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Kant : Fondements de la Métaphysique des moeurs (Résumé)
Kant : De la morale à la critique des moeurs Les Fondements de la Métaphysique des Mœurs, généralement appelée Métaphysique des Mœurs est le premier livre de Kant consacré à la philosophi...
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Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs, traduction et notes par Victor Delbos, préface de Monique Castillo, postface, La morale de Kant par Victor Delbos, Le Livre de Poche, classiques de la philosophie
Fondements de la métaphysique des mœurs est une œuvre d'Emmanuel Kant parue en 1785. Le titre allemand d'origine est Grundlegung zur Metaphysik der Sitten ("Fondation ou Fondement sans "s" de la métaphysique des moeurs"), traditionnellement traduit par Fondements de la métaphysique des mœurs, titre assez impropre puisqu'il n'y a selon Kant qu'un « fondement ».
Aux élèves :
D'un abord plus aisé que La critique de la raison pratique, les Fondements de la métaphysique des moeurs constituent une bonne introduction à la morale kantienne (ce qui ne dispense pas de lire aussi la Critique de la raison pratique !).
Vous pouvez vous dispenser dans un premier temps de lire l'introduction de Monique Castillo et la postface de Victor Delbos (cependant très éclairantes) et commencer directement par la préface de Kant.
Comme le dit Jeanne Hersch (L'étonnement philosophique), il faut penser avec les philosophes en leur prêtant notre liberté. Nombreuses sont les critiques de la morale kantienne, de Schelling à Stuart Mill, en passant par Hegel et Schopenhauer (cf. la préface de Monique Castillo).
Mais il faut d'abord essayer de "penser avec" Kant, de faire l'effort de comprendre sa démarche, de "mimer", comme dirait Jeanne Hersch, l'effort de Kant pour atteindre l'essence de la morale telle qu'elle s'exprime dans l'une ou l'autre formulation du même impératif catégorique : "Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle", afin de trouver un fondement objectif, transcendantal d'une éthique de la liberté humaine.
Plan :
- Avant-propos de Victor Delbos
- Préface aux Fondements de la métaphysique des moeurs par Monique Castillo
- Préface d'Emmanuel Kant aux Fondements de la métaphysique des moeurs
- Première section : Passage de la connaissance rationnelle commune de la moralité à la connaissance philosophique - L'hétéronomie de la volonté comme source de tous les principes illégitimes de la moralité - Classification de tous les principes de la moralité qui peuvent résulter du concept fondamental de l'hétéronomie, tel que nous l'avons défini.
- Deuxième section : Passage de la philosophie morale populaire à la métaphysique des mœurs.
- Troisième section : Passage de la métaphysique des mœurs à la critique de la raison pure pratique : Le concept de la liberté est la clef de l'explication de l'autonomie de la volonté - La liberté doit être supposée comme propriété de la volonté de tous les êtres raisonnables - De l'intérêt qui s'attache aux idées de la moralité - Comment un impératif catégorique est-il possible ? - De la limite extrême de toute philosophie pratique - Remarque finale
Postface : La morale de Kant par Victor Delbos : Les conceptions morales de Kant dans la période antécritique - La morale de Kant dans la période de la philosophie critique : La préparation de la morale par la critique de la raison spécultative - La préparation de la morale par la philosophie de l'histoire - La morale de Kant d'après les fondements de la métaphysique des moeurs - La morale de Kant dans les ouvrages postérieurs aux Fondements de la métaphysique des moeurs.
Repères biographiques (1724-1804) - Orientations bibiographiques : L'environnement intellectuel - L'homme et l'oeuvre - Genèse du système - Métaphysique et philosophie critique - Philosophie pratique - Notes.
Emmanuel Kant est un philosophe allemand, fondateur de l’« idéalisme transcendantal ». Né le à Königsberg, capitale de la Prusse-Orientale, il y est mort le 12 . Grand penseur de l'Aufklärung, Kant a exercé une influence considérable sur l'idéalisme allemand, la philosophie analytique, la phénoménologie et la philosophie postmoderne. Son œuvre, considérable et diverse dans ses intérêts, mais centrée autour des trois Critiques, à savoir la Critique de la raison pure, la Critique de la raison pratique et la Critique de la faculté de juger, fait ainsi l'objet d'appropriations et d'interprétations successives et divergentes.
"L'ancienne philosophie grecque se divisait en trois sciences : La PHYSIQUE, L'ETHIQUE et la LOGIQUE. Cette division est parfaitement conforme à la nature des choses, et l'on n'a guère d'autre perfectionnement à y apporter que celui qui consiste à y ajouter le principe sur lequel elle se fonde, afin que de cette façon on s'assure d'une par qu'elle est complète, que d'autre part l'on puisse déterminer exactement les subdivisions nécessaires.
