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Andrée Chedid (en arabe : أندريه شديد), née Andrée Saab le 20 mars 1920 au Caire, en Égypte, et morte le 6 février 2011 à Paris, en France, est une femme de lettres et poétesse fra...
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Destination : arbre , un poème signé Andrée Chedid... un sujet du bac Français trop difficile ?
Bac de français "trop difficile", une pétition recueille plus de 25.000 signatures ! L'épreuve de français 2019 aura donné matière à converser sur les réseaux sociaux pour les élèves de p...
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/destination-arbre-un-poeme-signe-216070
Texte du poème : cliquer sur le lien.
L'auteur et l'oeuvre :
Andrée Chedid (en arabe : أندريه شديد), née Andrée Saab le 20 mars 1920 au Caire, en Égypte, et morte le 6 février 2011 à Paris, en France, est une femme de lettres et poétesse française d’origine syro-libanaise. Elle écrit son premier roman en 1952 et écrit des nouvelles, des poèmes, des pièces de théâtre, des romans, et de la littérature jeunesse. Dans Le Message, écrit en 2000, elle exprime sa colère contre la guerre et la violence, à travers l'histoire de deux amants séparés par la guerre. Les héroïnes de ses œuvres sont déterminées, prêtes à tout pour atteindre leur objectif. (source : wikipedia)
Ce poème intitulé "Destination : arbre" est extrait du recueil Tant de corps et tant d'âme, paru en 1991.
Le thème (cf aussi la situation d'énonciation) :
Andrée Chédid se projette dans la nature et s'identifie aux arbres.
Le genre :
Il s'agit d'un texte poétique composé de sept strophes de quatre, cinq, six ou neuf vers libres . Le poème ne comporte pas de ponctuation, sauf un point final. l'absence de ponctuation contribue au dynamisme du poème. Rien ne vient ralentir la suite des actions.
Les registres :
Lyrique : Andrée Chédid exprime des sentiments personnels à l'infinitif.
Dramatique : le poème raconte l'histoire d'un arbre qui meurt et ressuscite.
Pathétique : "Evoquer ensuite/Au coeur d'une métropole/Un arbre un seul/ Enclos dans l'asphalte/ Eloigné des jardins/Orphelin des forêts"
Tragique : "Un arbre/Au tronc rêche/Aux branches taries/Aux feuilles longuement éteintes"
La situation d'énonciation :
Andrée Chédid s'adresse au lecteur pour lui faire partager une expérience personnelle de fusion avec la nature et en particulier avec le règne végétal.
Les types de textes :
Narratif : les strophes un, deux, trois, six et sept
Descriptif : les strophes quatre et cinq
Dialogue : "Ecouter ces appels"
Le plan :
Strophes un, deux, trois : la poétesse s'identifie aux arbres de la forêt.
Strophes quatre et cinq : elle évoque "un arbre seul", "au coeur d'une métropole"
Strophes six : elle s'identifie particulièrement à cet arbre, meurt et revit à travers lui.
Strophe sept : elle évoque le sens de sa démarche poétique : "explorer l'éphémère", "dépister la durée".
Les champs lexicaux :
L'action : "parcourir", "plonger", "gravir", "cheminer", "aller"
Les sensations : "écouter", "sentir"
La nature : "jardins", "terres", "argile", "sols, "orages", "soleils", "jour", "nuit"
La ville : "métropole", "asphalte"
Les arbres (la vie) : Arbre (noter la majuscule), "arbre" (quatre fois), "forêts", "racines", "fût", "charpente" (mot polysémique désignant aussi la toiture d'une maison), "branchages", "feuilles", "tronc", "branches", "écorce", "sèves", "bourgeons"
La servitude : "captives"
La liberté : "s'affranchir", "renaître"
Le combat : "résister", "affronter", "envahir"; "invincibles"
La fusion : "se lier à", "se mêler", "se greffer", "embrasser", "s'unir", "rejoindre"
La pensée : "déchiffrer", "évoquer"
La solitude : "seul", "éloigné", "orphelin", "retraite"
La sécheresse : "rêche", "taries", "éteintes", "soif"
Le temps : "l'éphémère", "la durée"
Figures de style :
Syllepses de sens (emploi d'un mot au sens propre et au sens figuré) : "parcourir l'arbre", "se lier aux jardins", "se mêler aux forêts", "plonger au fond des terres", "renaître de l'argile", "s'affranchir des sols et des racines", "gravir lentement le fût", "envahir la charpente", "se greffer aux branchages", "embrasser l'espace", "résister aux orages", "déchiffrer les soleils", "affronter jour et nuit", "s'unir à cette soif", "écouter ces appels", cheminer d'arbre en arbre", "aller d'arbre en arbre"
Note : La syllepse, du grec ancien : σύλληψις, súllēpsis, littéralement « action de prendre ensemble, d’embrasser, de comprendre », est une figure de style par laquelle le discours répond à la pensée plutôt qu’aux règles grammaticales. Elle est parfois fautive, parfois acceptée et lexicalisée. La syllepse est aussi un trope qui associe le sens concret, propre d’un mot et son sens figuré. Elle a ses origines dans l’esprit synthétique du langage, dans son dynamisme naturel à établir des rapports instantanés entre des idées. La syllepse dite « oratoire » est une figure de style, un trope, qui associe, en une seule et unique fois, le sens propre (ou primitif) et le sens figuré (ou étendu) d’un mot. On rencontre parfois dans des textes modernes plus de deux sens. Cependant, la structure en est souvent complexe, avec des sens superposés qui rendent aléatoire leur interprétation. La figure, à l’origine micro structurale, devient vite dépendante de la lecture personnelle.
