Le sentiment d'abandon des enseignants français (Le Télégramme de Brest)
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18 janvier 2011
«On beaucoup parlé des touristes dans les médias mais nous, c'est comme si on n'existait pas». Professeur de sciences-physiques au lycée français de la Marsa, à quelques kilomètres de Tunis, Christophe Cloarec, un Finistérien originaire de Saint-Évarzec, se sent bien seul. Comme ses 110 collègues. Eux aussi ont vécu des moments très difficiles. Pas plus tard que dimanche soir, «un des proviseurs-adjoints s'est fait tirer dessus. Il était dans sa cuisine». Un tir de «sniper» qui ne l'a pas atteint mais on imagine la grosse frayeur. Selon Christophe Cloarec, des miliciens se seraient cachés dans les cages d'escalier du lycée.
Manque de consignes
Les enseignants regrettent le manque de consignes de l'ambassade et de son conseiller culturel dont ils dépendent. «A-t-on voulu nous tenir dans l'ignorance pour ne
pas nous inquiéter?», s'interroge-t-il. Le lycée a été le dernier à fermer, jeudi soir dernier. Christophe Cloarec ne comprend pas que les procédures - «qui doivent pourtant bien exister »- pour
faire face à ce genre de situation n'aient été mis en oeuvre par les autorités françaises.«La seule consigne que l'on a eue c'est de prévoir du travail par Internet pour nos élèves. C'est
surréaliste». L'enseignant n'ose penser ce qu'aurait été leur situation si la France avait accueilli Ben Ali.«On a tous croisé les doigts, ça aurait été la catastrophe ». Aujourd'hui, ce sont les
comités de voisinage mis en place par les Tunisiens qui assurent la sécurité des habitants.«On se sent protégés par eux. Il n'y a aucun ressentiment contre les Français », reconnaît
l'enseignant.
- Y.C.