Toute connaissance rationnelle ou bien est matérielle et se rapporte à quelque objet, ou bien est formelle et ne s'occupe que de la forme de l'entendement et de la raison en eux-mêmes et des règles universelles de la pensée en général sans acception d'objets. La philosophie formelle s'appelle LOGIQUE, tandis que la philosophie matérielle, celle qui a affaire à des objets déterminés et aux lois auxquels ils sont soumis, se divise à son tour en deux. Car ces lois sont ou des lois de la nature ou des lois de la liberté. La science de la première s'appelle PHYSIQUE, celle de la seconde s'appelle ETHIQUE ; celle-là est encore nommée Philosophie naturelle, celle-ci Philosophie morale." (Emmanuel Kant, début de la Préface des Fondements de la Métaphysique des moeurs)
"Publiés en 1785, les Fondements de la métaphysique des moeurs jettent les bases des philosophies de la liberté qui se développèrent au XIXème siècle. Kant y affirme, notamment, la nécessité d'une philosophie morale pure, débarrassée de toutes les scories portées par l'empirisme et entreprend de rechercher et de déterminer le principe suprême de la morale. Ce seront alors les célèbres "impératifs catégoriques" :
- "Agis selon une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle."
- "Agis de telle sorte que tu uses de l'humanité en ta personne et dans celle d'autrui, toujours comme fin, et jamais simplement comme moyen."
- "Agis de telle sorte que ta volonté puisse se considérer elle-même, dans ses maximes comme législatrice universelle."
Monique Castillo, diplômée de sciences politiques, agrégée de philosophie et docteur d'Etat, est actuellement professeur à l'université de Poitiers. Elle a notamment publié Kant et l'avenir de la culture (PUF, 1990) et une traduction des Leçons de métaphysique d'Emmanuel Kant (Le Livre de Poche, 1993)
"En 1781, la Critique de la raison pure introduit la morale par une interrogation spécifique, exprimée à la première personne : "Que dois-je faire ?" L'absence de réponse est ce qui fait question dans la question. La connaissance de l'expérience commence par décourager toute interprétation morale du monde et l'observation des moeurs rend illisible la destination ultime de l'action humaine.
En 1785, les Fondements de la métaphysique des moeurs fournissent les moyens d'un traitement systématique de ce qui peut obliger dans une obligation. Leur point de départ reproduit fidèlement l'inquiétude critique : dans la diversité des buts que chacun se propose pour sa félicité, pour l'accomplissement de sa vie, il est impossible de déceler le moindre caractère obligatoire, rien qui vaille en soi et pour soi, rien qui transporte au-dessus des rapports purement techniques au monde et aux autres. S'il m'est possible de savoir ce que je dos faire, tout ce qui détermine concrètement mes actions est condamné à m'apparaître comme quelque chose de contingent du point de vue moral.
Les Fondements annoncent ce qui sera la tâche d'une Critique de la raison pratique (1788) et anticipent leurs propres prolongements dans une Métaphysique des moeurs (1797). En cela, ils contribuent à préciser la nature et l'étendue d'un traitement spécifiquement critique de la morale. Le problème le plus difficile exposé dans la troisième section, est de passer d'une conception négative à une conception positive de la liberté. La liberté se révèle d'abord à chacun comme une qualité nagative, "en ce sens que nous ne sommes contraints à l'action par aucun principe de détermination sensible" (Métaphysique des moeurs, introduction générale, trad. Philonenko, Vrin, p. 101), et que, par suite, "je ne puis être contraint par autrui à posséder une fin, c'est moi seul qui détiens le pouvoir de me proposer quelque chose comme une fin." (Doctrine de la vertu, p. 51).
Cette liberté négative, indéterminable empiriquement, ne rencontre rien dans la nature et dans l'histoire qui puisse la lier ou l'associer. Il faut donc, pour fonder la morale, une liberté positive, un pouvoir de commencer et de déterminer l'action, de lui fournir ses raisons. Le service de la liberté requiert une conception normative, ou législatrice, de la raison. Les Fondements mettent en place le concept central d'autonomie pour établir le lien qui associe la volonté à la forme universelle de la loi morale. La Métaphysique des moeurs proposera l'idée d'autocratie de la raison pour rendre compte du lien entre la raison et les fins de l'action commandées par la loi morale.
De là, cette révérence, réelle, mais parfois distante, dont le kantisme est l'objet. N'est-il pas la source d'une fondation paradoxalement autoritaire, autocratique, de la liberté ?
Il semble qu'il faille, pour le comprendre, revenir en-deçà des pensées de la libération, pour y retrouver les origines d'une philosophie de la liberté. Une théorie de la libération redécouvrirait plutôt cette indépendance première de l'individu, cette liberté négative dont Kant ne fait qu'une liberté psychologique, tandis que la philosophie de la liberté cherche un fondement objectif, transcendantal et non psychologique de la liberté, une fondation non subjectiviste de la liberté du je.
Dans la mouvance postnietzschéenne de l'idée de libération, il s'agit plutôt de restituer à l'individu son activité particulière, conçue comme une puissance individualisée ; sa libération consiste à le libérer de la morale elle-même, pour le rendre à son indétermination morale antérieure. La pensée kantienne de la liberté, quant à elle, commence par libérer la morale de ses contrefaçons autoritaires, des intérêts particuliers des "moralistes" professionnels ou circonstanciels. C'est pourquoi elle repose sur l'autodétermination du sujet, sur une limitation librement consentie." (Monique Castillo)