Personnifications : "orphelin des forêts", "écouter ces appels", "sentir sous l'écorce/Captives mais invincibles/La montée des sèves
Métaphores :
"La montée des sèves" = le sang
Comparaisons :
"La montée des sèves/La pression des bourgeons/Semblables aux rêves tenaces/Qui fortifient nos vies
Niveaux de langue :
courant/soutenu
Les temps et les modes et leur valeur d'aspect :
Infinitifs : "parcourir", "se lier", "se mêler", "plonger", "renaître", s'affranchir", "gravir, ""envahir", "se greffer", "embrasser", "résister", "déchiffrer", "affronter", évoquer", "s'unir", "rejoindre", "écouter", "sentir", "cheminer" "aller"
Présent d'habitude : "semblables aux rêves tenaces/Qui fortifient nos vies"
Gérondifs : "exploitant l'éphémère", "dépistant la durée"
Note : Le terme d’« infinitif » vient de infinitivum verbum, ce qui signifie « qui n’a pas de contours précis ». Notons que l’infinitif sert d’entrée du verbe dans le dictionnaire. « L’infinitif occupe une place à part dans le système verbal français. Le verbe à l’infinitif ne porte ni les marques de personne, ni les morphèmes de temps : l’infinitif est un mode non personnel et non temporel. On parle abusivement d’infinitif présent pour la forme simple et d’infinitif passé pour la forme composée alors que cette distinction renvoie à une opposition aspectuelle respectivement entre l’inaccompli et l’accompli. L’infinitif est en français la forme citationnelle privilégiée du verbe, sans doute en accord avec la position traditionnellement adoptée selon laquelle le verbe à l’infinitif ne présenterait que l’idée du procès, sous sa forme la plus virtuelle. Le verbe à l’infinitif a un comportement syntaxique qui diffère de celui du verbe conjugué. En effet, il participe à la fois du verbe et du nom (l’infinitif est parfois désigné comme la forme nominale du verbe). À la manière d’un verbe à un mode personnel, il peut être pivot d’une proposition ; comme le nom, il est susceptible d’exercer une fonction syntaxique. »
(source : https://www.etudes-litteraires.com/infinitif.php)
L'infinitif ne portant ni les marques de personne, ni les morphèmes de temps, son emploi dans ce poème donne aux actions un aspect intemporel. On ne sait ni si elles se déroulent dans le passé, le présent ou le futur, ni qui est le sujet de l'action. Cette incertitude est évidemment intentionnelle. Le sujet de "Parcourir", par exemple, peut être aussi bien le lecteur que la poétesse elle-même. La dimension temporelle peut être aussi bien le passé (j'ai parcouru/tu as parcouru), le présent (je parcours/tu parcours) ou le futur (je parcourerai/tu parcoureras). L'infinitif peut être l'équivalent d'un impératif, comme dans les recettes de cuisine. Enfin, la présence des infinitifs évoquant des actions témoigne d'une attitude poétique radicalement différente devant la nature qu'il ne s'agit plus de "contempler" comme dans la poésie traditionnelle, notamment romantique (Lamartine par exemple), mais de pénétrer activement en s'identifiant à elle.
Les connecteurs :
"peu à peu", "puis", "ensuite" (connecteurs temporels), pas de connecteur spatiaux ou argumentatifs. Le poème relève d'une poétique du temps et de l'espace, comme le confirme la dernière strophe : "Cheminer d'arbre en arbre/Explorant l'éphémère/Aller d'arbre en arbre/Dépistant la durée."
Les types de phrases :
Phrases déclaratives. Pas de phrases interrogatives ou exclamatives (pas de ponctuation).
La structure des phrases :
Suite de phrases simples, propositions infinitives indépendantes "en asyndète" (pas de subordination ni de coordination)
Une phrase complexe comportant une proposition subordonnée relative dans l'avant-dernière strophe : "Sentir sous l'écorce/Captives mais invincibles/La montée des sèves/La pression des bourgeons/Semblables aux rêves tenaces/Qui fortifient nos vies"
Les modalisateurs (présence de l'énonciateur dans l'énoncé) :
"renaître", "peu à peu", "lentement", "éclat", "embrasser", "résister", "déchiffrer", "affronter", "évoquer", "un seul", "loigné", "orphelin", "rêche", "taries", "éteintes", "soif", "retraite", "appels", "captives", "invincibles", "tenaces", "fortifient", "explorant", "dépistant"
Les sonorités :
Allitérations sur la consonne "r" : Plonger au fond des terres pour renaître de l'argile" - "s'affranchir des sols et des racines - "se greffer aux branchages" - "tronc rêche" - "branches taries" - "rejoindre cette retraite" - "d'arbre en arbre"
Allitérations sur la sifflante "s" : "sentir sous l'écorce"
Assonances sur la voyelle "o" : "Au coeur d'une métropole" - "enclos/éloigné /orphelin"
Assonances sur la voyelle "e" : "Rejoindre cette retraite"
Assonance sur la voyelle "i" : "Captives mais invincibles"
Assonances sur la diphtongue "on" : "la pression des bourgeons"
Problématique :
Par quels procédés Andrée Chédid nous invite-t-elle à nous identifier aux arbres et à nous fondre activement dans la nature ?
Axes d'étude :
I. La dimension dramatique, pathétique, tragique et optimiste du poème :
a) Un récit en quatre parties
b) Le thème de la mort et de la résurrection
c) Le thème du temps
II. Le dynamisme de l'évocation (les procédés d'écriture) :
a) L'emploi de l'infinitif
b) La structure des phrases
c) Les figures de style (notamment la syllepse de sens)