Nishimura Kyôtarô, Les grands détectives n'ont pas froid aux yeux, roman policier traduit du japonais par Jean-Christian Bouvier, Editions Philippe Picquier (Picquier poche)
J'ai trouvé par hasard ce polar épatant, venu du pays du soleil levant, chez ma bouquiniste préférée, Le Futur archaïque, rue d'Auron, à Bourges et
j'en recommande chaleureusement la lecture.
"Que diable Maigret, Ellery Queen et Hercule Poirot sont-ils allés faire à Tôkyô ? En les invitant, M. Sato a son idée : se faire voler l'équivalent de deux millions de dollars en yens, sous leurs yeux. Quel plaisir d'offrir à ses détectives favoris le luxe d'une enquête sur le vif... Bien entendu, un vieux détective japonais est de la partie : Kogoro Akechi, le héros d'Edogawa Ranpo..."
"Pendant plus d'un demi-siècle (1920-1980), les auteurs japonais de romans policiers se sont nourris de la lecture, en traduction, des maîtres occidentaux du genre, sans jamais imaginer qu'un jour ils seraient eux-mêmes, à leur tour, traduits et appréciés en dehors de l'étroit archipel nippon.
C'est ce qui fait le charme de ces Grands Détectives, écrits en 1971, où nous découvrons avec surprise que nos héros si familiers - Maigret, Poirot, Ellery Queen - n'ont pas de secrets pour leur rival et ami Kogoro Akechi. La lecture de cette aventure rocambolesque à souhait nous fait prendre conscience de la part cachée de notre méconnaissance de ce pays : nous ignorons à quel point les Japonais nous connaissent bien... au moins par les livres ! Non seulement l'auteur possède ses classiques sur le bout des doigts, mais il en joue avec humour : nos héros vieillis, au rancart dans leurs pays respectifs, sont un peu fatigués... ce goût pour la dérision est également une bonne surprise : avez-vous déjà lu un roman japonais drôle chez Gallimard ou au Presses orientalistes de France ?
Sans bouder, donc, notre plaisir, reconnaissons aussi qu'il est un peu trouble et très kitsch : rarement une traduction, pourtant fidèle, aura autant changé le sens de l'oeuvre originale. Parodie au premier degré en japonais, en forme d'hommage affectueux et d'émancipation, par un auteur qui affirme son talent et son métier, le livre est reçu, ici, au second degré, comme un jeu subtil de ragards croisés Orient/Occident, exotisme pas mort, un peu retors même. "Machine littéraire bien huilée", écrira à son propos le critique du Magazine Littéraire, évoquant "les exercices de style" de Raymond Queneau et "les procédés utilisés par Jacques Roubaud dans La Belle Hortense"... L'auteur, je puis en témoigner, en resta flatté, mais pantois..." (Jean-Christian Bouvier)
Nishimura Kyōtarō
西村京太郎
Nishimura Kyōtarō est né en 1930 à Tôkyô. Appartenant à la deuxième génération des auteurs de romans policiers japonais, il est aujourd'hui l'un des plus populaires écrivains de best-sellers dans son pays avec Matsumoto Seichō et Akagawa Jirō. En 1980, il a gagné le prix "Mystery Writers of Japan" pour son livre "The Terminal Murder Case" (non publié en français).
Bibliographie des œuvres de Nishimura Kyōtarō traduites en français
* Petits crimes japonais
* La Joie de vivre
* Le Maître chanteur bienveillant (アンドロメダから来た男, 1976)
* Les Grands détectives n'ont pas froid aux yeux (名探偵なんか恐くない, 1977)
* Les Dunes de Tottori (ミステリー列車が消えた, 1982)