Plotin, Ennéades, version bilingue, Texte établi et traduit par Emile Bréhier, "Les Belles Lettres, 1976
Plotin (205-270 après J.-C.), philosophe grec de l'Antiquité tardive, est le représentant principal du courant philosophique appelé « néoplatonisme ». Il installa son école à Rome en 246, Amélius fut son premier disciple. Sa relecture des Dialogues de Platon fut une source d'inspiration importante pour la pensée chrétienne en pleine formation à l'époque et pour saint Augustin, elle influença de manière profonde la philosophie occidentale. L'intégralité de ses écrits a été publiée, par un autre disciple fidèle, Porphyre de Tyr, dans les Ennéades.
L'originalité de la pensée de Plotin tient dans sa réflexion, à partir de Platon et d'Aristote, sur la nature de l'Intelligence, et sur l'au-delà de l'Intelligence, à savoir l'Un. Pour Plotin, l'univers est composé de trois réalités fondamentales : l'Un, l'Intelligence et l'Âme. L'homme, partie du monde sensible, doit par l'introspection remonter de l'Âme à l'Intelligence, puis de l'Intelligence à l'Un et accomplir ainsi une union mystique avec le Dieu par excellence
Émile Bréhier (12 avril 1876, Bar-le-Duc - 3 février 1952, Paris) est un écrivain, philosophe et historien français. Il est surtout connu pour ses travaux sur l'histoire de la philosophie.
Agrégé de philosophie en 1900, il enseigne au lycée de Coutances, au lycée de Laval de 1903 à 1908, et au lycée de Beauvais. Il est docteur ès lettres en 1908 avec une thèse sur Philon d'Alexandrie. Il enseigne ensuite aux facultés de Rennes et de Bordeaux, et enfin à la Sorbonne à partir de 1919.
Mobilisé en 1914 au 344e régiment d'infanterie, il y gagne les galons de sous-lieutenant et est cité deux fois à l'ordre de la division et à l'ordre de l'armée. Atteint d'une très grave blessure, il est amputé du bras gauche et fait chevalier de la Légion d'honneur.
En 1925, il est détaché à l'université du Caire et, en 1936, à celle de Rio de Janeiro. Directeur de la Revue Philosophique et de L'Encyclopédie Philosophique, il est l'auteur de nombreux et importants travaux sur la philosophie grecque et la philosophie médiévale et surtout d'une magistrale Histoire de la Philosophie. Il avait succédé à Henri Bergson en 1941 à l'Académie des sciences morales et politiques.
Il est le frère de Louis Bréhier, historien. (source : babelio)
Organisation de l'ouvrage :
Introduction :
1. La vie de Plotin
2. Les Ennéades
- La composition du recueil
- Chronologie
- Authenticité
- La forme littéraire
- Le style de Plotin
3. Le Texte des Ennéades
Sigles
Porphyre, La vie de Plotin et l'ordre de ses écrits
Plotin, Première Ennéade
I. Qu'est-ce que l'animal ? Qu'est-ce que l'homme ?
II. Des Vertus
III. De la Dialectique
IV. Du Bonheur
V. Le Bonheur s'accroît-il avec le temps ?
VI. Du Beau
VII. Du premier Bien et des autres Biens
VIII. Qu'est-ce que les maux et d'où viennent-ils ?
IX. Du suicide raisonnable
Extrait de la Préface :
"Le thème principal, autour duquel se centre tous les autres, c'est le thème de la fuite de l'âme hors du monde sensible. La doctrine qui le soutient, c'est celle d'une série de réalités dont chacune naît de la précédente, et qui vont en valeur décroissante depuis le plus haut sommet du monde intelligible (le Premier) jusqu'au plus bas degré du monde sensible. Chacune de ces réalités est un séjour possible pour l'âme qui se perd en descendant vers la matière, et regagne son être véritable en montant vers le premier. Cette doctrine n'est développée que pour rendre possible le thème édifiant de l'ascension de l'âme. Il s'agit de décrire la vraie patrie de l'âme par opposition au lieu où elle se trouve emprisonnée.
Considérons brièvement par exemple le sujet des traités de la première Ennéade.
Le premier veut démontrer que l'âme a une vie bien à elle, et séparée de toute relation avec le corps.
Le second reprend le vieux thème stoïcien de l'identité de la vertu chez Dieu et chez les hommes et de la possibilité pour l'âme de s'assimiler à Dieu.
Le troisième traite un thème qui, malgré les apparences, est un thème d'école stoïcien plutôt que platonicien ; c'est ce thème, si fréquent chez Epictète, de la primauté de la dialectique dans la vie intellectuelle et morale.
Le quatrième se rapporte au thème, constant dans toutes les morales postaristotéliciennes, de l'indépendance du bonheur du sage
Le cinquième traite également un thème d'école stoïcien, l'indépendance du bonheur du sage relativement à la durée.
Le sixième a pour sujet l'ascension de l'âme vers le monde intelligible.
Le septième, le bonheur
Et le huitème démontre que le mal n'a sa source dans aucun être réel et par conséquent est étranger à l'âme.
Donc le thème de la vie spirituelle et indépendante de l'âme, qui incorpore d'anciens thèmes stoïciens qu'il rajeunit, est, en tous ces traités, le sujet véritable et immédiat de Plotin. La doctrine platonicienne ne prend son plein sens pour lui que parce qu'elle est, plus qu'aucune autre, favorable à la vie spirituelle." (Emile Bréhier)