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Michel Onfray, Physiologie de Georges Palante
Michel Onfray, Physiologie de Georges Palante

Michel Onfray, Physiologie de Georges Palante, pour un nietzschéisme de Gauche, Grasset, 2002

Georges Palante, L'individualisme aristocratique, Textes choisis et présentés par Michel Onfray, Les Belles Lettres, collection Iconoclastes, 1995

“L'individu est la seule source d'énergie, la seule mesure de l'idéal.” (épitaphe sur la tombe de Georges Palante)

Dans une note à L'Homme révolté, auquel j'ai récemment consacré un modeste commentaire, Albert Camus fait allusion au philosophe Georges Palante, que Michel Onfray a sorti d'un injuste oubli dans l'un de ses premiers Essais, Physiologie de Georges Palante, pour un nietzschéisme de gauche.

Georges Palante fut le professeur de philosophie à Saint-Brieuc de Louis Guilloux, qui le dépeint sous les traits de "Cripure", le héros humilié, solitaire et tragique de son roman Le sang noir.

Note : Le sobriquet "Cripure" attribué au "héros" par ses élèves vient de sa passion pour la Critique de la raison pure de Kant, mais on peut comprendre aussi "Cripure" = "Cri pur".

Georges Palante  exerça également une grande  influence sur Jean Grenier, le professeur de philosophie de Camus à Alger et sur Camus lui-même, par le truchement de Jean Grenier.

En ces temps où, comme le déplorait Hannah Arendt, on nous invite à nous soumettre sans réserve aux impératifs  de la consommation et du divertissement, il est urgent d'écouter à notre tour la voix prophétique de ce penseur aristocratique et libertaire, défenseur de l'individu contre tous les conformismes politiques et sociaux.

Georges Palante :

Georges Toussaint Léon Palante, né le 20 novembre 1862 à Blangy-les-Arras (Pas-de-Calais) et mort le 5 août 1925 à Hillion (Côtes-d'Armor), est un philosophe et sociologue français nietzschéen et libertaire. Dans ses écrits, il critique le grégarisme ainsi que les dérives autoritaires du socialisme et du marxisme. Il pense que l’individu tient un rôle irremplaçable au sein des systèmes sociaux les plus complexes. Il défend un individualisme aristocratique, au sens étymologique du terme.

Le livre de Michel Onfray :

"Depuis son prix Médicis-essai pour La sculpture de soi, Michel Onfray n'a cessé de s'imposer comme l'un des meilleurs essayistes de sa génération. Cet essai sur Georges Palante est de fait, le premier livre écrit par Michel Onfray. Il l'a publié, voici quinze ans, aux édition Folle Avoine - qui n'existent plus - et sa réédition s'imposait, tant s'y résume et s'y annonce toute la philosophie de l'auteur.

Qui était Georges Palante ? Peu de gens se souviennent de ce philosophe si particulier, et rares sont ceux qui le lisent encore, bien que ses « oeuvres complètes » soient en voie de réédition, pour février 2002, aux éditions Alive.

Pourtant, Palante (1862 - 1925) était un personnage essentiel du paysage philosophique de ce début de siècle. Louis Guilloux en avait même fait le modèle de son héros "Cripure".

Nietzschéen, engagé à gauche, aristocratique et libertaire, théoricien de « L'Ariste » (concept résumant son idéal aristocratique et artiste), Palante enseigna la philosophie et eut une existence assez misérable qui le mena à un suicide tragique.

Pour Michel Onfray la figure de ce philosophe est donc, en quelque sorte, inaugurale. C'est là, dans son oeuvre, qu'il a puisé les concepts et la vision d'un monde dont il n'a cessé depuis d'explorer les thèmes (hédonisme, anarchisme, primauté du corps).

Son essai est, à la fois, une biographie, un commentaire et un prolongement de l'oeuvre de Palante." (source : éditions Grasset)

Extrait de la préface de Michel Onfray aux oeuvres philosophiques complètes de Georges Palante : 

Georges Palante (1862-1925) fut un des philosophes importants du début du XXe siècle. Louis Guilloux en avait fait dans Le Sang Noir le modèle de son héros "Cripure" (...) Nietzschéen aristocratique et libertaire, Palante enseigna la philosophie et eut une existence assez misérable, qui le conduisit à un suicide tragique. Ce volume contient la totalité de ses œuvres philosophiques. De nombreux textes inédits depuis leur parution en revue ou en opuscules au début du XXe siècle, représentant près de la moitié du volume, sont repris ici en une édition de référence.    

Sur le fond, sa critique du grégarisme, de la dérive autoritaire du socialisme et du marxisme, du rôle irremplaçable de l’individu au sein des systèmes sociaux les plus complexes, du nivellement psychologique opéré par le développement de la consommation en font un siècle plus tard un visionnaire dont la lecture est indispensable. 

Citations : 

« Les décisions sont de moins en moins prises par des individus ; elles sont prises, en apparence, par des comités, des commissions, c’est-à-dire des entités à peu près anonymes et irresponsables. L’impunité de groupe est un fait social significatif et peu rassurant. C’est un symptôme de rapetissement intellectuel et moral, c’est un indice d’une moindre intensité de vie. C’est une forme d’humanité diminuée. »
    
« Le mélange des races, de même que l’interférence des cultures et des influences sociales dans un même cerveau, produit des individualités plus complexes, plus riches et plus délicates. »

« Telle religion, telle civilisation pourra peut-être encore, comme cela a eu lieu dans le passé, se cristalliser dans tel dogme métaphysique, scientifique ou moral. Mais l’humanité, dans son ensemble, ne veut pas de dogmes et les brise les uns après les autres. » 
   
"Il n’y a point de démocratie vraie sans une aristocratisation de la foule."

"Le bovarysme est le pouvoir qu'a l'homme de se concevoir autre qu'il n'est. Ce fait très simple est aussi très général. Nul n'échappe au bovarysme. Tout homme en subit la loi à des degrés divers et suivant des modes particuliers. Le bovarysme est le père de l'illusion sur soi qui précède et accompagne l'illusion sur autrui et sur le monde ; il est l'évocateur de paysages psychologiques par lesquels l'homme est induit en erreur et en tentation pour sa joie et pour son malheur."

"Je n'ai pas d'idéal social. Je crois que toute société est par essence despotique, jalouse non seulement de toute supériorité, mais simplement de toute indépendance et originalité. J'affirme cela de toute société quelle qu'elle soit, démocratique ou théocratique, de la société à venir comme de celle du passé et du présent. - Mais je ne suis pas plus fanatique de l'individu. Je ne vois pas dans l'individu le porteur d'un nouvel idéal, celui qui incarne toute vertu. Je détruis toute idole et n'ai pas de dieu à mettre sur l'autel."

“L'individu est la seule source d'énergie, la seule mesure de l'idéal.” (épitaphe sur sa tombe)

 

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