Selon John Williamson, ce lied de Gustav Malher sur un poème de Friedrich Rückert est une "peinture étonnamment épurée d'une paix transcendantale".
Malher fait bien plus que transposer des mots en sons ; il amplifie les émotions contenues dans le texte de Rückert, surtout la partie finale du chant où la vision tout entière est résumée dans le lyrisme émotionnel des mots "In meinem Lieben" : un sommet d'intensité retenue.
L'émotion est à son comble sur la note instable, aiguë et fragile, jouée et chantée pianissimo tout à la fin.
Cette note surgit de façon extraordinaire ; on se demande comment une telle magie est possible.
Ich bin der Welt abhangen gekommen, mir der ich sonst viele Zeit verdorben, sie hat so lange nichts von mir vernommen, sie mag wohl glauben, ich sei gestorben ! Es ist mir auch gar nichts daran gelegen, ob sie mich für gestorben hält, ich kann auch gar nichts sagen dagegen, denn wirklich bin ich gestorben der Welt. Ich bin gestorben dem Weltgetümmel, und ruh in einem stillen Gebiet. Ich leb allein in meinem Himmel in meinem Lieben, in meinem Lied. |
Me voilà coupé du monde dans lequel je n'ai que trop perdu mon temps; il n'a depuis longtemps plus rien entendu de moi, il peut bien croire que je suis mort ! Et peu importe, à vrai dire, si je passe pour mort à ses yeux. Et je n'ai rien à y redire, car il est vrai que je suis mort au monde. Je suis mort au monde et à son tumulte et je repose dans un coin tranquille. Je vis solitaire dans mon ciel, dans mon amour, dans mon chant. |