Ce blog a pour ambition de faire connaître et apprécier la région Centre et en particulier la ville de Bourges. Je souhaite y faire partager mes goûts pour la poésie, la littérature, la peinture, le cinéma... J'y aborde également des questions qui me tiennent à cœur, souvent liées à l'actualité, en particulier le système scolaire (je suis enseignant), mais aussi la politique au sens large du terme et les problèmes de société.
Nous sommes ainsi que mots sur les lèvres avant le baiser, la possibilité d’un envol, une beauté qui s’imagine sur ces
lèvres bientôt embrassées comme ces vieilles superstitieuses baisant le bois peint de la statue, l’icône du Pardon, qui vinrent à genoux, noires, au-devant de Lui, tout au long du long cours de
leurs médicinales peines, douleurs fausses, craintes vraies - la vie : dispersion murmurée derrière la répétition d’une même prière, comme un troupeau, la vie, à rassembler, l’existence
!
Nous la voyons sur la sombre robe paysanne, brunie - d’un côté l’autre - de poussière de terre, de peau blessée.
S’interrogent en nous nos heures aux prises avec l’extérieur temps autoritaire, cet impassible sans pitié du monde ;
définitifs tous deux, ils ne savent rien d’eux-mêmes ni de l’autre : pouvons-nous devenir des paroles, des mains de conviction dont le destin échappera, contre tout désespoir, à mettre
d’instinct en brûlure le jardin, l’abeille blonde œuvrant dans la résistance des blonds œillets ?
Nous appelons le fragile et c’est tyrans que nous devons être. En quel lieu stable, jadis promis en enfance, alors se tenir
entre soi et les compagnes et les compagnons ?
Pour recevoir un pardon, cette autre pièce donnée après le bar ou l’église, se tenir, ainsi qu’un cœur s’étant pardonné
enfin.
Tenir, intransmissible maladie de furieuse tendresse et puis, finalement crier la vie pour n’être plus ces mots sans contrat
ni poids de chair sur les lèvres avant le baiser du séducteur, mais s’incarner, et vivre pourtant, généreusement vivre cela, conscient pour moi-même de ce que j’ai d’incommunicable, sans
espoir de compréhension, de retour, ni désir d’être un consolé : être, sans résignation, simplement d’inaugurale acceptance.
« Alors, quoi ? » – Rien
moins que le chambardement encore recommencé,
la vitre cent et cent fois brisée
de tes ruptures désirées et de tes désirs rompus, verre
scindé glissant, cette fois-ci, depuis la hauteur du ciel
new-yorkais aujourd’hui en lumières et ciel de décembre
et qui t’offre un nouveau jeu, une autre halte esthétique ;
voici les bris à la bouche desquels porte, sans nervosité aucune,
ses baisers l’intensité réconciliée de la ville démeurtrie
où tu regardes quels effondrements t’habitent, – et
tu ne juges pas, de peur de ne pas te tromper, d’avoir à te plaindre
du cours naturel des choses et des oublis –, où tu regardes
se répondre les bontés, les aigreurs, les mensonges
des façades pressées, des gens immobiles. Presque
tout, des uns aux autres, se reflète et peut à tout instant se refuser ; la distance
ne fait qu’épaissir la silhouette, les traits – c’est
du plomb pour rehausser sans doute les couleurs du prochain vitrail en toi,
son christ bleu depuis un long temps à moitié disparu.
New-York City, 4 décembre 2010.
Abram alors écouta ; patiemment, le vieux silence changeait de rythme – et,
calleuses, les mains de l’ange sur la peau du tambour,
résonnant en l’attente même de l’homme, maintenant frappaient.
Voici, Seigneur, un cœur,
voici une bouche, voici les regards portés plus loin
derrière l’air brûlé tordant toutes choses ;
mais, là-bas, derrière le tremblement, la suffocation, est le monde
solidifié, inconnu, brutal, et, qui sait, une mer – la récompense à l’appel
(le vide vent), qui, peut-être, déjà pousse,
buisson retenant le bélier terrifié du sacrifice, dans le sein d’Abraham.
