Je pense au matin de votre gloire,
Au matin de votre vie,
Quand démon vous vous êtes éveillé
Et Dieu pour les hommes.
Je pense à vos sourcils
Qui cerclent la flamme de vos yeux,
A la lave du sang ancien
Qui coule dans vos veines.
Je pense à vos doigts - si longs -
Dans vos cheveux bouclés
Et aux regards qui vous dévorent
Dans les salons et les allées.
Je pense à ces coeurs que, trop jeune,
Vous n'eûtes le temps de lire,
Tandis que des dunes jaillissaient
Et s'éteignaient pour votre gloire.
Je pense à ce salon obscur,
Au velours penché sur la dentelle,
A vous qui m'auriez dit vos vers
Et moi - les miens - pour vous.
Je pense encore à la poussière
Qui reste de vos lèvres et de vos yeux -
A tous ces yeux qui reposent morts...
A eux, à nous...
(24 septembre 1913)