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    • Par Alexia Kefalas
    • Mis à jour le 12/06/2013 à 23:15
    • Publié le 12/06/2013 à 18:45
Syndicalistes et salariés des chaînes publiques grecques ERT manifestent devant le siège de la télévision mercredi à Athènes. Toutes les émissions des trois chaînes nationales d'ERT ont été arrêtées mardi soir.

 

Les syndicats ont lancé un appel à la grève générale ce jeudi après la fermeture brutale du groupe audiovisuel ERT mardi soir.


   
Devant le siège de la chaîne nationale grecque ERT, la mobilisation ne faiblit pas. Les quelques gouttes de pluie ne freinent en rien le va-et-vient des employés de l'audiovisuel public grec, au chômage depuis vingt-quatre heures. Ils se relaient pour émettre depuis leurs studios, non pas sur les ondes, où l'on trouve un écran noir depuis mardi soir, mais sur Internet, grâce à la chaîne 902, appartenant au Parti communiste.
 


La fermeture autoritaire du groupe audiovisuel public par le gouvernement a provoqué une onde de choc dans tout le pays et menace de provoquer une crise politique entre les partis de la coalition. Les syndicats ont appelé à une grève générale ce jeudi. Chacun déplore avec colère, tristesse ou désespoir les conséquences de la fermeture de l'intégralité de l'audiovisuel public. Les dirigeants des partis d'opposition en profitent pour fustiger la politique d'austérité du gouvernement. Dans la cour d'entrée de la chaîne nationale, des professeurs, des fonctionnaires, des confrères des médias privés sont rassemblés, par solidarité.

 


Pour Anastasia Frangopoulou, professeur de français dans un lycée d'Athènes, la démocratie est en danger. «Ce gouvernement utilise des méthodes que l'on n'avait pas vues depuis la chute de la dictature des colonels en 1974. C'est terrible. Il supprime sèchement un des principaux vecteurs d'information impartiale: est-on encore dans un pays européen?», interroge-t-elle.



Si nombre de Grecs s'accordent pour dire que la chaîne publique avait une gestion financière désastreuse, l'annonce de la création d'un nouvel organisme d'audiovisuel public par le gouvernement ne convainc personne. Les grandes centrales syndicales, en perte de vitesse depuis près d'un an, ont repris leurs banderoles et s'apprêtent à défiler massivement ce jeudi en marge de la grève générale.


 

Fermeture «temporaire»



«C'est une mesure très temporaire, a assuré mercredi le premier ministre, Antonis Samaras. Nous avons décidé de fermer provisoirement l'ERT et de créer un nouveau groupe audiovisuel public, nous protégeons l'intérêt général.» Selon le porte-parole du gouvernement, Simos Kedikoglou, la décision avait été prise il y a six semaines et n'aurait aucun lien avec l'échec de la privatisation de la compagnie gazière publique Depa (censée rapporter un milliard d'euros à l'État) ou avec la venue à Athènes des inspecteurs de la «troïka», formée par l'Union européenne, la BCE et le FMI, les partenaires avec lesquels la Grèce a négocié les conditions de son sauvetage financier.



«Le problème est que cette décision des plus brutales crée un précédent pour tous les organismes publics, estime Ilias Iliopoulos, secrétaire général du principal syndicat de la fonction publique, Adedy. À ce train-là, pourquoi ne fermerait-on pas les hôpitaux? Pourquoi ne pas licencier tous les policiers et boucler toutes les écoles? Nous ne vivons plus dans un État de droit et c'est pour cela que cette affaire va très mal finir. Les Grecs étaient peut-être à bout et ne manifestaient plus autant, mais là, ils ne se laisseront pas faire», prévient-il.



Le syndicaliste parie que le premier ministre, Antonis Samaras, connaîtra le même sort que son prédécesseur Georges Papandréou, obligé de démissionner sous la pression de la rue, en novembre 2011.

 

Alexia Kephalas
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