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Céline/Tardi, Voyage au bout de la Nuit
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Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, texte intégral illustré par Tardi, Gallimard, Futuropolis, 1992 Jacques Tardi, né le 30 août 1946 à Valence est un auteur et dessinateur de bande dessinée français. Il est surtout connu pour la série des Aventures extraordinaires d'Adèle Blanc-Sec et pour son travail sur la Première Guerre mondiale. Il est lauréat en 1985 du Grand Prix de la Ville d'Angoulème et en 2011 de deux Eisner Awards. Son œuvre, traduite en plusieurs langues, a gagné la reconnaissance, au-delà même du monde de la bande dessinée. Notre vie est un voyage dans l'hiver et dans la Nuit, Nous cherchons notre passage Dans le Ciel où rien ne luit." (Chanson des Gardes Suisses, 1793) "Peu de livres ont une aussi grande puissance de vision que Voyage au bout de la nuit. Vision intense : celle de la révélation de la misère, de la guerre, de la maladie sans fin, de la mort. La phrase se concentre, repère tout, ne pardonne rien. Vision itinérante et prodigieusement variée ensuite : on part de la place Clichy, on se retrouve dans divers massacre à cheval, puis dans une Afrique écrasante, puis noyé à New York, à Detroit, puis de nouveau dans la banlieue de Paris (la banlieue de Céline, cercle minutieux de l'enfer !), puis dans les environs de Toulouse, et enfin dans un asile psychiatrique pas comme les autres. La mort au départ et à l'arrivée. La symphonie agitée de la nuit infinie pour rien. Le héros métaphysique de Céline est ce petit bonhomme toujours en route, entre Chaplin et Kafka mais plus coriace qu'eux, vous le redécouvrez ici, perplexe, rusé, perdu, ahuri, agressé de partout, bien réveillé quand même, vérifiant sans cesse l'absurdité, la bêtise, la méchanceté universelles dans un monde de cauchemar terrible et drôle. Céline lui-même compare son style aux bandes dessinées, aux "comics". C'était pour dire qu'il allait toujours au vif du sujet, au nerf de la moindre aventure. Ce Tardi-Céline l'aurait ravi. L'oeil traverse le récit comme une plume hallucinée, on voit le déplacement sans espoir mais plus fort, dans son rythme de mots et d'images, que tout désespoir. Il faut relire Céline en le voyant. Tardi lui rouvre l'espace. Le grouillement et la simplicité des épisodes et du jugement qu'il porte se redéploient. Céline a dit la vérité du siècle : ce qui est là, irréfutable, débile, monstrueux, rarement dansant ou vivable. Le voyage recommence. Les éclairs aussi. (Philippe Solers)