète, "d'écho de la nature", de brûlant et divin murmure, "d'hymne flottant des nuits d'été". 

Le poète parle de la "voix" du rossignol, plutôt que de son "chant". Le rossignol est personnifié, assimilé à un être humain, un autre poète ("barde ailé"), mais le poète n'oublie pas qu'il est aussi et d'abord un oiseau au chant mélodieux, un médiateur entre la nature dont il rassemble et magnifie les éléments qu'il rassemble dans son chant et Dieu vers lequel son chant s'élève. 

Le rossignol fait instinctivement ("Ta voix qui peut-être s'ignore"), naturellement, à la perfection et avec une aisance merveilleuse ce que le poète fait "laborieusement" (du latin labor, laboris = travail) par le travail poétique, avec des mots.

b) l'imitation poétique :

C'est pourquoi le poète va s'efforcer de réduire (sans la supprimer) la distance entre le chant du rossignol et son propre chant (le poème que nous lisons), notamment par la beauté des images, le choix des mots, l'harmonie imitative (les assonances et les allitérations), la simplicité de la syntaxe et par l'alternance de la ponctuation forte et faible..

Il traduit "l'harmonieuse merveille" qu'est le chant du rossignol, le poème étant, selon le mot de Valéry, ici plus que jamais,  une hésitation entre le son et le sens.

Dans le dialogue de Platon intitulé Le Cratyle, Platon pose la question de savoir s'il existe une ressemblance entre les mots et les choses. Cratyle pense que la langue coïncide avec le monde et en constitue une première connaissance. Hermogène estime de son côté que les mots sont conventionnels, qu'ils ne sont liés par aucune analogie à ce qu'ils désignent. La diversité des langues (et des onomatopées) le confirme : l'oiseau que j'appelle "rossignol" en français se nomme "nightingale" en anglais, "ruisenor" en espagnol, "Nachtigal" en allemand, "usignolo" en italien... Reste que tous ces vocables nous semblent plus "jolis", plus harmonieux que d'autres. C'est sans doute un jugement subjectif, mais "rossignol" nous paraît plus "joli" que "merle", alors que le merle chante tout aussi bien. 

La conception du langage qu'adoptent les poètes est celle de Cratyle, celle d'une coïncidence du langage avec le monde  et non celle d'Hermogène ou des linguistes modernes comme Ferdinand de Saussure ou Roman Jacobson qui parlent de "l'arbitraire du signe" (du rapport du signifiant au signifié), c'est à dire du caractère purement conventionnel du langage.

Le poème Au rossignol "imite" le chant du rossignol à travers le jeu des assonances et des allitérations en vertu de la "ressemblance" et de l'analogie avec le chant du rossignol :

L'allitération sur la sifflante dans le premier quatrain : "Tu ne sais pas que je te suis", l'assonance sur la voyelle u et les diphtongues ou, oi : "Suspendue à ta douce voix", l'assonance sur la voyelle o et sur les diphtongues on et ou : "Aux bord des monts pour t'écouter", l'allitération sur la sifflante s : "Et si la source qui repousse" et l'assonance sur la diphtongue ou, l'assonance sur les diphtongues um et ou : "l'humble caillou qui l'arrêtait et sur les diphtongues oi, ou, ai : "Elève une voix sous la mousse,/La tienne se trouble et se tait", l'assonance sur les diphtongues oi, ou et u : "Ah ! ta voix touchante et sublime", sur la voyelle u et la diphtongue eu : "Est trop pure pour ce bas lieu", sur la bilabiale "m" : "Cette musique qui t'anime", sur la diphtongue in et la voyelle i : Est un instinct qui monte à Dieu", sur la voyelle i encore : "Des plus vagues soupirs des cieux", sur les diphtongues oi, eu et en : "Est la voix du bleu firmament", l'allitération sur la consonne f : "Dans les frémissements des feuilles" et sur la labio-dentale v : "Dans la voix des vagues éteintes", l'allitération sur la sifflante s et l'assonance sur la diphtongue ou et la voyelle u : "Ah ! ces douces scènes nocturnes", l'assonance sur la voyelle i et la diphtongue oi : "Ces pieux mystères du soir, sur les diphtongues aî et ei et oi : "Et ces frches haleines des bois, sur la voyelle i et la diphtongue ui : "Ce soupir de la nuit pieuse", sur la diphtongue oi : "Oiseau mélodieux, c'est toi !, l'allitération sur la bilabiale m et sur le son ri : "Oh ! mêle ta voix à la mienne", "la même oreille nous entend", "Mais ta prière aérienne/Monte mieux au ciel qui l'attend", l'assonance sur la voyelle u, les diphtongues in et ui et la voyelle i : "Le brûlant et divin murmure, L'hymne flottant des nuits d'été, l'assonance sur les diphtongues ou et oi : "Et nous, dans cette nuit sans charmes" et sur la voyelle o et les diphtongues oeu et ou : "Qui gémit en sortant du cœur,/On sent toujours trembler des larmes,/Ou retentir une douleur !"

