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Alphonse Maillot, Ces miracles qui nous dérangent, pour ne pas se tromper de signe, aux éditions du Moulin

 

Docteur en théologie de l'université de Strasbourg, pasteur de paroisse, Alphonse Maillot fut un infatigable lecteur de la Bible. Formateur biblique de l'Eglise réformée de France, il contribua, par ses conférences et séminaires autant que par ses ouvrages, à faire redécouvrir l'esprit des Evangiles.

 

Ce livre, Ces miracles qui nous dérangent, n'a rien perdu de son actualité.

 

Les miracles de Jésus nous gênent souvent. Il constituent des obstacles, des pierres d'achoppement, voire des scandales pour l'homme moderne qui a de la peine à "avaler" ces histoires aussi peu scientifiques que rationnelles.

 

"Les prédicateurs "orthodoxes" sentent que ces histoires peuvent paraître anachroniques, ils insistent sur la puissance et la miséricorde du Christ, mais ils ne répondent pas à la question : "Pourquoi Jésus n'a-t-il pas guéri tous les malades ?"

 

Les prédicateurs "à la page" traitent ces récits de miracles de manière symbolique. Ils en tirent certains messages, mais ceux-ci n'ont pas besoin de la réalité du miracle pour être vrais. La prédication serait la même sans le miracle.

 

Les prédications sur les miracles de Jésus sont désormais relativement rares, sauf dans certains milieux charismatiques où on essaye de les reproduire.

 

Pour l'auteur, cependant, il n'y a pas de textes plus modernes et plus urgents à expliquer que les récits des miracles dans les Evangiles.

 

Les récits des miracles tiennent une place importante dans les Evangiles, par exemple dans l'Evangile de Marc et, si l'on les enlève, il ne reste plus grand chose. Voilà, pour l'auteur, une première raison de parler de miracles. En voici une seconde :

 

"En oubliant les miracles, nous prêchons un Jésus tronqué, et quand nous les réduisons à de purs actes symboliques, nous faisons de Jésus un mythe, nous réduisons l'incarnation à un discours."

 

Alphonse Maillot montre que dans bien des cas le miracle est nécessaire pour authentifier le message. Cette authentification a rendu le message insupportable parce qu'imparable. Ce qui n'était qu'une parole parmi d'autres est devenu la Parole avec un P majuscule. Il ne faut pas oublier que ce sont ses miracles qui ont mené Jésus à la croix.

 

Alphonse Maillot ne nie pas que les miracles ne soient pas possibles aujourd'hui ; il croit, en particulier, pour en avoir fait l'expérience, à une efficacité de la prière, mais il dit redouter ces communautés où il n'y a plus QUE des miracles, où tout est décentré vers le spectaculaire et où Jésus devient une caricature.

 

Il raconte à ce sujet une petite anecdote : il a vu, un jour, un guide qui photographiait le panneau indicateur : "Ici Issoire, église romane du XIIème-XIIIème siècle", au lieu de photographier l'église elle-même et il a été pris d'un fou rire irrésistible. Sans doute ce guide mettait-il de l'ordre dans ses futures photographies, comme on met un marque page dans un livre.

 

Mais il ne faut pas prendre le panneau pour l'église romane, le signifié pour le signifiant, le signe pour ce qu'il désigne.

 

Nous ne voyons QUE le miracle. Nous nous obnubilons sur le miracle.

 

On se dit :  "Ah ! Ce Jésus, qu'il était fort, qu'il était puissant ! Ce n'est pas moi qui pourrais faire de telles choses !" ... Alors que les miracles sont là, selon l'auteur, pour nous montrer que nous pouvons refaire, à notre manière, ce que Jésus a fait. Mais nous voulons rester spectateurs, au lieu de devenir acteurs du Royaume, nous voulons applaudir un homme, au lieu de devenir ses disciples.

 

Il n'y a pas beaucoup de miracles dans l'Ancien Testament. Le mot hébreu pour miracle est le mot "ôth" qui signifie "signe". Les astres, signaux pour régler le calendrier (Genèse, I,14), l'arc-en-ciel, le Déluge, la circoncision, le sang de l'agneau pascal, le don et le respect du Shabbat, la marque sur le font de Caïn sont des "ôths", des signes. On voit bien qu'il ne s'agit pas de phénomènes stupéfiants, extraordinaires, mais de signaux de bonté et de fidèlité, de signes de reconnaissance entre Dieu et les hommes.

 

"Le miracle est finalement que Dieu consente à marcher réellement avec les hommes."

 

"L'Ancien Testament n'est pas construit sur des miracles accumulés et successifs. Le psaume XIX s'évertue à montrer que la seule parole claire de Dieu à l'homme est à rechercher dans la Torah, dans les Ecritures, "Israël n'a pas besoin de miracles."

 

Mais si nous lisons les Evangiles synoptiques, nous trouvons le récit d'une trentaine de miracles, ce qui est à la fois beaucoup et peu en trois ans de vie publique (un par mois !)... "Il fit beaucoup de miracles.", écrit Matthieu, sans préciser. Jésus a donc fait des miracles, beaucoup de miracles, et peut-être plus de trente miracles, mais il n'a pas fait de miracles "à la chaîne". Il n'a pas guéri TOUS les malades.

 

Si nous lisons attentivement le récit de la Tentation au désert, nous nous rendons compte que le diable demande à Jésus de faire des miracles : transformer les pierres en pain, donner du pain à tous, résoudre définitivement les problèmes économiques, se donner en spectacle, obtenir, en se prosternant devant "le prince de ce monde" le pouvoir, la puissance, la possession. Or Jésus refuse ce monde paradisiaque dont beaucoup rêvent encore, comme il refusera de descendre de la croix : "Si tu es vraiment le fils de Dieu, descends de la croix pour que nous croyions en toi !"

 

Il y a une relecture par Jésus des miracles (signes) de l'Ancien Testament : Elie et la veuve de Sarepta (Luc), Elysée et le général syrien Naamân, la manne, Jonas et la conversion des Ninivites. Jésus veut nous dire que le miracle, c'est le fait que la Parole de Dieu va être reçue par ceux à qui elle ne semblait pas être destinée.

 

 

 

 

 

 

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