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Abraham Heschel, Les Bâtisseurs du Temps

Abraham Joshua Heschel, Les Bâtisseur du Temps, Les Editions de Minuit, collection aleph, avec 11 bois de Ilya Schor, 1957.

L'auteur :

Abraham Joshua Heschel (1907-1972) est un des grands penseurs juifs du XXe siècle. Depuis sa chaire de séminaire, de sa tribune de conférencier et par ses nombreux écrits, sa pensée influença des générations de rabbins et d'enseignants et toucha les milieux les plus divers, juifs ou non-juifs.

Né à Varsovie au sein d'une lignée de rabbins hassidiques, il reçoit une éducation talmudique très approfondie, complétée par une connaissance du hassidisme et de la kabbale. Il se rend ensuite à Berlin où il étudie la philosophie à l'université, puis enseigne le Talmud à la Hochschule für die Wissenschaft des Judentums. Martin Buber le désigne comme son successeur à l'organisation centrale d'éducation juive pour adultes mais, en 1938, les nazis le déportent en Pologne.

Il y reste moins d'un an avant de s'embarquer pour les Etats-Unis. Il y occupe d'abord le poste de professeur associé de philosophie et d'études rabbiniques au Hebrew Union College de Cincinnati, avant d'occuper à New York un poste de professeur d'éthique et de mystique juives au Jewish Theological Seminary, où il exerce à partir de 1945 jusqu'à sa mort.

Le message humaniste du judaïsme Heschel considère que le judaïsme est avant tout un enseignement fondé sur un lien étroit entre Dieu et l'homme. D'un côté, Dieu se soucie de ses créatures et, de l'autre, la véritable religion constitue la réponse de l'homme à la relation que Dieu entretient avec lui.

L'histoire juive répertorie les succès et les échecs d'Israël à répondre à l'appel de Dieu, et la Bible est le livre où sont consignés ces différents épisodes.

Heschel s'efforce d'analyser les sources classiques du judaïsme pour démontrer leur pertinence face aux problèmes modernes. Il est ainsi amené à exercer un rôle important dans le mouvement des droits civiques et dans d'autres courants humanistes.

Heschel est également actif dans le cadre du dialogue judéo-chrétien et s'engage dans des débats qui influencent Vatican II.

Les travaux de Heschel couvrent pratiquement tous les domaines de la pensée juive classique. Sa première œuvre majeure porte sur les prophètes de la Bible. Il publie ensuite des ouvrages sur les philosophes juifs du Moyen Âge et écrit également beaucoup sur la kabbale et sur le hassidisme. Parmi ses autres ouvrages importants on peut citer : Le Chabbat (1951), L'homme n'est pas seul (1951), La recherche de Dieu par l'homme (1954), Dieu en quête de l'homme (1956), Les bâtisseurs du temps (1957), Qui est l'homme ? (1962), Israël un écho d'éternité (1969), Le tourment de la vérité (1976)

(Source : Dictionnaire encyclopédique du judaïsme et Akadem)

L'œuvre : 

"La langue hébraïque ne possède point de mot pour dire chose, et les Juifs disent bon pour beau.

Manquent-ils de sens esthétique, ne savent-ils point compter ? Ou, plus simplement, leur domaine est-il autre ? La civilisation, répond Abraham Heschel, n'est pas simplement une technique dédiée à la puissance de l'homme ; elle ne se mesure pas à l'entassement des objets, ni à l'accumulation des connaissances. C'est un certain art de maîtriser le temps, d'introduire le sacré dans nos travaux et dans nos jours.

Tel est l'art de vivre qu'ont édifié les Juifs et que le Sabbat continue à nous enseigner."

Extrait :

« Six jours durant, nous luttons avec le monde, arrachant sa richesse à la terre ; mais le Shabbat, nous avons à prendre soin de la semence d’éternité confiée à notre âme. Nos mains sont au monde, mais notre âme appartient à Quelqu’un d’autre. Six jours durant, nous travaillons à dominer le monde ; le septième jour, nous essayons de nous dominer nous-mêmes…

Le travail est un métier, mais le parfait non-agir est un art. On y atteint par un accord de l’imagination, de l’esprit et du corps. Pour exceller dans un art, il faut en accepter la discipline. Le septième jour est un palais dans le temps que nous-mêmes bâtissons avec les matériaux que nous tirons de notre âme, de notre joie, de tout ce qui est incommunicable. La discipline que nous nous imposons n’est qu’un rappel de l’éternité toute proche…

Le septième jour est la demeure où l’humain se trouve à l’aise avec le divin, où l’homme aspire à parfaire sa ressemblance avec le divin modèle… Vivre le septième jour est un art ; c’est l’art de peindre sur la toile du temps la mystérieuse grandeur de la création à son apogée : tout comme Dieu, nous sanctifions le septième jour. L’amour du Shabbat c’est l’amour de l’homme pour ce que Dieu est l’homme possèdent en commun… »

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