Lien vers le site d'Alexandre Jollien : link
"Alexandre est la joie. celui qui n'a pas rencontré la joie, n'a pas rencontré Alexandre", écrit Bernard Campan en ouverture de ce livre. A travers des extraits
d'entretiens radiophoniques menés avec notamment Albert Jacquard et d'une conférence sur le thème de la résilence, Alexandre Jollien, tel un Socrate du XXIème siècle, fait part de son approche de
la philosophie et met en oeuvre son talent de passeur. exégète des textes anciens, amoureux de la dialectique et pédagogue averti, il nous fait comprendre la pensée de Spinoza et nous interroger
avec Boèce.
En forme d'écho, le comédien et réalisateur Bernard Campan, ami du philosophe suisse, évoque le cheminement de cette amitié spirituelle avec une infinie délicatesse
et une profonde pudeur.
Bernard Campan
"Svâmi Prajnânpad disait : "Aimer l'autre, c'est l'aider à se détendre." C'est vraiment une question qui me
semble essentielle : "Qu'est-ce que je peux faire pour détendre l'autre ?" Finalement, il faut calculer, réfléchir au meilleur moyen pour mettre l'autre à l'aise. L'amour, c'est du calcul, alors
que l'on pense souvent le contraire, que l'amour doit être spontané, doit jaillir comme cela. Mais si c'était aussi simple, on s'aimerait tous, il n'y aurait pas de problème ! Je pense en
revanche que cela relève d'une certaine virtuosité, pour reprendre les termes d'Alexandre. Aimer, c'est apprendre à aimer l'autre en essayant de voir ce qui va lui faire plaisir. Tenter de savoir
comment l'autre peut entendre ce que je vais dire. C'est le contraire de l'histoire du type qui rentre chez lui et qui dit tout content à sa femme : "Chérie, je t'ai fait un cadeau, tu vas être
contente, j'ai deux billets pour le match de foot de la semaine prochaine !" Il faut une certaine forme d'intelligence, l'intelligence du coeur, pour arriver à faire en sorte que l'autre soit
paisible et détendu." (p.64)
"Que la joie et la paix habitent votre coeur. Handicapé de naissance, je suis aujourd’hui philosophe et écrivain. J’ai vécu 17 ans dans une institution pour personnes handicapées et c’est vraiment l’élément fondateur de ma philosophie. Voir que la joie est toujours possible, quelles que soient les circonstances. Pour cela, tout un art de vivre est requis, des exercices spirituels et une ascèse. Mais l’ascèse consiste à en faire toujours moins, à se libérer des fausses questions, à laisser de côté toutes les comparaisons qui nous tuent, pour découvrir que la joie, la paix, que nous cherchons à l’extérieur, sont déjà au coeur de nos vies.
Je vais passer une année à Seoul pour approfondir la pratique du zen et la mystique chrétienne. Ces deux sources me nourrissent au fond de mon coeur. Pour moi, toute vie spirituelle se déploie sur deux chantiers : la solidarité et la liberté intérieure. Chaque jour, je me couche une heure durant pour pratiquer la zazen. Durant deux fois une demie-heure, je laisse les pensées, les émotions, les peurs, la crainte naître, se manifester et disparaître. Le Christ comme le Bouddha me nourrissent. L’un me prodigue l’amour, la foi, la confiance, l’autre m’invite à la compassion, à la non-fixation et au détachement. Bref, tous deux m’aident à découvrir la vie au-delà des étiquettes et à retrouver la simplicité et la spontanéité d’un enfant."