Rainer Maria Rilke, Nouveaux Poèmes suivi de Requiem, traduit de l'allemand par Lorand Gaspar et Jacques Legrand, Editions du Seuil, collection Points
Rainer Maria Rilke est né à Prague en 1875. A l'âge de onze ans, il est envoyé à l'école militaire de St.-Polten, puis à celle de Märish-Weisskirchen (laquelle inspirera Les Désarrois de l'élève Törless à Robert Musil). A Munich, en 1896, il rencontre Lou Andréas Salomé qui aura une influence décisive sur sa vocation poétique. Ensemble, ils se rendent en Russie. Après la rupture avec Lou, Rilke se joint à une colonie d'artistes, à Worpswede, près de Brême, y rencontre Clara Westhoff, sculpteur, qu'il épouse et dont il aura une fille, Ruth. C'est Clara qui, à Paris, en 1902, présentera Rilke à son maître Auguste Rodin. Le couple se sépare un an plus tard. Rilke réside à Rome, voyage en Scandinavie. En 1906, il devient le secrétaire de Rodin, mais une brouille sépare les deux hommes. Il s'enthousiasme pour la peinture de Cézanne. Réconcilié avec Rodin, il recommence à voyager, en Afrique du Nord, en Espagne, puis séjourne au château de Duino (1911 et 1912) en Dalmatie, comme hôte de la princesse Marie de la Tour et Taxis. Ressortissant autrichien, il est mobilisé en 1916. Après un nouveau séjour à Paris, il se fixe au château de Muzot, dans le Valais, avec "Merline" (Baladine Klossowska). Atteint d'une leucémie aiguë, il meurt en 1926, à la clinique de Val-Mont.
On peut distinguer trois phases dans la carrière de Rilke. La première (1900-1906), dominée par le Livre d'heures, s'inscrit dans le contexte des rencontres et des voyages. La seconde (1906-1910) est marquée par l'élaboration des Cahiers de Malte Laurids Brigge. La troisième voit l'achèvement des Elégies de Duino et la composition des Sonnets à Orphée qui affirment la consécration définitive et universelle du poète.
Nouveaux poèmes :
Publié en 1907, le recueil se compose de poèmes écrits entre 1905 et 1907. Comme dans Le Livre d'images, l'ordre des poèmes ne suit pas la chronologie de la composition quoique, à de rares exception près, les poèmes de la deuxième partie soient plus tardifs que ceux de la première.
On remarquera une symétrie assez nette entre les Nouveaux poèmes de la première et de la deuxième partie. Au poème initial consacré à Apollon fait suite une séquence de textes centrés sur des thèmes antiques, sur des thèmes de l'Ancien et ensuite du Nouveau Testament. Par la suite, la symétrie est moins nette et il faut un peu forcer les choses pour la maintenir. Le livre de Brigitte Bradley, bien qu'il traite du caractère cyclique des Nouveaux poèmes, s'en tient malheureusement à la première partie du recueil. Les tentatives pour donner une valeur exégétique décisive à l'organisation architecturale du volume ne donne pas de résultats très convaincants. Une symétrie semblable se retrouve entre les deux parties principales des Sonnets à Orphée.
Requiem :
Les deux Requiem furent écrits à quelques jours d'intervalle à la Toussaint 1908. Le premier est dédié à Paula Modersohn-Becker, l'amie de Clara Rilke-Westhoff à Worpswede. Le poème fait allusion au fait qu'elle mourut en couches à l'âge de trente et un ans.
Le deuxième Requiem est dédié au poète Wolf von Kalckreuth qui se suicida à l'âge de dix-neuf ans.