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« Un rapport du Ministère du Travail paru lundi estime que les lycées français ne préparent pas suffisamment les élèves aux exigences du chômage.
Dans l’introduction du rapport, le ministre du Travail et de l'Emploi, M. Michel Sapin, explique que l’École échoue ordinairement à transmettre ces compétences décisives dont ces jeunes ont besoin pour avancer dans le marché actuel du non travail, comme savoir se coucher ou s’asseoir partout.
« Nos lycées mettent trop l’accent sur la préparation des enfants à des carrières professionnelles » affirme M. Michel Sapin. « Ce gaspillage de ressources laisse nos décrocheurs, dont la majorité n’ont aucune chance de jamais trouver un emploi, totalement impréparés à dormir jusqu’à midi ou à regarder la télévision toute la journée en mangeant des nouilles surgelées à même l’emballage. »
Selon l’étude, les plus mauvais élèves du pays laissent tomber le lycée sans avoir jamais appris à voler dans la tirelire de leurs voisins de quoi se payer une bière ou à se laver les cheveux avec des savonnettes ou encore à s’éclairer à la bougie.
« Cet oubli ne peut continuer si nos enfants doivent devenir des citoyens improductifs », continue M. Michel Sapin. « On ne rend pas service à ces futures lies de la société. » En dépit des coupes budgétaires et des réformes de ces dernières décennies, quelques restes d’enseignement de lettres, de maths ou de sciences continuent à empoisonner beaucoup d’établissements. Ces cours, soutient M. Michel Sapin, gaspillent un temps et un argent précieux.
Le ministre de l’Éducation, M. Peillon a défendu le système scolaire public national. « Les enseignants font beaucoup pour s’assurer que les plus désespérés de nos élèves passent au travers. Règles arbitraires, discipline imposée de manière aléatoire ou paperasseries inutiles sont les premières choses qui viennent à l’esprit. » Il a ajouté : « Mettre de bonnes notes non méritées encourage les élèves à être peu soigneux et à rendre les devoirs en retard – compétence qui rend les futurs mauvais payeurs très compétitifs pour plus tard faire obstruction à leurs logeurs ou au recouvrement des dettes. »
M. Michel Sapin dit que les enseignants ont besoin de voir plus loin que leur salle de classe et qu’ils devraient donner aux enfants une certaine expérience réelle du non travail. « Accroître les mises à pied et les exclusions est un bon début. De plus, par exemple, des visites médicales de dépistage de la scoliose devraient être plus fréquentes afin que les élèves apprennent à s’adapter à rester en sous-vêtements, garde-robe typique de la classe des non travailleurs. »
M. Michel Sapin a aussi suggéré que, grâce notamment à la réforme qui permettra de vendre son sang ou son sperme (voir notre édition de mercredi dernier), les lycées organisent par exemple davantage de collectes de sang pour préparer les décrocheurs à visiter leurs banques du sang locales pour se procurer de l’argent rapide et facile.
Certains enseignants disent que le rapport peint un tableau trop sombre des efforts que font les lycées pour inculquer aux élèves un manque d’ambition.
« Nous faisons pourtant un travail vraiment lamentable », dit Monique Martin, proviseure du lycée Jean-Baptiste Corot de Juvisy. « Nous ne pouvons littéralement pas faire encore pire. La plupart de mes collègues sont d’accord ! »
Mme Martin souligne qu’elle a tenu, malgré les instructions officielles, à ce que les couloirs de son lycée soient remplis de distributeurs qui ne vendent que des produits malsains comme des chips ou des sodas sucrés, deux choses qui acclimatent les élèves au régime alimentaire d’un pauvre type sans travail.
Frédérique Rolet, pour le SNES, le plus grand syndicat d’enseignants, dit que ceux-ci sont de superbes modèles pour les lycéens décrocheurs et futurs chômeurs. « Les élèves passent sept à huit heures par jour entourés d’adultes méprisés et qui méprisent leur métier mal payé. Si ces critiques qui vivent hors des lycées connaissent une meilleure façon de décourager un jeune d’entrer sur le marché du travail, j’aimerais bien la connaître. »