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Gerard Manley Hopkins, Grandeur de Dieu et autres poèmes (1876-1889),  traduits par Jean Mambrino, préface de Kathleen Raine, éditions granit, collection du Miroir MCMLXXX, 1980 et aux Editions NOUS

 

Gerard Manley Hopkins, né en 1884 à Stratsford, se convertit au catholicisme en 1867, et entra peu après, sous l'influence de Newman, dans la Compagnie de Jésus. A sa mort en 1889, il laissa une cinquantaine de poèmes inachevés, dont le langage était si nouveau, si audacieux, qu'il demeura incompris même des quelques amis qui furent ses seuls lecteurs. Publiés vingt-neuf ans après sa mort, en 1918, par le poète Robert Bridges qui avait conservé une copie de chaque poème, il a exercé depuis lors une influence majeure sur une partie de la poésie anglaise contemporaine.

Alors que Pierre Leyris réunit ses traductions fameuses, Reliquae et Le naufrage du Deutschland, en un seul volume : Poèmes accompagnés de proses et de dessins (aux éditions du Seuil), Jean Mambrino nous donne ici ses traductions des autres poèmes, auxquelles il a travaillé pendant des années.

Ils appartiennent à toutes les époques de la vie de Hopkins, et livrent une image fidèle de cette oeuvre sans pareille, que Coventry Patmore avait définie comme "un terrible cristal".

The world is charged with the grandeur of God.

It will flame out, like shining from shook foil ;

It gathers to a greatness, like the ooze of oil

Crushed. Why do men then now not reck his rod ?

Generations have trod, have trod, have trod ;

And all is seared with trade ; bleared, smeared with toil ;

And wears man"s smudge and shares man's smell : the soil

is bare now, nor can foot feel, being shod.

 

And for all this, nature is never spent ;

There lives the dearest freshness deep down things ;

And though the last lights off the black West went

Oh, morning, at the brown brink eastward, springs -

Because the Holy Ghost over the bent

World broods with warm beast and with ah ! bright wings.

 

February 23th 1877

 

L'univers est chargé de la grandeur de Dieu.

Elle doit jaillir tels les feux d'une feuille d'or qu'on froisse.

Elle s'amoncelle à force comme l'huile comprimée

Gicle. Pourquoi donc les hommes font-ils fi de son fouet ?

Les générations ont piétiné, piétiné, piétiné,

Tout est flétri par le négoce ; par le labeur brouillé, souillé,

Porte la crasse de l'homme, suinte l'odeur de l'homme ; le sol

est nu maintenant, et le pied ne peut le sentir étant chaussé.

 

N'importe ! la nature n'est jamais épuisée,

La plus tendre fraîcheur vit au fin fond des choses ;

Et bien que l'ultime lueur ait sombré à l'Ouest sombre,

Au bord brun de l'Orient, oh ! jaillit le matin -

Parce que le Saint-Esprit couve le courbe

monde de la chaleur de son sein et de la lumière ah ! de ses ailes.

 

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