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La politique  se réclame de grandes idées, d’idéaux nobles et sublimes, mais elle est surtout faite de petites choses. C’est ce que démontre avec humour cet essai de Patrick Dugois.

 

« De petites causes, à peine dignes de considération, sont souvent la raison de grandes ruines ou de félicités ; aussi est-ce très grande prudence de prendre garde à toute chose et de la bien peser, fût-elle minime » écrivait Guichardin dans ses « avertissements politiques » (1512-1530). Selon Patrick Dugois, tous les hommes politiques devraient méditer cette maxime.

 

Entrer dans une salle de meeting, serrer des mains, répondre ou ne pas répondre aux questions, porter des vêtements qui correspondent toujours à la situation, se faire prendre en photo, maîtriser sa parole, mentir à propos, être vu au bon endroit, gagner la sympathie des électeurs, paraître sincère et naturel, faire semblant de vivre comme ses concitoyens, se faire des amis, trahir au bon moment ses amis ( mais a-t-on des amis en politique ? ) s’occuper de ses ennemis, choisir à bon escient son mobilier… Ces talents peuvent nous sembler mesquins ou  dérisoires. Peut-être le sont-ils en effet, mais sans eux, nul ne peut espérer réussir en politique.

 

Un art plus difficile qu’il n’y paraît, mais aussi, nous prévient l’auteur, un véritable métier, un métier qui nécessite sans doute au départ des aptitudes particulières, mais qui s’apprend et se peaufine au fil du temps. Un métier qui nécessite une constante maîtrise de soi et peut se révéler dangereux comme plus d’un l’a appris à ses dépens. Malheur en effet à celui qui en ignore les ficelles. Aussi intelligent, aussi savant, aussi compétent, aussi honnête soit-il, il ne fera pas long feu en politique !

 

 Si vous voulez connaître les dessous du « jeu politique » et voir au-delà des apparences, lisez ce petit livre… Vous y apprendrez par exemple comment la forme d’une table a décidé de la réélection de François Mitterrand,  pourquoi le candidat Lech Valesa avait toujours un tournevis dans sa poche, pourquoi Jimmy Carter portait une valise (vide) quand il descendait la passerelle d’un avion et pourquoi Jack Lang s’arrange toujours pour parler avant tout le monde des personnalités qui viennent de mourir.

 

La politique est le lieu de tous les paradoxes. Le calcul n’exclut pas toujours les convictions, les petites choses peuvent parfois favoriser les grandes et la sincérité peut croître à l’ombre du  mensonge. Encore faut-il essayer de s’y retrouver !

 

Ce « bréviaire » apparemment destiné à ceux qui veulent savoir comment réussir en politique, peut également stimuler l’esprit critique des électeurs. Expliquer les trucs des politiciens, dévoiler les  trucages et les  manipulations de la « politique des petites choses »…Une façon peut-être d’inciter à défendre ce qui nous reste de vraie démocratie en préservant la  « politique de l’essentiel ».

 

Patrick Dugois a été attaché parlementaire de Jack Lang, conseiller de Michel Sapin, directeur de cabinet d’Alain Rafesthain. Il est aujourd’hui directeur général adjoint des services du conseil général du Cher. Il a publié en 2004, aux Presses de la Renaissance, un émouvant récit : « L’enfant frigo ».

 

 

La politique des petites choses  de Patrick Dugois, aux éditions Jacob-Duvernet, 215 pages, 17 euros.

 

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