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A l’instigation de la sociologue Véronique Le Gouaziou, le père Tritz  raconte son itinéraire de prêtre  engagé aux côtés des habitants du Kremlin-Bicêtre, puis des quartiers nord de Bourges.

 

Que peut bien faire un prêtre dans les quartiers populaires des métropoles et des banlieues ? A quoi sert-il au moment où les violences urbaines révèlent au grand jour l’ampleur des fractures sociales qui touchent ces territoires ? Que signifie une présence chrétienne dans ce contexte où l’islam est parfois devenu majoritaire ?

 

Un homme raconte sans fard sa vocation : se tenir aux côtés des gens les plus en difficulté, tisser patiemment des liens pour révéler la dignité des personnes.

 

Pierre Tritz parle de son enfance en Lorraine, de ses études au collège jésuite de Cormontreuil, de sa vocation au service des plus démunis, de sa découverte de la misère. Il évoque avec une sobriété et une modestie bouleversantes ses  9 années passées dans les quartiers nord de Bourges où il s’installa en 1989…9 années de joies et de tristesses, de prises de paroles, d’amitiés, de corps réconciliés, de fêtes, de rencontre du « Très Haut » dans le « Très Bas »…

 

« Dès le départ, j’ai été saisi par les difficultés des gens et l’âpreté de leur vie. En fait, je retrouvais des situations proches de celles que j’avais connues en banlieue parisienne. La première semaine de mon séjour, j’ai célébré les enterrements de deux jeunes garçons. Le premier, handicapé physique s’était suicidé, l’autre avait été fauché par un camion au sortir d’une boîte de nuit... »

 

« J’ai voulu dire que la vie des femmes et des hommes est le plus beau joyau : il existe une beauté sauvage des quartiers où le « peu » peut être beaucoup. Dieu le sait qui a pris le parti de cette humanité. »

 

Pour Pierre Tritz, l’Evangile est une « Parole incarnée », le christianisme « une religion de la vie concrète »…« Ma croyance et mon job, c’est d’affirmer que même lorsque les gens sont au fond du gouffre – surtout à ce moment-là – ce sont des personnes humaines, des personnes qui ont du sens et qui comptent. A mes yeux et aux yeux de Dieu. C’est là ma foi. »

 

Avec sympathie, mais sans rien céder à l’exigence de la distance critique, Véronique Le Gouaziou analyse en contrepoint la genèse d’une vocation et le sens d’une présence chrétienne dans ces quartiers. « La posture de Pierre réside d’abord dans une présence : être là où les gens sont et se mettre à leur disposition. Si je ne devais retenir qu’une seule image – une image, pas un mot ou une déclaration – ce serait celle où il accompagne des personnes endettées à la Banque de France et se tient à côté d’elles, dans la majorité des cas légèrement en retrait et silencieux…ce qui n’empêche pas l’action, la prise de parole et même des coups de gueule à d’autres moments. » 

 

Appelé à d’autres fonctions, Pierre Tritz a quitté Bourges en 1998. Une fête d’adieu mémorable  fut donnée en son honneur au  Hameau de la fraternité.

 

Né en Lorraine, Pierre Tritz est prêtre et membre de la congrégation des Fils de la Charité.

 

Véronique Le Goaziou est sociologue et spécialiste des questions urbaines. Elle a notamment publié « Comment ne pas devenir électeur du Front National » (Desclée de Brouwer, 1998) et « Repris de justesse » (en collaboration avec Yazid Kherfi),  (La Découverte, 2000)

 

 

Pierre Tritz et Véronique Le Goaziou, « Prêtre en banlieue », rencontre improbable entre un religieux et une sociologue, aux éditions de l’Atelier, 173 pages, 18 euros. Si vous souhaitez réagir : pierretritz@voila.fr – 01 42 01 95 27 – Site Internet des Fils de la Charité : www.filsdelacharité.org

 

 

 

 

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