Pour Hegel, l'art n'est pas l'imitation pure et simple de la nature. Hegel donne un exemple d'imitation inspiré par Emmanuel Kant, celle des hommes qui savent imiter à la perfection le chant du rossignol. Dès que nous nous apercevons, dit-il que c'est un homme qui chante ainsi et non un rossignol, nous trouvons aussitôt ce chant insipide.

Ce n'est pas la qualité du chant lui-même que nous trouvons insipide, puisque un homme peut imiter à la perfection le chant du rossignol,  mais le fait que nous nous apercevons que ce chant est celui d'un homme qui imite un rossignol et non le chant d'un vrai rossignol.

"Nous y voyons un simple artifice, non une production de la nature ou une œuvre d'art". Autant le chant du rossignol nous réjouit parce qu'il nous semble exprimer des sentiments humains comme la joie ou le ravissement, autant l'imitation d'un rossignol par un homme nous déçoit. 

Le poème de Lamartine n'imite pas le chant d'un rossignol, mais essaye d'en exprimer, avec ses propres moyens, les moyens de l'art poétique : les assonances, les allitération, la ponctuation, les images, l'effet qu'il produit sur une âme humaine et les sentiments qu'il suscite.

Le texte est écrit au présent de l'indicatif à valeur descriptive. L'emploi du présent met pour ainsi dire "sous les yeux" du lecteur ce dont parle le poète au moment où il vit la scène : le rossignol, son chant, les sentiments du poète et les différents éléments de la nature qui est décrite sous la forme d'une hypotypose, comme une réalité qualitative vivante et agissante.

Le poème comporte un grand nombre de points d'exclamation (ponctuation expressive), caractéristiques du registre lyrique.

La syntaxe est d'une grande simplicité ; le poème se compose d'une alternance de phrase simples (un seul verbe) et de phrases complexes (plusieurs verbes). Les quatrains composent en alternance une seule phrase (ponctuation faible), par exemple les quatrains neuf à treize qui évoquent tour à tour les éléments de la nature que "recueille" et magnifie le chant du rossignol ou plusieurs phrases (ponctuation forte).

Cette alternance tente de traduire le caractère tantôt continu, tantôt discontinu du chant du rossignol.

II. Le lien entre le rossignol et la nature : 

a) La présence de la nature :

Le champ lexical de la nature est très présent dans le poème : "nuits", "bois", "feuille", "forêts", "astre des nuits (périphrase pour désigner la lune), "monts", "branche", "rayon", "source", "caillou", "mousse", "nuit", "fleurs", "feuilles", "bois", Nature (avec une majuscule. La Nature est personnifiée), "oiseau", "nature", "nuit d'été", "nature", "bleu firmament", "arbre", "antre sonore" (caverne qui renvoie l'écho), "vallon", "flots", "feuilles", "eau", "goutte", "rocher", "bassin", "rameaux", "sable", "roseaux"...

Cette présence est accentuée par les énumérations : "De l'arbre, de l'antre sonore, du vallon sous l'ombre dormant", ainsi que par les anaphores : "Dans les gazouillements des flots/Dans les frémissements des feuilles,/Dans les bruits mourants des échos,/Dans l'eau qui filtre goutte à goutte... Dans les voluptueuses plaintes/ Dans les voix voix des vagues éteintes".

b) La dimension symbolique du poème :

La réalité qui nous entoure et tout particulièrement la nature, est composée de "symboles" que seul le poète peut déchiffrer et qui lui permettent d’entrevoir le monde invisible et immatériel de l’Idéal.

Il existe ainsi une communication secrète entre le monde matériel visible et le monde invisible de l’Idéal, ce sont les correspondances verticales. D'autre part, la nature, le monde qui nous entoure, malgré son apparent désordre et son chaos, possède une profonde unité. 

La faculté de saisir les correspondances, l'intuition des symboles, l'imagination créatrice appartient aux poètes et aux artistes.

C'est le rossignol dans le poème de Lamartine qui fait le lien entre les différents éléments de la nature dont il symbolise métonymiquement le tout (la partie pour le tout), qui les rassemble, les magnifie et qui les offre à Dieu par son chant.

Il unifie donc en lui les deux sortes de correspondances : les correspondances horizontales et les correspondances verticales. ou en langage heideggérien le "quadriparti" (Das Geviert) : la terre et le ciel, les mortels et les immortels.

III. Le lien entre le chant du rossignol et le monde divin :

a) Le vocabulaire religieux :

Le poème contient également de nombreuses allusions à la religion : "céleste prélude", "âme", "hymne" (chant religieux), "pieux mystères", "encensoir", "anges", "pieuse", "prière", "ciel", "amour", "pureté", "divin", "Dieu", cieux".

