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Il convient d’établir une distinction entre le réel et la réalité. Le réel dans la théorie lacanienne, contrairement à la définition du Larousse, n’est pas la réalité.

 

Ce qui nous est accessible, c’est la réalité c’est à dire le discours qui décrit et crée une vision du monde pour tous ceux qui y participent. C’est le monde tel que nous le percevons avec nos sens (limités et spécifiques) et notre intelligence.

 

Par contre le réel se définit à partir d’une limite du savoir, limite à partir de laquelle il ne peut être appréhendé mais plutôt cerné et déduit ; le réel dans sa globalité et sa complexité c’est l’impossible à décrire donc l’impossible à dire.

 

Le réel pour l’enfant in utero c’est l’unité avec la mère, l’endroit où tous les besoins sont satisfaits, l’endroit où il n’y a pas d’absence ni de manque. Quand on ne fait qu’un avec la mère ou qu’un avec le monde on est dans le réel.

 

Après la naissance l’enfant va s’identifier au lien affectif qui le lie à sa mère, il va s’aimer comme elle l’aime (privé de cet amour il peut en mourir même si ses besoins alimentaires sont assurés), il veut être tout pour elle y compris et surtout le complément de son manque à être ou à avoir.

 

À cette époque, il est encore massivement dans le réel car il n’y a qu’un embryon de limites entre lui et le monde extérieur ou les personnes qui l’entourent. Tout ce qu’il voit est lui : il est le rideau qui bouge, cette main qui le caresse, ce visage qui lui sourit. Tout ce qu’il entend est lui : cette musique, ce bruit, cette voix ; tout ce qu’il touche est lui : la douceur d’une étoffe, la rugosité d’un objet. Il y a une continuité entre le dedans et le dehors, entre le moi embryonnaire et l’autre d’où une relationduelle à la mère qui peut dans certains cas se révéler aliénante si cette dernière ne souhaite pas le voir grandir par exemple ou s’il lui sert de substitut à un manque.

 

L’imaginaire, toujours dans la théorie lacanienne, n’est pas ce qui relève de l’imagination ni du fantasme, mais tous les faits qu’on peut rassembler comme effet de l’image, c’est à dire le caractère formateur de l’image.

 

Par exemple, à travers l’expérience du miroir, l’enfant va prendre conscience de sa forme corporelle, dans un premier temps il confond son reflet avec la réalité ; il veut saisir cette image, en vain, puis il réalise que cette image c’est la sienne, que son moi à cette forme humaine contenante.

 

Il n’est plus tout ou dans tout, il n’est qu’une image dans le miroir. Il se forme à l’image de la forme qu’il voit et acquiert ainsi sa forme physique mais pas encore son individualité psychique.

 

L’enfant est toujours l’autre ; s’il voit un autre enfant tomber il pleure. Peu à peu il va se voir dans les autres et les reconnaître comme des semblables distincts de lui. Le moi est d’abord un objet, quelque chose de l’extérieur qui le représente mais qui n’est pas lui.

 

De la même façon, l’image des parents, la vision de leurs comportements va former le moi de l’enfant et le déterminer bien au-delà de ce qu’il peut en savoir : image du père ou de la mère, de l’adulte tout puissant, bienfaisant ou punisseur, image de frère ou de sœur rivale ou compagnon.

 

À ces images visuelles vont s’ajouter les images acoustiques, les signifiants qui eux aussi vont former le moi.

 

Le je adviendra par la suite, c’est à être nommé dans le discours que l’enfant va se nommer par son prénom, par le pronom personnel il, puis il va acquérir le tu et enfin le je. Le je est différent du moi, il est le pilote à l’intérieur du moi et celui qui dans l’analyse cherchera qui il est.

 

Le symbolique c’est l’accès aux mots, au langage.

 

Au début le sujet ne fait qu’un avec la mère, puis cette unité fusionnelle va se fragmenter pour donner un puzzle avec une multitude de pièces qui tiennent ensemble pour conserver l’unité ; mais à un moment donné, une des pièces du puzzle va être symbolisée et disparaître de ce fait du réel : ce peut être une odeur, une sensation corporelle, une impression visuelle ou acoustique, bref un élément de l’unité.

 

Cet élément mythique premier qui disparaît du réel pour être promu dans la sphère du symbolique par le biais d’un signifiant (d’une syllabe, d’un mot) devient le premier élément constitutif du sujet désirant.

 

Cet élément perdu va mettre en route le désir par la nostalgie qu’il engendre, le sujet voudrait le retrouver pour restaurer l’unité maintenant rendue impossible du fait de cette perte.

 

Le désir lié au manque va se transmettre par contiguïté à d’autres éléments qui viendront accéder au symbolique par la suite et le désir s’éloignera de ce fait toujours plus loin de sa source originelle.


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