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"L'arme ? Un scalpel. Mais le manche est en acier niellé. Impossible d'y relever la moindre empreinte. Et bien entendu pas d'indice. Les suspects, par contre, ne manquent pas. Pourtant, si aucun d'eux ne peut fournir d'alibi, ils n'ont pas davantage de mobile. Quant à la victime, personne ne semble la connaître. Bref, l'affaire ne présente rien de tangible, ce qui est remarquable, quand on songe que le meurtrier a eu l'audace de frapper au Royalty Theatre, en pleine représentation de l'adaptation d'une pièce de Victorien Sardou, Fedora, et devant une salle comble. Tiendrait-on enfin le crime parfait ?"

 

"Une mouche et un canari furent à la base de la solution du mystère du Royalty Theatre. La mouche permit d'établir la preuve chimique qui fit si forte impression sur la police, lors de l'enquête ; le serin, lui, fournit l'indice psychologique qui révéla l'identité du meurtrier avant même que le premier crime n'eut été commis. Aujourd'hui encore, Basil Winnings se reproche de n'avoir pas su interpréter à temps l'énigme du canari et de n'avoir pu ainsi prévenir les meurtres..." (p.5)


Bel "effet de réel", mais alors, le roman aurait comporté dix pages au lieu de 190 !


En scène pour la mort d'Helen McCloy est un excellent roman policier que viens de relire avec plaisir. Il constitue la meilleure des introductions à la série ayant pour héros le personnage de Basil Willing, le psychiatre-enquêteur. Les romans d'Helen Mc Coy brillent par l'ingéniosité de l'intrigue, l'analyse des caractères - notamment des pathologies humaines - , l'intensité du suspens et l'art de créer des ambiances.  Elle fait partie de ces créateurs comme J.K. Chesterton, Ngaio Marsch, John Dickson Carr, S.A. Steeman, Patricia Wentworth, Agatha Christie, Georges Simenon... qui ont donné ses lettres de noblesse à un genre injustement méprisé par les "lettrés" : le roman policier.

 

Helen McCoy s'est peut-être inspirée du roman d'une autre "reine du crime", Ngaio Marsh : L'assassin entre en scène (Enter a murderer), publié en 1935 et réédité en 1984 en traduction française (Roxane Azimi) dans la collection Nuit.

 

Bien que fort différentes, les deux intrigues se déroulent dans le milieu théâtral et les enquêteurs (le psychiatre Basil Willing/l'inspecteur Alleyn) doivent résoudre un crime commis pendant une représentation (dans le roman de Ngaio Marsh avec un révolver, dans celui d'Helene McCoy avec un scalpel).

 

En scène pour la mort est paru pour la première fois en 1942 sous le titre Cue for murder, ce qui signifie "Le signal du meurtre".

 

Faisons un peu d'anglais : "In the theatre or in a musical performance, a performer's cue is something another perfomer says or does that is the signal for them to beginn speaking, playing or doing something" (dans une représentation théâtrale ou un concert de musique, a "performer's cue" est un geste ou une parole qui donnent un signal pour commencer à parler, à jouer ou à accomplir une action).

 

Le roman d'Hélène McCoy se déroule à New-York et a pour cadre le milieu théâtral de Broadway dont l'atmosphère est remarquablement rendu et le titre anglais, ajouté aux deux indices : le canari et la mouche peuvent mettre le lecteur sur la voie (j'avoue n'avoir pas été très "fine mouche" sur ce coup-là !)

 

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Née le 6 juin 1904 à New York, Helen McCloy quitte les Etats-Unis en 1923 pour terminer ses études en Europe. Elle est correspondante et critique d'art à Paris pour plusieurs journaux anglo-saxons.

 

De retour aux Etats-Unis, elle commence à écrire et son premier roman policier est publié en 1938. En 1946, elle épouse l'écrivain Brett Halliday et fonde avec lui une maison d'édition et une agence littéraire.

 

Helen McCloy a écrit une trentaine de romans dont une bonne partie a pour héros le Dr. Basil Willing, psychiatre et psychanalyste, assistant du District Attorney de Manhattan.

 

Vers la fin des années 40, elle écrit également quelques thrillers psychologiques (La vierge au sac d'or, Le bourreau et la victime). Elle a obtenu un Edgar et un Rex Stout Award pour l'ensemble de son oeuvre.

 

Helen McCloy, En scène pour la mort (Cue for murder), traduit de l'américain par Jacqueline Souvré, Librairie des Champs Elysées, coll. Le Masque (les reines du crime).

 


 


 


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