On retrouve la présence de la religion (chrétienne) et de ses rites, en l'occurrence la liturgie des vêpres à travers les figures de style, notamment les comparaisons : "Et ces fleurs qui penchent leurs urnes/Comme l'urne d'un encensoir" : le poète compare les fleurs à des urnes et les urnes à des encensoirs (double comparaison).

Le mot "urne" est polysémique et le poète emploie ce mot dans le double sens (syllepse de sens), celui d'un vase servant à conserver les cendres des morts et d'un vase en terre ou en bronze aux flancs arrondis, qui servait aux Anciens à puiser l'eau.

Les fleurs sont comparées à des urnes en raison de leur forme arrondi comme celle d'un récipient. Un encensoir est un vase brûle-parfum généralement en métal ou en porcelaine.

Les fleurs sont aussi comparées à un encensoir en vertu non plus de leur forme, mais de leur parfum. Baudelaire s'est peut-être souvenu de ces vers dans son poème "Harmonie du soir" :

"Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !"

b) la fonction d'intercession du rossignol :

Ah ! ta voix touchante ou sublime/Est trop pure pour ce bas lieu :/Cette musique qui t'anime/ Est un instinct qui monte à Dieu" : Le poète oppose le monde d'ici bas (bas lieu) au monde divin (Dieu). La voix du rossignol est trop pure pour appartenir totalement au monde d'ici bas.

Le poète oppose également implicitement l'instinct et la raison. Le rossignol, fait instinctivement, naturellement, ce que le poète fait laborieusement, par calcul, en utilisant sa raison et les moyens de son art. Il peut chercher à produire des "effets" sur son lecteur, ce que le rossignol ne cherche pas à faire puisqu'il ignore l'effet qu'il produit.

Le rossignol est instruit par "l'instinct céleste". Ce sont nos parents et nos éducateurs qui nous instruisent, qui nous enseignent le langage, la culture alors que l'instinct du chant est naturel, inné (en fait pas tout à fait car un rossignol n'apprendra jamais à chanter s'il n'a jamais entendu chanter un congénère). "On avait d'ailleurs observé que les rossignols enseignaient le chant à leurs petits, et on leur attribuait le don de la pédagogie" (Encyclopédie des symboles, p. 587). Cette idée "d'instinct céleste" est reprise dans le treizième quatrain : "Dieu fit ta voix, ô Philomèle !/ Et tu fais ton hymne à la nuit". 

La voix du rossignol est écouté par les anges, ces créatures invisibles, merveilleuses et parfaites, elles aussi intermédiaires entre le monde sensible et le monde divin : "Et cette voix mystérieuse/Qu'écoutent les anges et moi,/ce soupir de la nuit pieuse,/Oiseau mélodieux  (quatre syllabes), c'est toi !"

"Mystérieux" est dérivé du mot "mystère" qui vient du grec et qui signifie "secret", "caché". Il y a dans la beauté du chant du rossignol un secret caché que seul les anges et Dieu peuvent déchiffrer.

Le poète prie le rossignol de mêler sa voix à la sienne car sa prière est plus susceptible de monter au ciel que la sienne puisque la voix du rossignol est un "instinct céleste".

Les deux derniers quatrains ont une dimension pathétique, (du grec pathos = souffrance, douleur), élégiaque et dysphorique. Ce sentiment de ne pouvoir égaler le rossignol pour célébrer l'amour et la pureté de la nature se traduit par une antithèse (Elle/et nous)  entre l'avant-dernier et le dernier quatrain : "Elle (la voix du rossignol) est l'écho d'une nature/Qui n'est qu'amour et pureté")... "Et nous (les êtres humains, le poète lui-même), dans cette voix sans charmes/Qui gémit en sortant du cœur,/On sent toujours trembler des larmes,/Ou retentir une douleur !"

Le "brûlant et divin murmure" du rossignol est absolument pur, alors que la voix du poète est mêlée de larmes. 

Conclusion :

Le poète envie le chant céleste et mélodieux du rossignol. Il compare l'instinct céleste de l'oiseau aux faibles moyens dont il dispose. La voix du rossignol est comme la voix de la nature : il convoque, rassemble, transfigure et magnifie la nature tout entière pour l'offrir à Dieu. Le poète déplore que son chant à lui soit toujours mêlée de larmes et de douleur au lieu d'être absolument pur comme celui du rossignol.

Le rossignol est supérieur au poète qui "l'envie". Mais le poète seul est capable d'interpréter le chant du rossignol, de l'écouter, de lui donner un sens, de nommer ce que le rossignol évoque sans y penser, instinctivement, dans son chant, pour l'offrir à Dieu. Le rossignol est la voix inconsciente de la nature, la voix inconsciente du monde, mais le poète - et le musicien : une partie du poème a été mis en musique par Charles Gounod - sont les interprètes conscients de cette voix, à travers la joie et le ravissement qu'elle suscite.

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :