
Wilkie Collins, Qui a tué Zebedee ? Petite Bibliothèque des Ombres, 1995, nouvelles traduites de l'anglais par Alexandre Mehl
Ce petit livre (je veux parler du format car il comporte 179 pages) rassemble, sous le titre de la première, cinq nouvelles de Wilkie Collins, le père du roman
policier : "Qui a tué Zebedee ?", "Tel est pris qui croyait prendre, "Un mariage empoisonné", "Chez les dépravés" et "La lettre volée".
"Qui a tué Zebedee ?" : la nouvelle se présente sous la forme d'une confession. Le narrateur, un ancien policier, raconte comment son obstination à
vouloir élucider un crime inexpliqué, l'a conduit au parjure et à la démission. Il y a des secrets qu'il ne faut pas chercher à découvrir.
"Tel est pris qui croyait prendre" : il s'agit d'un échange de lettres entre un apprenti policier vaniteux et stupide, un policier expérimenté et leur
supérieur.
"Un mariage empoisonné" : sans doute la plus fascinante du recueil, bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une nouvelle policière. Deux amis reproduisent
contre leur gré la situation "triangulaire" d'une pièce de théâtre à laquelle ils ont assisté en Italie.
"Chez les dépravés" : l'arrivée inattendue d'un voyageur égaré dans un paisible presbytère écossais va bouleverser la vie de ses trois occupants : le
pasteur, sa soeur et sa ravissante fille. Une satire malicieuse de la mentalité victorienne. Et à nouveau le thème du secret !
"La lettre volée" : encore une confession ! Le narrateur, un ancien homme de Loi, explique comment il est tombé dans la déchéance.
Ces nouvelles sont parfaitement représentatives du talent de Collins : l'art d'intriguer et d'égarer le lecteur, le talent narratif, un savant alliage de comédie et
de drame, une dose d'humour et de malice, une profondeur psychologique que ses successeurs ont rarement égalée.

"Connu en France pour ses deux grands romans La Pierre de lune, le premier roman policier de l'histoire de la littérature, et La Femme en
blanc, Collins a laissé une oeuvre abondante et variée : romans, nouvelles, mais aussi pièces de théâtre, biographies, récits de voyages et essais. Ses oeuvres de fiction révèlent un
grand sens de l'intrigue et une réelle originalité des procédés narratifs. Dans une oeuvre hantée par le secret, Collins sut habilement mêler pathétique et humour, et n'hésita pas à recourir à la
satire. Si son titre de gloire est d'avoir largement contribué au développement de la littérature policière naissante, Collins reçut l'admiration de ses pairs (H. James, A.C. Swinburne, G.K.
Chesterton, T.S. Eliot, j.L. Borgès) et mérite aujourd'hui d'être pleinement reconnu comme un écrivain important de l'ère victorienne."

Le Jugement de Borgès :
"A vrai dire le genre policier se prête moins au roman qu'à la nouvelle : Chesterton et Poe, son
inventeur, ont toujours préféré la seconde. Collins, voulant que ses personnages ne soient pas les simples rouages d'un jeu ou d'un mécanisme, nous les présente comme des types humains
parfaitement crédibles.
Fils aîné du paysagiste William Collins, l'écrivain naquit à Londres, en 1824 ; il mourut en 1889. Son oeuvre est variée ; ses thèmes sont à la fois complexes et
clairs, ils ne traînent ni ne s'embrouillent. Il fut avocat, opiomane, acteur et ami intime de Dickens, avec qui il lui arriva de collaborer."