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A propos de l'expression "Petits Poèmes en Prose" :


Paradoxe : qu'est-ce qu'un poème ? Une création en vers et non en prose. Prose : oeuvre non assujétie aux lois précises de rythme ou de sonorité qui déterminent l'expression versifiée.


Elargissement de la définition de Monsieur Jourdain (Molière, "Le Bourgeois gentilhomme") : "Tout ce qui n'est point vers est prose et tout ce qui n'est point prose est vers, il n'y a pour s'exprimer que la prose ou les vers."


Le poème peut être une oeuvre en prose comparable à la poésie par :

- son inspiration

- sa structure

- son style


Inspiration : Cf. "Prière d'insérer" (Le Figaro, 7 février 1864) : "Toutes les suggestions de la rue, de la circonstance et du ciel parisien, tous les soubresauts de la conscience, toutes les langueurs de la rêverie, la philosophie, le songe, et même l'anecdote."


le poète est un :


- Promeneur qui entend le bourdonnement de la vie.

- Qui vit la vie, rêve la vie, souffre la vie

- un solitaire attiré par la foule

- un rôdeur

- Un homme tourné vers son rêve intérieur


Les "Petits Poèmes en Prose" sont une prolongations des "Fleurs du Mal" dont ils reprennent la problématique (la lutte entre Dieu et Satan, la double postulation, la recherche de la Beauté pure...)


Cf. la dédicace à Arsène Houssaye (la lire aux élèves)


La prose des "Petits Poèmes en prose" est une prose souple et apte à tout exprimer, à mi-chemin entre la prose familière et la poésie.


- Prose métrique : la place des mots est fondée sur la quantité des syllabes et on y observe (comme en latin et en grec) des observances relatives à l'arrangement des syllabes brèves et longues.


- Prose rythmique : la place des mots y est fondée sur l'accent


- Prose musicale : choix des mots, agencement savant des sonorités (assonances, allitérations)


Idéal : "créer une magie suggestive contenant à la fois l'objet et le sujet, le monde extérieur à l'artiste et l'artiste lui-même."


Baudelaire a rénové et perfectionné un "troisième langage" entre la prose et les vers. Postérité : Claudel, Péguy


"Prose poétique qui se prête si bien aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience."

 

Recueil posthume qui rassemble sans aucun ordre apparent, ni caché, des textes publiés dans des revues, isolément ou par groupes, souvent repris plusieurs fois dans des publications différentes à des dates différentes (besoin d'argent) et dont le titre général est peu sûr.

 

Ordre de leur apparition chronologique dans la presse de l'époque :

 

"Petits poèmes en prose"

"Le Spleen de Paris"

"Poèmes nocturnes"

"Le Promeneur solitaire"

"Le Rôdeur parisien"

"La lueur et la fumée"

"Petits Poèmes lycanthropes"

 

Rêve du miracle d'une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rimes... Prose ou Poésie ?


Baudelaire a crée le genre qui contient le spectacle ordinaire qu'on a sous les yeux, sa profondeur symbolique et les réactions morales de l'auteur.

 

Référence à La Bruyère, Pascal, La Fontaine ; poésie "du coin de la rue", modernité, peinture de la condition humaine, observation de la rue, rencontres, hasard, souvenirs...

 

Surnaturalisme : valeur esthétique indispensable à l'oeuvre d'art. L'oeuvre d'art surnaturaliste nous rappelle qu'il y a toujours quelque chose en plus au-delà du visible. Nostalgie essentielle d'une perfection inaccessible.

 

"Les Petits Poèmes en Prose" : continuation des "Fleurs du Mal" + fraternité avec les plus humbles, les "oubliés", participation sympathique.

 

Comment les lire ? Les feuilleter au hasard de l'inspiration !

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