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Jules Roy : Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu
Jules Roy : Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu

Jules Roy, Rostropovitch, Gainsbourg et Dieu, Albin Michel, 1992

Table :

I. Sur un vaisseau fantôme - II. revenons un peu sur nos pas - III. Il nous a dérobé notre âme - IV. Plus qu'un coup de foudre - V. L'enchanteur - VI. La pharaonne - VII. A la hussarde

Les philosophes qui ont cherché des preuves de l'existence de Dieu ont négligé la plus convaincante : la musique de Jean-Sébastien Bach." (Cioran, Syllogismes de l'amertume)

"Sans Bach, la théologie serait dépourvue d'objet, la Création fictive, le néant péremptoire." (ibidem)

"S'il y a quelqu'un qui doit tout à Bach, c'est bien Dieu."(ibidem)

"Gainsbourg, l'impie est venu vivre ses derniers mois au pied de la colline de Vézelay. Rostropovitch, l'homme de foi, est monté jusqu'à la basilique de Marie-Madeleine pour y enregistrer les six suites de Bach pour violoncelle seul. Jules Roy a observé ces deux itinéraires. Il témoigne.

Etranges rencontres que celle du provocateur désespéré et du virtuose adulé avec le vieil écrivain. Sous son regard aigu, leur vérité émerge de manière inattendue au fil de ce récit au style tour à tour lyrique et ironique. Dans la nuit de Vézelay, Jules Roy regarde jouer Rostropovitch en pensant à Gainsbourg et à Dieu, en méditant sur la création et la foi.

Un extraordinaire document et une grand page de littérature."
 

Extrait : 

"Depuis vingt ans, les firmes lui demandent d'enregistrer les Suites pour violoncelle seul. Il refuse toujours. "je ne suis pas prêt", répète-t-il. Il a encore besoin de travailler. Il a des questions à poser. A qui ? A lui-même. A Bach, A "Bahh" le torrentiel, l'irrésistible. Il n'avait pas encore réponse à tout. Peur de se tromper sur les intentions, peur de ne pas savoir où il va. Et soudain, il aurait trouvé le lieu où jouer les Suites ? Il l'a dit à Claude Samuel : "D'abord des questions techniques concernant les traits. J'étais tout jeune quand j'ai commencé à étudier Bach en suivant les cours d'archet qu' m'avait donnés mon professeur. Quarante ans plus tard, j'ai modifié de nombreux éléments..." Et comme Claude Samuel lui demandait si l'enregistrement des Suites serait l'aboutissement de sa carrière : "je ne sais pas. Je n'y pense pas. Ce sera peut-être l'échec de ma carrière, mais je dois le tenter..."

Sans les anges du chapiteau de Vézelay, sans l'ange d'apocalypse qui s'apprête, le pied sur notre rocher, à s'élancer de ses ailes déjà frémissantes, il n'y aurait pas de terme à cette chasse spirituelle. La basilique romane lui éclate soudain dans le coeur. C'est l'illumination mystique. "C'est Bahh" en effet. Admettons.

Gainsbourg à qui je ne peux pas ne pas penser, c'est autre chose. Il éprouve une certaine peur à seulement s'approcher de la basilique, il n'a jamais osé y entrer. Il n'invoque rien, il ne se croit ni héros ni prophète. C'est un poète qui ne croit pas en Dieu et n'a jamais demandé d'aide à personne. Qu'à l'enfer." (p.62-63)

 

 

 

 

 

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