Alexandre Romanès, Sur l'épaule de l'ange, NRF Gallimard, 2010
Né à Paris en 1951 dans la famille de Firmin Bouglione, Alexandre Romanès devient très tôt acrobate, équilibriste et dompteur de fauves. A vingt ans, Alexandre Romanès s'éloigne du cirque familial. Dans les années 1990, il rencontre sa femme Délia, une Gitane issue de la tribu des Lovaris, de la communauté roumaine du camp de Nanterre. Alexandre et Délia créent ensemble le premier cirque tsigane d'Europe, composé d'un orchestre venu des Balkans et de Gitans. Ils plantent leur petit chapiteau sur un terrain vague place Clichy, à Paris. Depuis janvier 2006, ils sont installés porte de Champerret. Dans cette tribu, ils sont une trentaine à jouer, à chanter et à danser. Trapézistes, équilibristes, jongleurs, les numéros s’enchainent rythmés par la musique tsigane. Un esprit familial tient toute la troupe. Délia chante, Alexandre Romanès ne quitte pas des yeux les artistes de sa grande famille : fier de leur dextérité, attentif et tendre pendant les numéros des plus jeunes. Défenseur passionné de la culture tsigane, il rêve à la création d’un centre culturel tsigane. Ami de Jean Genet, Lydie Dattas, Christian Bobin, Alexandre Romanès a publié plusieurs recueils de poésie chez Gallimard. En octobre 2010, Alexandre Romanès entre en résistance contre le gouvernement qui veut appliquer la loi interdisant le travail des enfants au sein de son cirque et se bat pour conserver ses musiciens roumains menacés d’expulsion. Le cirque Romanès était présent, la même année, à l’exposition universelle de Shangai, dans le pavillon français. Le cirque Romanès est actuellement à Paris, Porte de Passy.
Pourquoi j'ai écrit ? L'écriture n'est pas une tradition gitane. La poésie me semblait trop haute pour moi, inaccessible, et puis la vie je voulais la vivre, pas l'écrire. Je m'étais fait une raison, mais pas le ciel. Lentement, au rythme des saisons qui passent, j'ai rempli un cahier d'écolier. ce que je sais, c'est qu'il y a des poètes que j'admire. Peut-être que je n'ai pas supporté de les voir passer. J'ai voulu être un des leurs." (Alexandre Romanès)
«Lire Alexandre Romanès c'est connaître l'épreuve de la plus grande nudité spirituelle. Juste une voix et surtout le ton de cette voix : une corde de luth pincée jusqu'à l'os, ce luth dont il a joué dans sa jeunesse. Les morts doivent parler avec la même douceur sourde et sans reproche. À la lecture c'est comme si on traversait une larme. Cette larme que le poète refuse de verser fait l'humanité profonde de son livre. Il y a de l'eau, c'est tout, et un tout petit brillant de sel. Dans la dernière partie du livre, il y a de l'air. On a atteint la chambre des résurrections. Une douceur sans mélange, si pure qu'elle fait éclater la vitre de la mort. C'est le silence désormais qui tient le livre entre ses mains.» (Christian Bobin)
