J'ai souvent senti qu'une force me dissuadait d'accomplir une mauvaise action sans pour autant m'en empêcher. Il y a quelque chose de merveilleux et d'effrayant dans la liberté humaine. On passe de la pulsion au combat contre la pulsion, non pas entre l'esprit et la chair, mais entre deux représentations contraires avec leurs conséquences pour soi-même et pour autrui. On parlait jadis "d'ange gardien" et de "péché mortel". Le fardeau de la liberté explique en partie la fascination pour les machines.
L'idée de devenir soi-même suppose que chaque individu a une essence (une "entéléchie") et donc que, contrairement à ce que disait Sartre, l'essence précède l'existence.
On peut dire que le chêne futur est contenu dans le gland et que le coupe-papier a été conçu (cause formelle) avant d'être fabriqué (cause efficiente), mais en est-il de même pour les êtres humains ?
Qu'est-ce qui précède, l'essence ou l'existence ? Sartre explique que le mode d'existence d'un être humain n'est ni celui d'un coupe papier, ni celui d'un arbre, mais qu'il est libre.
Sartre réintroduit le libre-arbitre qui a été nié par Spinoza et par la théologie protestante (Luther) avec la notion de "prédestination".
Mais si on n'est pas libre, la punition est injuste. Est-ce que nous nous contentons d'exécuter un "programme" ou est-ce que nous nous inventons nous-mêmes ? La théologie catholique dit qu'il n'y a pas de liberté pure ; il faut la bonne volonté et le secours de la Grâce.