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http://medias.larousse.fr/archives/img/grande-encyclopedie/full/Photo_Carpaccio-Vittore_001.jpg

La vision de saint Augustin est un tableau (huile sur toile) de Vittore Carpaccio (1455-1526). Ce tableau peint au début du XVI° siècle fut commandité par le Cardinal Bessarion qui faisait partie de La Confrerie de Saint-Georges des Esclavons.

Le commentaire d'Alberto Manguel, in L'ordinateur de saint Augustin (Saint Augustine's Computer),  traduit de l'anglais par Christine Le Boeuf, Actes Sud, 1997 :

"Dans les premières années du XVIème siècle, les anciens de la guilde de San Giorgio degli Schiavoni, commandèrent à l'artiste Vittore Carpaccio une série de scènes illustrant la vie de saint Jérôme, ce grand érudit et lecteur du IVème siècle. Le dernier tableau, peint en haut et à droite quand on entre dans la petite salle obscure, ne représente pas saint Jérôme mais saint Augustin, son contemporain. Une tradition répandue au Moyen Âge raconte que, saint Augustin s'étant assis devant son bureau pour écrire à saint Jérôme afin de lui demander son opinion sur la question de la béatitude éternelle, la pièce fut emplie de lumière et Augustin entendit une voix qui lui annonçait que l'âme de Jérôme était montée au ciel."

La pièce dans laquelle Carpaccio a placé Augustin est une étude vénitienne de l'époque du peintre, aussi digne de l'auteur des Confessions que de l'esprit de saint Jérôme, responsable de la version latine de la Bible et saint patron des traducteurs. De minces volumes exposés sur une haute étagère, un délicat bric-à-brac aligné en-dessous, un fauteuil garni de cuir et clouté de laiton, une table et un lutrin rotatif au-delà d'une porte située au fond et à gauche, et la table de travail du saint, encombrée de livres ouverts et de ces objets personnels que les années déposent sur le bureau de tout écrivain : un coquillage, une cloche, une boîte en argent. Dans l’alcôve centrale, une statuette du Christ ressuscité regarde dans la direction d'une statuette de Vénus dressée parmi les objets d'Augustin ; elles habitent, l'une et l'autre, sur des plans différents, le même monde humain : la chair et ses délices, dont Augustin pria d'être délivré ("mais pas tout de suite"), et le Logos, le Verbe de Dieu qui était au commencement et dont Augustin entendit un jour l'écho dans un jardin. A une distance respectueuse, un petit chien blanc ébouriffé attend, plein d'espoir.

Ce lieu dépeint à la fois le passé et le présent d'un lecteur. L'anachronisme ne comptait pas pour Carpaccio, car le souci de fidélité historique est une invention moderne, qui remonte sans doute au XIXème siècle et au credo préraphaélite de Ruskin préconisant "une vérité absolue et intransigeante (...) jusqu'au moindre détail".

Quoi qu'ait pu avoir été, au IVe siècle, le cabinet de travail d'Augustin, Carpaccio et ses contemporains se le représentaient comme semblables aux leurs pour l'essentiel. Rouleaux et codices, feuilles de parchemin reliées ou ravissants livres au format de poche imprimés par le Vénitien Aldo Manuzio quelques années à peine avant que Carpaccio n'entreprît son oeuvre à la Scuola, telles étaient les diverses formes du livre - le livre qui avait changé et continuerait de changer, et demeura cependant une même chose..."

Augustin, du songe à la lumière. Sur La Vision de saint Augustin, de Carpaccio

Augustine, from dream to light. On The Vision of Saint Augustine by Carpaccio
Laurent Bolard

"La Vision de saint Augustin, célèbre tableau de Carpaccio, n’est pas seulement la description d’un cabinet d’érudit à la Renaissance. Savante construction d’un espace perspectif, cette peinture repose sur l’acte d’écrire comme support essentiel de la valeur symbolique accordée aux objets qui, multiples et précis, assurent le lien entre les mondes terrestre et céleste, dont la Vision est le cœur. L’Augustin de Carpaccio pourtant ne voit pas : il songe, comme la sainte Ursule d’une autre peinture de l’artiste, avec laquelle celle-ci entretient de singulières relations. Le songe permet à Augustin, par le truchement de la musique, d’approcher le Divin dont l’expression majeure est cette lumière surnaturelle imprégnant tout le tableau."

 

 

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