... qui se balade de New-York à Montréal :
Nous sommes ainsi que mots sur les lèvres avant le baiser, la possibilité d’un envol, une beauté qui s’imagine sur ces lèvres bientôt embrassées comme ces vieilles superstitieuses baisant le bois peint de la statue, l’icône du Pardon, qui vinrent à genoux, noires, au-devant de Lui, tout au long du long cours de leurs médicinales peines, douleurs fausses, craintes vraies - la vie : dispersion murmurée derrière la répétition d’une même prière, comme un troupeau, la vie, à rassembler, l’existence !
Nous la voyons sur la sombre robe paysanne, brunie - d’un côté l’autre - de poussière de terre, de peau blessée.
S’interrogent en nous nos heures aux prises avec l’extérieur temps autoritaire, cet impassible sans pitié du monde ; définitifs tous deux, ils ne savent rien d’eux-mêmes ni de l’autre : pouvons-nous devenir des paroles, des mains de conviction dont le destin échappera, contre tout désespoir, à mettre d’instinct en brûlure le jardin, l’abeille blonde œuvrant dans la résistance des blonds œillets ?
Nous appelons le fragile et c’est tyrans que nous devons être. En quel lieu stable, jadis promis en enfance, alors se tenir entre soi et les compagnes et les compagnons ?
Pour recevoir un pardon, cette autre pièce donnée après le bar ou l’église, se tenir, ainsi qu’un cœur s’étant pardonné enfin.
Tenir, intransmissible maladie de furieuse tendresse et puis, finalement crier la vie pour n’être plus ces mots sans contrat ni poids de chair sur les lèvres avant le baiser du séducteur, mais s’incarner, et vivre pourtant, généreusement vivre cela, conscient pour moi-même de ce que j’ai d’incommunicable, sans espoir de compréhension, de retour, ni désir d’être un consolé : être, sans résignation, simplement d’inaugurale acceptance.
« Alors, quoi ? » – Rien
moins que le chambardement encore recommencé,
la vitre cent et cent fois brisée
de tes ruptures désirées et de tes désirs rompus, verre
scindé glissant, cette fois-ci, depuis la hauteur du ciel
new-yorkais aujourd’hui en lumières et ciel de décembre
et qui t’offre un nouveau jeu, une autre halte esthétique ;
voici les bris à la bouche desquels porte, sans nervosité aucune,
ses baisers l’intensité réconciliée de la ville démeurtrie
où tu regardes quels effondrements t’habitent, – et
tu ne juges pas, de peur de ne pas te tromper, d’avoir à te plaindre
du cours naturel des choses et des oublis –, où tu regardes
se répondre les bontés, les aigreurs, les mensonges
des façades pressées, des gens immobiles. Presque
tout, des uns aux autres, se reflète et peut à tout instant se refuser ; la distance
ne fait qu’épaissir la silhouette, les traits – c’est
du plomb pour rehausser sans doute les couleurs du prochain vitrail en toi,
son christ bleu depuis un long temps à moitié disparu.
New-York City, 4 décembre 2010.
Abram alors écouta ; patiemment, le vieux silence changeait de rythme – et,
calleuses, les mains de l’ange sur la peau du tambour,
résonnant en l’attente même de l’homme, maintenant frappaient.
Voici, Seigneur, un cœur,
voici une bouche, voici les regards portés plus loin
derrière l’air brûlé tordant toutes choses ;
mais, là-bas, derrière le tremblement, la suffocation, est le monde
solidifié, inconnu, brutal, et, qui sait, une mer – la récompense à l’appel
(le vide vent), qui, peut-être, déjà pousse,
buisson retenant le bélier terrifié du sacrifice, dans le sein d’Abraham.
Le lundi 13 décembre 2010,
Harvard Business School.